J'avais beau être claquée et anéantie, courir, m'entrainer... ça restait vitale, ne serait-ce que pour évacuer les choses. Quand on m'avais appelé pour m'annoncer la mort de Jake... J'avais perdu pied, pendant deux jours j'étais restée prostrée chez moi à me battre avec la douleur ainsi que la soif amplifiée par ses émotions exacerbées. Mais je ne pouvais plus restée enfermée, l'enterrement allait bientôt arriver et j'allais devoir quitter la ville pour assister à la cérémonie dans sa famille. J'avais pris sur moi, oubliant mes propres sentiments, je ne pouvais pas faire ça à sa famille, je ne pouvais pas faire ça à Jake. Pleurer auprès d'eux ce n'était pas une option, je devrais être forte. Alors j'avais enfilé une tenue de sport, un caleçon et débardeur noirs et avait filé comme le vent hors de ma maison pour souffler et laisser sortir toute ma rage et ma tristesse à travers la course. En moins de deux, j'avais atteins le parc de Los Angeles et m'étais employée à faire le tour, autant de fois qu'il me le fallait pour faire table rase de mes sentiments, ou du moins essayer de faire table rase. J'entamais le second tour du parc quand un jeune homme c'était calé à mon niveau et courrait avec moi. J’accélérais ma course, souhaitant restée seule et soufflait en me perdant de nouveau dans ma solitude. Seulement, quelques secondes plus tard, J'entendis des bruits de course plus rapides et me tournait, toisant le jeune homme qui m'avais rattrapé.

▬ Je suis sur que tu es encore plus belle les cheveux détachés ! Ohhhh non ! S'il vous plait ! Pas ça ! J'avais levé les yeux au ciel en soupirant pour la seconde fois et m'apprêtait à lui demander de me laisser tranquille quand il repris la parole.

▬ Moi c'est Kent ! Il m'avais fait cette révélation avec un sourire dévoilant toutes ses dents. Dents que j'avais furieusement envie de lui faire avaler. Ce n'était pas du tout le moment ! Mais alors pas du tout !

▬ Et moi je ne suis pas intéressée ! Comme apparemment courir plus vite ne l'avais pas découragé, et parce que j'avais aussi mes limites et n'était pas encore une machine de guerre, j'avais arrêté net ma course pour qu'il me distance et me fiche la paix. J'étais partie plus loin, vers un banc et m'aidait de ce dernier pour faire mes étirements quand sa voix résonnait de nouveau à mes oreilles. Zen, Riley. Zen !

▬ Comment tu peu savoir ça ? Si tu prenais la peine, tu verrais que j'ai de très bons... arguments. Allez ma jolie, c'est quoi ton petit nom ? Il avait dit tout ça en cognant mon épaule de la sienne, m'arrachant une grimace dégoutée. Est-ce qu'il était sérieux là ? Parce qu'après un refus, des propos limite graveleux, et une proximité déplacée... c'était tout sauf convainquant !

▬ Fou-moi la paix ! J'ai déjà un petit ami et... Tu ferais mieux d'apprendre à draguer avant de te lancer !

Intrigué. Oui, c'était ça que je ressentais. Il y a quelques temps, Sytry m'avait appelé pour supprimer un gars... Jake, je crois qu'il s'appelait. Il m'avait fait un topo comme quoi c'était le meilleur ami de Riley, sa comptable qui cherchait le meurtrier de son père, qui s'avérait être Kobal. Il n'y avait que pour Kobal que Sytry serait prêt à n'importe quoi. Ou Lucifer. Je le savais, tout le monde le savait. Quelque chose unissait les deux frères. Nés de la folie d'un Ange déchu, ils étaient les premiers démons. Les plus puissants d'entre nous. En tout cas, avant d'opérer à sa requête, je n'avais pas manqué de faire des recherches sur le dit jeune homme qui sortait avec une belle brune du nom de Ludivine Blackheart. Elle était plus connue sous le nom de Lexa dans les rangs démoniaques et des rumeurs circulaient comme quoi elle s'entendait bien avec ce lieutenant. L'hypothèse qu'il ne l'ai pas fait que pour Riley était bien probable mais je m'abstiendrai toute remarque. Mais ça m'intriguait et cette jeune femme aussi. Malgré tous ses ennuis, les morts qui s'alignaient sous son passage, elle ne reculait devant rien pour débusquer l'assassin de son cher papa. Et elle avait beaucoup de chance d'être une néphélim, sinon elle serait déjà morte et enterrée, parce qu'on ne cherche pas Kobal sans en payer le prix. Ca ne m'étonnait même pas qu'il ait envoyé Lexa dans cette mission. Cette démone serait prête à tout pour son Maitre. N'importe quel démon le savait. En tout cas, j'avais bien envie d'approcher cette fille pour qui Sytry se démenait à rendre la vie dure. Dure était presque un euphémisme. Après quelques renseignements, je découvrais ou elle aimait courir et en enfilant une tenue de joggeur, je décidais de l'observer de loin. Pour une fois. Sauf que pour une fois aussi, le destin en décidait autrement. La jeune femme se faisait importuner par un jeune homme, un peu trop lourd. Je soupirais, désespéré. Les hommes ne savaient plus approcher une femme comme il faut. A croire qu'avec l'évolution, ils avaient oublié la galanterie.

-Tu n'as pas entendu la demoiselle, petit ? Demandais-je, une fois derrière lui.

Je le dépassais d'une bonne tête et il semblait si frêle devant moi que j'avais presque l'impression que je pourrais le casser en morceaux juste par la pensée. A mais oui en fait, je pourrais très bien le faire. Intérieurement, je souriais à ma bêtise, mais extérieurement, je prenais mon air le plus hargneux et autant dire que vu ma carrure, ça ne donnait pas envie de s'y frotter.

-Hey, le yeti, casse-toi je l'ai vu en premier.

Enfin pour les gens saint d'esprit et visiblement il ne faisait pas partie de cette catégorie de personne. Je haussais un sourcil et laissais échapper un rictus ironique.

-C'est que tu as des couilles en plus ! J'aurais pas cru au départ ! M'exclamais-je légèrement moqueur.

Cet espèce d'avorton commençait sérieusement à m'énerver. Il était face à moi et il ne ressentait même pas une once de peur. Si j'avais pas voulu la jouer incognito auprès de Riley, j'aurais laissé mon aura m'envelopper et même si c'était qu'un humain il aurait quand même ressenti le danger. Mais là, mon orgueil masculin en prenait un coup.

-Mais tu crois vraiment rivaliser avec moi ? Demandais-je en le prenant par le col de son pull. Je le soulevais légèrement du sol, mais pas trop, après tout, je n'étais qu'un humain à leurs yeux.

Et là je voyais la peur dans ses yeux. Il avait compris qu'il ne risquait pas de gagner. La satisfaction de voir les gens me craindre était si intense que j'aurais bien envie de l'achever dans la seconde. Malheureusement pour moi, et heureusement pour lui, je me rappelais ou j'étais et avec qui surtout. Je le lâchais et lui intimais l'ordre de déguerpir avant que je m'énerve. Il ne perdit pas une seconde avant de détaler comme un lapin pris en chasse. Je me retournais vers la demoiselle :

-Vous allez bien mademoiselle ? Il ne vous a pas trop déranger ?

J'en était au point ou j'envisageait réellement la violence ! Il me sortait par les yeux et si je n'avais pas eu peur de ma force parfois incontrôlable ou du sang qu'un coup mal placé aurait pu faire s'échapper, je l'aurait peut être même fait avant. Heureusement, avant qu'il ne réitère un seul autre geste déplacé, un homme était intervenu. Grand, baraqué, plutôt beau mec et apparemment défenseur de la veuve et de l'orphelin. Mais bon... Je n'allais pas critiquer, car même si je n'aimais pas être secourue comme si j'était une demoiselle en détresse, je préférait ça que risquer d'utiliser mes dons contre un humain impuissant. Tiens, un mot qu'il n'aurait surement pas aimer pour le décrire ! Je m'étais dit qu'on éviterait ainsi les effusions de violence et qu'il prendrait ses jambes à son cou face à l'homme de deux fois sa carrure, mais non... Pour être con, il était con ! Parce que c'était ça pour moi ! Et pas avoir des couilles, comme l'avait dit mon "sauveur" après ses insultes. Il n'avait pas de courage, il était juste idiot. Et persistant qui plus est. Un combo loin d'être gagnant. Le brun qui prenait ma défense semblait fulminer et il ne lui en avait pas fallu bien plus pour le saisir par le col et le menacer gentiment, histoire de lui faire prendre conscience qu'a trop le chercher... Il allait l'avoir sa raclée. C'était peut être égoïste, je n'aimais pas ça d'ailleurs, mais... Je préférait d'autant que ce soit le brun qui le cogne plutôt que moi. Le blesser... Non, c'était quelque chose que je n'aurait jamais voulu, je faisais suffisamment d'horreurs dans mes cauchemars pour ne pas blesser, même de manière minime des êtres humains.

Cette fois, il eu comme un éclair de génie ! Ou de frayeur et il avait fini par obtempérer et déguerpir quand mon sauveur le lui avait intimé. Bien ! Une bonne chose de faite !

▬ Je vais bien oui ! Il s'est montré... lourd et passablement dérangeant, mais... Rien de bien grave. Répondis-je avec un sourire pour prévenir de ce qui allait arriver. Parce que, avouons-le, je ne pouvais pas jouer les impolies, si ?

▬ J'imagines qu'il serait de bon ton de vous remercier ! Blaguais-je avant d'ajouter rapidement.

▬ Merci, pour le coup de main. C'était gentil à vous, vous n'étiez pas obligé ! En fait... Peu de gens l'aurait fait !

▬ Moi c'est Riley !

Heureusement le blanc-bec avait compris qu'il ne gagnerait pas quand je l'ai soulevé du sol. Quand on était aussi petit et frêle que lui, ça devait faire peur. Je ne savais pas trop ce que ça faisait et je ne le saurais jamais. Quand on est démon, on ne se menace pas en se prenant par le cou. C'était beaucoup plus radical. Et puis avec mon physique, peu de gens pourraient me le faire. Je me retournais donc vers la jolie jeune brune qui bousculait les Enfers pour voir si elle allait bien. Pure question rhétorique. J'avais vu la scène, je savais donc qu'il ne lui avait pas fait de mal physiquement. Je ne lui en aurais pas laisser le temps. Aurais-je un côté sauveur ? Jamais, mais c'était une néphélim et elle m'intriguait. C'était le meilleur moyen d'aborder la conversation avec elle sans passer pour un dragueur. D'après mes informations, elle fréquentait un gars, plutôt beau gosse. Pour essayer de comprendre l'intérêt que lui porter Sytry, je devais trouver une méthode plus subtile. Et ce type était arrivé au bon moment.

-Enchanté, Riley. Xavior, répondis-je en lui tendant la main.

Je n'allais quand même pas lui taper la bise et ne pas faire un geste dans sa direction aurait été étrange. Elle avait un joli sourire mais légèrement crispée. Je pourrais presque croire qu'elle s'est forcée à donner son nom uniquement pour ne pas paraître impolie. Disparaitre sans se présenter à la personne qui vient de l'aider aurait été une maladresse.

-Et ce n'est rien.

Je n'ai même pas eu à utiliser mes poings. J'ai juste usé de mon physique imposant pour faire flipper un pauvre looser qui recommencera à la prochaine occasion. Ce genre de morveux n'apprend pas de ses erreurs et il ne valait vraiment pas la peine que je prenne de mon temps et de mon énergie pour soulager mon envie de violence. Je l'aurais fini en un seul coup. Et puis, je lui avais même peut-être sauver la vie. Elle n'aimait pas se nourrir d'humains, alors j'imaginais bien que ses pulsions devaient être exacerbée par les émotions fortes.

-Je n'aimerais pas non plus me faire draguer par un lourdingue rachitique !

Surtout pas. Mais si ça venait d'une femme... Quoique je n'ai jamais vu de femmes faire comme il a fait. Elles savent se servir de leur charme, même si parfois, ça peut être très explicite. Bon d'accord, je n'étais pas très difficile et du moment qu'elle est jolie, mon égo s'en moque de connaître la manière, l'important c'était la satisfaction d'attirer à ce point une femme, à un point ou elle oublie son orgueil juste pour un sourire.

-Vous venez souvent courir ?

Honnêtement, je posais la question par pure politesse. Je connaissais déjà la réponse. Je m'étais bien renseigné sur elle avant de l'approcher. Même si cette fois, je n'avais pas prévu d'entamer la conversation.

- Il m'arrive de courir ici des fois. Ca entretient la forme. Et vous c'est juste pour le plaisir ou pour l'endurance?

C'était rare de voir quelqu'un aider gratuitement et si simplement une autre personne de nos jours, même pour une chose aussi bête que celle là. Et pour le coup, j'avais nettement apprécié le coup de main qui m'avait permis de garder mon calme et contenir tout ce qui menaçait d'exploser chez moi. Ma colère, ma tristesse, ma soif... Il y en avais des choses et des raisons de plus de remercier l'homme face à moi ! Xavior... Ce n'était pas courant, mais c'était plutôt sympa comme nom. Je souriait et tendait la main pour serrer la sienne en ajoutant à mon tour.

▬ Enchantée, également. Je gardait un sourire de courtoisie fermement affiché sur mes lèvres, malgré l'envie que j'avais de me défaire de ce dernier. Mentir, sourire, c'était plus facile, non ? Surtout avec un inconnu qui n'en avait que faire d'écouter mes déboires.

▬ Rien... Vous rigolez ! C'était beaucoup ! Je commençait à avoir envie de le cogner alors... Bon je ne suis pas un maître zen, mais j'apprécie ne pas avoir eu à lui mettre une gifle, ou plus. Le plus étant le plus probable d'ailleurs ! Et ce qui m'avait fait le plus peur jusqu’à ce que mon bon samaritain vienne à ma rescousse.

▬ Ahah, bonne définition du personnage ! Riais-je doucement de bon cœur.

Sa question suivante me déstabilisa un peu, mais je ne montrait rien, c'était étrange de commencer une discussion avec un inconnu, vraiment étrange. Mais c'était un gars gentil et a vrai dire, parler pouvait faire arrêter de penser ! La preuve, il m'avais fait rire ! Alors... quitte à parler, je m'asseyait sur le banc juste à coté et répondait à ses questions.

▬ Je viens souvent oui ! Je cours quotidiennement, mais ce grand tour, c'est une fois par semaine pour me défouler. Sinon, j'aime plus aller du coté de la plage, c'est... apaisant. Expliquais-je avant d'ajouter avec une moue de circonstance. J'aurais pu m'abstenir aujourd'hui apparemment ! Mais bon, le lourdaud était partit et j'avais une discussion avec un gars sympa qui pouvait m'occuper l'esprit assez longtemps pour ne pas penser à Jake et au reste. C'était toujours ça de pris, non ?!

▬ Alors, disons que c'est autant pour me maintenir en forme que pour décompresser ! Fis-je en affichant un sourire que je forçait à rester. C'était tentant de se laisser aller, mais... mentir, sourire, c'était un pas vers la guérison ? C'était du moins comme ça que j'avais fonctionné jusque là. Pas en en parlant, mais en acceptant, moi, seule ce que la vie m'offrait, même si ses cadeaux étaient tous aussi pourris les uns que les autres ! James, lui, c'était peut être un don du ciel ! Et pas juste parce qu'il était prophète. La vie... le destin, Dieu ? Pourquoi ne pas parler de tout à fait autre chose, histoire d'oublier ce qui gravite autour !

▬ Et sinon, vous faites quoi dans la vie ? A part aider les jeunes femmes au hasard dans le parc ?

Je pensais engager la conversation et visiblement elle n'était pas contre de discuter un peu. Avant de répondre à ma question bateau sur son rythme sportive que je connaissais d'ailleurs, elle s'assit sur le banc. Bon, je supposais que c'était un bon point qu'elle ne s'enfuit pas de suite. J'allais peut-être en savoir plus sur la demoiselle qui bousculait les Enfers avec ses investigations. Parce que je voulais bien qu'on veuille la faire souffrir mais de là à tuer son meilleur ami alors que l'enquête n'avançait pas, c'était un peu gros.

-Effectivement, ça vous aurez éviter de croiser l'autre idiot.

Ce qu'elle m'avait dit un peu plus tôt me laissait croire que j'avais bel et bien sauver la vie du gars en m'interposant. La colère aurait pu la faire perdre ses moyens et poser plus de problème.

-Oui, c'est bien connu le sport permet d'évacuer les tensions et le stress.

Je voulais bien le croire qu'elle était stressée la jeune demoiselle. Les cadavres s'amoncelaient devant sa porte. Même si je plaidais coupable pour Jake, elle était toujours celle qui perdait ses proches.

-Je suis marchand d'épices. Je vais directement acheter aux producteurs et je revends ensuite à d'autres clients. Et vous ?

Mensonge tout emballé. C'était ce que je sortais à tout les gens que je côtoyais depuis ma rencontre avec Alice. En réalité, j'étais un trafiquant de drogue et de femmes. Une ordure qui entretenait la prostitution et la consommation de drogue. Malheureusement, pour entretenir ma relation avec Alice et justifier mes absences courantes, j'avais inventé ce mensonge. Parce qu'on ne mettait pas une fille comme Alice dans son lit en lui vantant mes talents comme big boss chez les méchants. Parce que j'étais un des plus respecté et mon réseau s'étendait à toute l'Amérique, Nord et Sud confondus.

-Je préfère être mon propre chef. J'ai moins de pression.

Par contre c'était différent pour elle. Comptable pour Sytry, elle n'avait vraiment pas de chance. Se rendait-elle compte que sa vie était presque une blague. Un mensonge. Entre son patron qui était le frère du commanditaire du meurtre de son père et sa meilleure amie qui était en réalité une psychopathe qui n'avait d'yeux que pour son Lieutenant. Enfin, ses Lieutenants, vu les rumeurs qui circulaient entre elle et Sytry.

Il avait plutôt bien saisi ma pensée, en effet ! Cela dit, c'était moins sympathique pour lui qui m'avais porté secours et que je n'aurais pas vu non plus si je n'étais pas venue. En soit, ça ne m'aurais pas non plus dérangé, mais... je réalisait que ça pouvait limite être mal placé comme réflexion. Heureusement pour moi, il n'en avait pas fait cas et n'avait parlé que du gars dont il m'avait débarrassée. Nous avions ensuite parler sport et ses bienfaits et une discussion banale en entrainant une autre, nous avions vite enchainé sur nos travails respectifs.

▬ C'est peu commun ça ! Moins que le mien en tout cas. Je suis comptable 'slash' gestionnaire de portefeuilles clients à la WGF, dans le centre-ville. Même si, techniquement j'avais été embauchée comme simple comptable, j'avais toujours plus à faire que demandé. Mais démon comme patron ou pas, cette boîte était plutôt honnête quand à nos heures travaillées et l'un dans l'autre, je m'y retrouvait mieux qu'en acceptant le poste de gestionnaire de portefeuille qu'on m'avais proposé récemment vu mes qualifications. Une place c'était libérée et mes diplômes étaient bien suffisants, mais... rendre ça officiel me ferait faire encore plus d'heures qu'actuellement et j'avais eu envie de faire passer ma vie privée avant l'argent que je faisait gagner à mon démon de patron. Alors, au lieu de ça, je faisait office de gestionnaire le temps qu'ils trouvent un remplaçant. Aidant l'équipe déjà en place en reprenant les comptes de l'homme parti en retraite. Je n'était pas dupe, il y avait peu de chance qu'il soit remplacé vite ou remplacé tout court tant que je continuerais de faire son boulot mais bon... ça me convenais ainsi et puis au moins, j'avais encore le temps pour courir par exemple.

▬ C'est vrai que c'est tout de suite plus agréable de n'obéir qu'a ses ordres ! Fis-je en rigolant à moitié avant d'ajouter:

▬ Mais je n'ai pas à me plaindre. En fait... Le grand patron ne viens pas souvent dans notre service et il est plutôt... poli quand il nous donne des dossier urgents. Le boulot est pas si mal, la boîte aussi. A vrai dire, ce n'est pas la partie la plus stressante de ma vie. Et ça, c'était en comptant ce que je savais sur mon employeur ! Parce que peu importe qui il était, je n'avais pas à m'en plaindre sur mon lieu de travail et si je stressait légèrement de devoir travailler la bas à présent, j'y restait bien pour une raison, non ?! En fait, aussi étrange que cela puisse paraître, c'était presque le seul élément stable de ma vie actuellement. Une chose solide, une entreprise mondiale qui tiendrais plus longtemps que moi et l'avait déjà surement fait vu l'âge de son PDG.

▬ Si je dois être honnête, je suis plus à l'aise devant des papiers et un écran plein de chiffres que devant le genre de gars qu'on à eu tout à l'heure. En faisant ce boulot, j'avais toujours l'impression d'être liée à mon père, notamment parce que c'était le rôle que j'étais censée remplir dans son entreprise s'il n'avait pas été tué juste avant mon accès au poste. J'aurais pu encore y accéder, amis... J'avais refusé, vendu la majorité de mes actions et gardé le reste, minoritaires, pour avoir encore un pied dans SA société. En plus des dividendes qu'elle me rapportait chaque année, c'était une façon de restée liée à lui. Tout comme ce boulot actuel. Car pour ce qui était de la maison familiale, elle je l'avais définitivement vendue. Il me fallait quelque chose à quoi m'accrocher et je l'avais fait, loin de San Diego ou du moins à environ trois heures de route.

▬ Et vous, qu'Est-ce qui vous plait dans votre métier ? A part votre indépendance ? J'imagines que vous devez voyager pour ça ?

Effectivement, des comptables, il y en avait partout. Mais des comptables pour une société dirigée par un démon, ça il y en avait qu'une. C'était intelligent de la part de Sytry, il pouvait garder un œil sur elle la plupart du temps et la nuit, il avait son démon des rêves à l'affût. Comme disait le proverbe 'garde tes amis proches et tes ennemis encore plus'. Plus proche, il la mettait dans son lit mais je n'étais pas sur que Sytry soit à ce point accro aux femmes pour s'envoyer en l'air avec une qui veut tuer son frère.

-Ca ne doit pas être de tout repos ! Et stressant aussi ! répondis-je avant d'ajouter que je préférais être mon propre patron.

Je n'étais pas tout à fait mon propre patron. C'était Lucifer mon patron, mais je ne pouvais pas vraiment dire à cette jeune femme que je venais de 'sauver' que j'étais une créature du Mal et que je n'opérais que pour les intérêts de Lucifer. Elle pourrait mal le prendre. Mais dans le monde humain, j'étais mon propre chef, comme Sytry ou Kobal. Mon entreprise était fleurissante et toutes les âmes corrompues nous permettaient de faire un pas vers la victoire.

-La moins stressante ? Travailler pour une multinationale n'est pas le plus stressant?

Je faisais l'ignorant mais je savais pertinemment que le plus oppressant c'était d'évoluer dans le monde des démons et des anges, de tenter de déterminer qui était le meurtrier de son père. Savoir qu'il y a des forces qui dépassaient la compréhension normale devait être extrêmement stressant. Et savoir qu'on faisait partie de ce monde de fous devait rendre dingue.

-N'importe qui serait mal à l'aise. Et personnellement, si j'étais une femme, je préfèrerais être devant mon ordinateur plutôt que de croiser son chemin.

Je réfléchissais un peu à la question qui s'ensuivit. La plupart du temps, je sortais l'envie de découvrir de nouvelles cultures, de nouveau pays. Je passais pour un mec cool qui était ouvert aux nouvelles cultures. Bref, un mec bien sous toutes les coutures.

-Les voyages oui. J'aime la liberté, connaître les gens. Chercher de nouvelles épices me poussent à explorer des régions méconnus et je rencontre des gens extraordinaires.

Oh que de gens chaleureux que je rencontrais au cours de mes périples. Surtout ceux qui voulaient garder leur tête sur leur épaules. Ils faisaient tout pour me rendre la vie plus facile, je les tenais par la peur. C'était une expérience extrêmement jouissive.

-Et puis, je peux vérifier le produit moi-même et traiter avec les producteurs qui en ont le plus besoin.

Mon mensonge était bien ficelé. J'y croyais presque moi-même. Si j'avais ressenti ne serait-ce qu'un sentiment, je crois que j'aurais eu pitié de cette pauvre fille. Après tout, nous la manipulions à notre guise et elle était là, souriante à discuter avec moi.

-Du coup, ce n'est pas trop dur de gérer cette double fonction ?

Je connaissais un peu les rouages du métier, et je me disais que cette petite devait avoir un sacré travail. Pourtant, il me semblait que dans son dossier, elle n'avait qu'un diplôme de comptable.

De son point de vue, c'est sur que c'était un job stressant et en soit, j'aurais été d'accord si tout le reste autour de moi ne l'était pas cent fois plus. Après tout qu'est-ce que c'était qu'un job prenant quand on devait se battre avec le décès qui frappait tous les gens qui m'étaient proches depuis des années déjà ? Quand je devais me battre avec moi même contre ma soif de sang ? Quand je cherchais à trouver vengeance et justice pour mon père ? Au milieu de tout ça, travailler pour une multinationale, même dirigée par un démon, c'était toujours le plus normal et moins éprouvant dans ma vie ! Dis comme ça, je semblait me plaindre, m’apitoyer sur mon sort, et après tout, c'était un peu le cas ! Je n'avais pas envie de devoir affronter toutes ces choses, c'était surement trop pour beaucoup de monde et à vrai dire, la seule chose qui m'avais fait tenir jusque là, c'était mon père. Me dire sans cesse qu'il n'aurait pas abandonné, que je devais rester la fille qu'il avait élevé ! Forte, aimante et aimant la vie. Je ne devait pas abandonner, pour lui, je devait résister et si ça fonctionnait jusque là, je n'était pas certaine de pouvoir endurer encore plus de choses. Alors oui, c'est ce que j'avais dis et je maintenais mes paroles quand il semblait si surpris.

▬ Croyez-moi, si vous connaissiez mieux ma vie, vous comprendriez que ce boulot, c'est surement la chose la plus normale qui soit ! J'avais dit ça avec un sourire. Pas question de sonner dramatique face à cet étranger, même s'il semblait si sympathique. En fait, c'était même une raison supplémentaire, parce que je n'avais pas spécialement envie de lui pourrir sa journée. C'était d'ailleurs plus facile qu'a faire ! Eviter de lui miner le moral avec mes déboires ! Parce qu'il avait embrayé sur mes autres réponses et c'était contenté de suivre le mouvement. Chose que je ne pouvais qu'apprécier, parce que parler trop de moi... d'accord, mais avec un inconnu c'était quand même assez spécial !

▬ J'imagines que vous avez raison ! Mais... Ahah Désolée, je vous imaginais en femme et c'est assez perturbant ! Avouais-je pour expliqué le sourire et le rire qui avait suivis ses paroles et les miennes. Comment ne pas y songer quand il avait fait lui même le rapport. Mais j'imagines qu'il ne s'attendais pas à ça de ma part, non plus ! Riley, tu es désespérante ! Arrête de l'imaginer en robe et concentre-toi sur sa vision de son job, les voyages...

▬ J'imagines ! Ça doit être très enrichissant ! Et vous devez voir des gens et des paysages extraordinaires ! Cela dit... vous avez le temps de visiter quand vous êtes à l'étranger ? Je serais triste de devoir penser que boulot si je me retrouvais au Japon ou tiens... en Australie... En fait, je crois que je ne pourrais pas penser à autre chose qu'a visiter pour ma part ! Boulot ou non ! Je ferais une bien mauvaise marchande d'épices ou quelconque femme d'affaire, pour ce que ça vaux. Je souriais a cette pensée mais aussi à ce que je lui avais dit, décidant de répondre à sa question en attendant qu'il réponde à la mienne.

▬ Pas tellement, non ! A vrai dire j'ai fait mes stages dans une multinationale pendant mes études. J’omettais de dire que c'était celle de mon père, déjà parce que ça sonnait pompeux et qu'ensuite, c'était une information plus personnelle que le reste.

▬ Quand j'ai finis mes études... Après la mort de papa. Je m'étais spécialisée dans la comptabilité d'entreprise alors... tout s'apprend ! C'était d'ailleurs, contre toute attente un boulot plutôt enrichissant. J'avais appris pas mal de choses dernièrement, s’additionnant à mon diplôme et me permettant de mieux comprendre ce qui se tramait dans la WGF à longueur de journée.

▬ Mais vous... Vous devez parler plein de langue avec tout ça ? Non ?

C'était fort plaisant de discuter avec elle. Elle avait un joli sourire et son rire était vraiment joli à entendre. C'était un joli brin de fille qui respirait la gentillesse et la politesse. Après tout, j'avais bien senti qu'elle n'avait pas spécialement envie de rester là à discuter avec un inconnu quand je m'étais présenté, mais elle avait fini par capituler. Surement pour tenter d'oublier les cadavres dans sa vie et spécialement le dernier qui était encore frais. Honnêtement, cette fille était tellement sure qu'il fallait trouver l'assassin de son père qu'elle en oubliait le reste. Forcément, elle ne pouvait pas comprendre, après tout, son Jake était mort d'une overdose médicamenteuse. Officiellement comme officieusement. Ce qu'elle ne savait pas par contre, c'était que c'était moi qui l'avait bourré de cachet. Pour qu'il claque en toute discrétion. Je venais d'arriver en ville, et cette histoire n'était pas mon règlement de compte, je n'avais pas envie de me retrouver mêlé aux affaires de Sytry. Alors, j'avais maquillé ça en suicide au lieu de mes habituelles mises en scène comme je l'avais fait avec le protégé de Mahasiah. Qu'est-ce-que je m'étais délecté de ce moment.

Je tentais de revenir sur elle, peu désireux de trop m'épancher sur ma vie fictive. Heureusement, je restais toujours vague, racontant tout le temps les mêmes âneries aux pauvres âmes humaines qui me rencontraient. Enfin, la première personne à qui je l'avais dit, c'était Alice, pour me rapprocher d'elle et par la suite j'avais continué dans ma lancée au cas ou. Au cours de mon existence, j'avais bien compris que le monde était bien plus petit qu'on le pensait. Et finalement, à présent, ça pourrait me servir puisque je dois la faire venir dans nos rangs. Et accessoirement dans mon lit, ça serait le top. Mais cette affaire risque d'être plus périlleuse que je ne le pensais.

-Ah oui effectivement, vous commencez à être rodé à ce genre d'entreprise. Tout peut basculer d'un rien. Comme pour les petites entreprises. Les employés doivent aussi avoir de multi-compétences. Pourquoi vous spécialiser dans les grosses entreprises?

En plus de m'intéresser aux structures d'entreprises, j'avais déjà eu une liaison avec une jeune femme qui travaillait dans une entreprise d'une centaine de personnes, connue uniquement des employés eux-mêmes. Ce n'était pas tout le temps facile.

-Quelques unes oui, répondis-je en souriant légèrement. Mais pas le Japonais malheureusement, ajoutais-je malicieux en référence à ce qu'elle m'avait dit plus tôt. Je parle principalement l'espagnol et le portugais en plus de l'anglais. C'est souvent dans des pays d'Amérique du Sud qu'on trouve des spécimens rare avec la chaleur et le climat qui favorise des épices de qualité.

Il y avait aussi la Chine, et heureusement, le pays avait ses capitales qui devenaient de plus en plus capitaliste et suivaient le régime américains. Quasiment tous les chinois parlaient anglais dans les grosses villes. Quand je me rends en Chine, dans des patelins pauvres pour escroquer les familles pauvres, je prends toujours un traducteur avec moi. C'était un marché fleurissant. Beaucoup de famille sont prêtes à payer chers pour envoyer leur fille se marier à l'étranger pour une bonne somme d'argent. Enfin ce qu'ils pensent.

-Je voudrais apprendre le chinois, mais ce n'est pas aussi facile que les langues latines.

C'était qu'un petit mensonge de rien du tout. A moitié seulement. Le chinois n'était pas aussi facile que les autres langues. Je le pensais vraiment. Juste que je ne m'embêtais pas à apprendre cette langue.

-Et pour répondre à votre question, rien que de devoir aller à l'encontre de personnes vivant dans des lieux reculés est une visite. Chaque instant passé à l'étranger me permet d'en savoir plus, même si je ne fais pas ce que les touristes font en général.

Ah oui, effectivement, je ne faisais pas comme les touristes de base. Si mes démons m'entendaient, ils seraient morts de rire.

-Et vous avez déjà voyagé ? J'ai déjà compris que l'Australie ou le Japon vous plairez ? Pourquoi ses pays ?

Il semblait mieux comprendre, même avec le peu d'informations que j'avais laissé passer. Cela dit, sa question, sommes toute légitime vu notre discussion appelait à plus de détails sur ma personne. Chose pour lesquelles je n'était pas douée, même avec mes amis. Il m'avais toujours fallu longtemps pour me confier, surtout parce que j'avais bien plus de choses à révéler que la moyenne des gens. Encore plus aujourd'hui d'ailleurs... J'avais donc toujours même avec mes amis actuels des difficultés à parler, à donner des informations qui concernait mes sentiments, ma personne ou mes dons. L'une des deux seules personnes à qui je me confiais pleinement venant de décéder, j'avais un manque supplémentaire dans ce domaine, mais ça ne voulais pas dire raconter ma vie et toute ma vie au premier venu ! Aussi, pour répondre plus subtilement sans mentionner mon père et toute mon histoire je décidais de faire une phrase, une seule qui je l'espérait couperait court à ce discours-ci.

▬ Disons simplement que c'est une affaire de famille. Prononçais-je avec un sourire. Voila, ce passage était clos, non ?! Je l'espérait en tout cas, ou j'allais me trouver obligée de me montrer grossière avec mon 'sauveur'.

▬ Dommage mais... ça doit être plus difficile à apprendre, j'imagines. Notamment car c'était tout un nouveau panel de sonorités et surement une batterie de symboles en tout genre en ce qui concernait les écris. Mais malgré ça, c'était une langue qui me subjuguait et m'avais toujours attiré, tout comme le pays en lui même.

▬ J'avoue, il y a des pays plus propices à attirer quelqu'un dans votre branche ! Et l'inde ? Vous y êtes déjà aller ? Le chinois... oui c'était surement la même réflexion que je m'étais faite pour le japonais. Je souriais donc poliment à sa réflexion puis à son explication sur les rencontres qu'il faisait et déjà, nous enchainions sur une autre question me concernant. Je préférais parler des langues qu'il pouvait connaitre, ou même l'entendre s'exercer et s'extasier plus longtemps sur les personnes qu'il avait pu cotoyer que de donner des infos sur moi, mais passons. Après tout, ce genre de discussion n'était pas censée marcher que dans un sens, sinon c'était soit un gros égocentrique en face, soit pas du tout juste pour celui qui essayais de vous connaitre.

▬ Oui, j'ai pas mal voyagé ! En France, Paris surtout. En Angleterre et en Inde aussi, entre autre... Mais je n'ai jamais été en Australie ou au japon, j’imagine que... leur culture, leur monuments... tout m'attire plus ou moins. Ce sont pourtant des pays bien différents ! J'ai des goûts éclectiques ! Rigolais-je avant de réaliser que j'avais fait une réponse plutôt complète cette fois. Il avait de la chance sur ce coup là tiens !

▬ Et l'Espagne alors, c'est comment ? J'aimerais bien y aller un jour. Même si je me doute que vous n'avez pas vraiment fait les zones touristiques... vous avez du voir de jolis paysages ? Quand on habite en Californie en plus, on as plus ou moins des bases, je devrait pouvoir m'en sortir, il faudrait que je tente un jour. Pourquoi pas avec James, des vacances bien mérités après une apocalypse ! Fallait-il encore survivre ou arrêter tout ça mais... c'était toujours plus agréable de garder espoir que de sombrer.

▬ Mais dites moi... Xavior c'est ça ? Que je n'écorches pas votre prénom quand même. Vous êtes basé à L.A. ? Parce qu'il disait courir souvent, mais je ne l'avais pas déjà croisé, alors soit nous avions des parcours différents et c'était un heureux hasard, soit il venait d'arriver dans la cité des anges. Quoi qu'il en soit, c'était un sujet de discussion comme un autre et c'était surtout un sujet éloigné de moi.

J'avais bien fini par comprendre que le sujet des choix des grosses entreprises n'était pas le sujet préféré de Riley. Son 'affaire familiale' me disait clairement qu'elle ne voulait pas s'étaler dessus. C'était son choix et je le respectais. A la place, en parfait gentleman, je déviais sur les langues que je connaissais et quelqu'un des pays que j'avais visité.

-Oui, j'y suis déjà allé. C'est un pays magnifique avec une culture très intéressante, mais la pauvreté est présente absolument partout.

Oh oui, et ça aidait bien mes affaires. Après tout, les parents pensaient que leur fille serait entre de bonnes mains. Enfin, de ce qu'ils disaient. Ils ne pouvaient pas être assez bête pour ne pas comprendre que leur fille serait vendue dans le marché du plaisir de la chair. J'étais persuadé qu'en fait, ils essayaient de se donner bonne conscience pour encaisser l'argent qui leur permettront de mieux endurer la misère de leur vie. Par la même occasion, j'en profitais aussi pour en savoir plus sur l'attrait de Riley pour l'Australie et le Japon. Curieusement, depuis le début de la conversation, elle donnait des réponses entières qui ne me poussaient pas à poser d'autres questions.

-Effectivement, mais c'est une qualité. Etre ouvert aux autres cultures, c'est toujours enrichissant. Je comprends pourquoi vous avez parlé de l'Inde tout à l'heure. La France, je ne l'ai jamais visité. Il faudra que j'y aille quand même un jour.

Ou peut-être bien que oui mais je ne m'en souviens pas. Les vikings avaient envahis la France à une certaine époque. J'étais peut-être de ce nombre-là, mais je ne pouvais pas en être sur. Les souvenirs de ma vie humaine sont très légers et peu nombreux.

-L'Espagne ? C'est magnifique. Avec les fêtes, ce pays respire la joie de vivre. Vous qui êtes allée en Italie, vous auriez pu faire un crochet par l'Espagne. J'aime beaucoup ce pays ! Mais, je parles surtout Espagnol à cause des pays d'Amérique du Sud qui parlent l'espagnol.

J'y étais allé pour la drogue cette fois-ci. Le niveau de vie dans ce pays n'était pas assez faible pour développer correctement le réseau de prostitution. Ici, je me cantonnais à la drogue qui se vendait très bien d'ailleurs.

-Oui, c'est ça. Xavior. Le "X" se prononce "R".

La base de l'espagnol. Le "x" n'existait pas, comme le 'j' et le "v" qui se prononçait toujours "b". Une langue assez chantante et chaude. Je me souvenais des nuits torrides passées avec d'irrésistibles créatures espagnoles. J'en ressentais encore un certain émois.

-Oui, en quelque sorte. J'ai mes bureaux ici. Même si la majeure partie de mon travail est à l'étranger, il faut quand même un lieu pour centraliser toutes les données.

Marchand d'épices avait été la meilleure option pour expliquer mes longues absences. C'était facile, pour trouver ' des épices' rares, je devais aller sur le terrain et négocier moi-même. Toujours regarder la marchandise avant de l'acheter.

-Je suis comptable, commercial et spécialiste des épices. Je dois tout faire moi-même. Mais je ne m'en plains pas. Je ne peux pas embaucher du personnel.

Je mentais encore un peu mais c'était pour son bien. Je ne pouvais pas lui dire que je me faisais accompagner de démon dont j'avais l'entière confiance. Elle me prendrait pour un dingue.

-Et, il y a beaucoup de restaurants et de chocolaterie ici raffolent des nouveautés que j'ai à proposer pour pouvoir diversifier leur menus.

J'avais presque l'impression de croire que ce je racontais. Comme si j'étais vraiment l'homme que je lui décrivais.

-Du coup, il m'arrive de rester quelques temps sur Los Angeles. Vous courrez ici tous les jours?

Sa réponse était bien plus négative que je ne l'espérait en posant ma question. Parler de pays, de cultures... c'était plus agréable sur le papier que de penser à mes problèmes, à mes deuils et à tout ce qui pouvait se tramer dans mon esprit. Mais sur le papier seulement ! Car la réalité était bien différente et je sentais forcément un pincement lors de sa réponse. Je ne pouvais pas le lui reprocher après tout, la pauvreté, la misère... il y en avais partout et il avait du en voir à foison lors de ses voyages. Je déplorait que ce soit le cas, que la différence soit aussi grande entre certaines classes et c'était pour ça que j'avais fait perduré les versements qu'avait lancé mon père au nom de ma mère à plusieurs associations de part le monde. Ce n'était par contre pour ça que j'avais envie d'en parler à cet instant alors que j'avais déjà assez de souffrance à l'esprit. C'était horrible, égoïste, une nouvelle fois, mais que pouvais-je faire d'autre ? Me lancer dans une telle discussion ne mènerais nulle part, ne sauverais personne et aurait le douloureux résultat de me faire retomber dans la tristesse que j'essayais de fuir. Alors j'avais uniquement gratifié sa réponse d'un sourire triste et embrayé sur le sujet suivant que nous avions abordés. Une façon un minimum courtoise de ne pas m'épancher sur un sujet si délicat, d'autant plus avec un étranger.

▬ J'imagines... Surement ! En tout cas, je vous conseille la France. Il y a de belles villes mais aussi de magnifiques paysages et pour peu que vous parliez un peu la langue, vous vous sentez presque... chez vous ! Les fois ou j'y étais allé, j'y était resté quelques semaines, je n'avais jamais réellement eu envie de partir ! C'était d'ailleurs là bas que j'avais rencontré ma regrettée amie Miranda. J'avais forgé des amitiés, visité des monuments exceptionnels et des paysages tout autant et j'en gardais un très bon souvenir, même s'il n'y avais pas forcément besoin de traverser un océan pour avoir ces sentiments bien sûr.

▬ J'aurais pu oui ! Mais on étaient pressés par le temps. Mon père avait des réunions auxquelles assister et nous ne pouvions pas prendre plus de temps pour cette escapade en famille. Mais c'était définitivement une destination que j'aimerais prévoir dans un futur proche, si bien sûr le monde survivait.

▬ C'est à noter sur ma longue liste ! Mais je pense qu'il faudrait que j'y fasse un vrai voyage, pas seulement un détour. Il faut lui rendre justice. L’Amérique du sud, en effet, c'était logique, j'imaginais qu'ils avaient de nombreuses épices qui devaient intéresser un gars comme lui. Son nom, espagnol vu ce qu'il en disait concernant la prononciation semblait plus difficile à prononcer que je ne le pensait et je m'en voulais légèrement de l'avoir écorché.

▬ Xavior, noté ! Dis-je en prononçant cette fois correctement, souriant pour essayer de me faire pardonner.

▬ C'est certain ! C'est bien beau de voyager, mais à un moment, je suppose qu'il faut signer des papiers et planifier tout ça. On ne marchandais pas d'épices, sans marchander, n'est-ce pas ? Il devait avoir des capacités de négociations affûtés en plus du reste et ça devait être un job plutôt agréable, tellement il était varié. C'était d'ailleurs ce qu'il confirmait juste après en me faisant la liste des tâches qu'il effectuait de part son métier. Je souriais à la première, me disant qu'il avait tout de même cette part de 'job commun' dans le sien, en fin de compte.

▬ Il faut voir le bon coté des choses... Vous ne vous ennuyez jamais ! Vous ne devez pas en avoir le temps ! Blaguais-je quand il avouais ne pas avoir les capacités pour embaucher du personnel. C'était dommage pour lui, mais ce n'était pas plus mal des fois d'avoir quelque chose de plus... simple. Au moins, il ne comptais que sur lui et n'avais pas besoin de rendre de comptes. Je ne plaignais pas de ma situation, mais... la sienne avait des atouts considérables.

▬ Vous participez à améliorer les bonnes adresses de L.A. Alors ! Dis-je tout sourire face à ses paroles.

▬ Ça vous permet surement de souffler un peu entre tous les décalages horaires et trajets. Non, comme je vous le disait, le plus souvent je cours sur la plage, le parc, le plus grand tour depuis chez moi, c'est une fois par semaine. Je venais de dire que j'habitais près de la plage, ou quelque chose du genre, mais... Qu'est-ce que ça changerais après tout ? Ce n'était pas comme si j'avais donné mon adresse ou comme si j'avais quelque chose à craindre de révéler cette menue information.

▬ Quand vous êtes dans Los Angeles, ça dois vous faire bizarre !? De ne pas bouger pendant un moment... Ça doit être étrange, non ? Enfin... ça dois aider si vous avez de la famille, ou des proches ici ?

La conversation était assez facile avec la demoiselle. Souriante et polie, c'était agréable de discuter avec une fille qui avait un peu de conversation. Elle avait voyagé et même si nous n'avions pas vraiment les mêmes objectifs dans nos visites à l'étrangers, ce n'était pas dur de nous trouver des points en communs. Elle respirait la gentillesse et je me demandais comment elle pouvait continuer à vivre normalement alors qu'elle avait l'Enfer à ses trousses, littéralement.

-J'espère bien que ça les aide ! Ca aide aussi par la même occasion les petits producteurs qui vivent de leur récolte.

Effectivement, j'aidais les bonnes adresses de la drogue de L.A.puisque je contrôlais le trafic de drogue ici aussi. J'avais l'intention aussi de créer un lieu un peu sombre ou régnera la luxure. Des filles choisies sur le volet permettront aux hauts émissaires de la ville de se détendre. Je cacherai mon identité en mettant un de mes démons à la tête fictive de cette entreprise. Je resterai bien sur le plein maître du jeu.

-Vous êtes sportive ! Je ne cours que deux voir 3 fois par semaine. La plupart du temps je vais à la salle de sport. Quand je ne suis pas en voyage.

Maintenir mon aspect physique était quand même hyper important. Non seulement parce que j'aimais plaire aux femmes, mais le plus principal, c'était que ça me permettait aussi de garder une autorité naturelle sur les démons de ma faction sans avoir à menacer tout le temps. Une carrure forte intimidais toujours, surtout les humains que je contrôlais via les trafics clandestins.

-Heum... Oui, ça permet de garder le contact. J'ai quelques ... connaissances ici que je n'aimerai pas perdre de vue.

Autant vous dire que si j'étais ici depuis un moment, c'était pour Alice. Je devais la retrouver et la pousser à suivre notre camp. Ce n'était pas une chose facile que m'avait demandé Lucifer. Alice avait toujours respiré la gentillesse, même en suceuse de sang.

-Et j'aime cette ville. Elle est vivante et belle. J'ai beau voyagé, c'est ici chez moi.

Et ce n'était pas peu dire. Lucifer avait basé notre camp principal d'attaque ici pour lancer l'Apocalypse. Ou Lucifer était, j'y étais aussi. Donc pour le moment, L.A. était ma maison, mais dans plusieurs années peut-être que ça sera une autre ville. Enfin, ou pas, vu les plans de notre Roi.

-Vous avez toujours vécu à Los Angeles vous aussi ?

Je me demandais ce qui la poussait si fermement à rester. Honnêtement, son entêtement à trouver l'assassin de son père était presque à honorer. Elle avait souffert énormément, perdu sa famille, ses amis, et pourtant elle continuait à se battre. Elle forçait le respect cette petite. Une battante.

-Vous n'avez jamais songé à partir ailleurs ? Changer d'air ?

J'avais l'impression d'être vraiment intrusive avec mes questions ! De la famille en ville ? Et moi, est-ce que j'aurais répondu à cette question ?? Bon, d'accord la réponse était triste et aurait mis une mauvaise ambiance, mais quand même. Oh et puis zut ! On était dans une discussion plutôt personnelle alors... une question pour une question, hein. D'ailleurs, tout le dialogue sur les voyages à l'étranger m'en avait appris beaucoup sur cet homme. Non seulement il aimait bien venir en aide aux jeunes femmes en difficulté, mais aussi auprès des petits exploitants avec qui il faisait commerce dans des pays divers et variés. Il avait bon cœur et c'était agréable de voir ce genre de personne de nos jours. Non pas que les humains étaient l'opposé de ça, non mais... Je croisais plus de démons qu'autre chose dernièrement. C'était certainement ma faute avec ma quête de vengeance, mais quand même ! On était mieux face à des humains sympathique que ces créatures là.

▬ C'est certain ! Et c'est même plus important pour eux, je dirais. Les restaurants et autres adresses de L.A. avaient quand même plus de pub ou de revenus, ne serait-ce qu'avec le public que ça touchais par rapport à ces petits producteurs qu'il citait.

▬ Assez oui ! Je faisait beaucoup de sport petite, danse, gymnastique... Du coup, j'ai voulu compenser ça quand j'ai arrêté. Et puis... on sous estime trop souvent les bienfaits psychologique de la course. Ajoutais-je avec un large sourire à sa question rhétorique sur mon coté sportif. Cette rencontre était peut être spéciale, mais j'arrivais plus facilement à sourire face à un interlocuteur comme lui finalement. Il ne me connaissait pas, était étranger à tous mes problèmes et me comporter comme quelqu'un de civilisé venait naturellement, engendrant le reste: sourires, bonne humeur plus sincère...

▬ C'est bien ! Il faut rester auprès de ses proches, c'est important. Souriais-je sans pouvoir m'empêcher de noter qu'il n'avais pas parlé de famille mais de connaissances uniquement. Sa famille n'était pas ici, ou il n'en avais plus comme moi ? Je doutais que cette question-ci soit à poser cela dit ! Il y avait curiosité normale et curiosité malsaine. Lui demander une chose pareille, risquait non seulement d'être déplacé, mais aussi douloureux s'il s'avérait me ressembler sur ce point la. Je taisais donc toute idée concernant sa réflexion et ce que ça avait secoué dans ma tête et continuait la conversation comme si de rien n'était.

▬ C'est vrai qu'on s'y sent bien ! J'ai beau ne pas être originaire d'ici, je me sent à la maison maintenant. Le soleil, la plage, les commerces, la vie de la ville... Los Angeles était toujours très animée et j'aimais ça, tout comme j'aimais l'éloignement de ma ville natale que je ne pouvais plus retrouver sans penser aux douloureux souvenirs. Et avec ma réponse, j'avais répondu à sa question suivant par la même occasion, même si ça méritait des petits ajouts en même temps qu'une réponse plus poussée concernant sa question associée qui avait suivi.

▬ Du coup... Non ! Je suis originaire de San Diego ! Mais... j'ai déjà quitté une ville alors, non. A part pour des vacances, de jolis voyages, je pense que je vais rester ici. C'est aussi là qu'est ma vie, et que mes proches se trouvent. Tout comme vous ! Pourquoi partir ? San Diego, c'était le meutre de papa qui m'avait fait fuir. Ça et les indices que j'avais eu, la visite de Sienna... J'avais besoin de changer d'air. Mais aujourd'hui, malgré les chagrins, j'avais toujours une vie et beaucoup de proches ici. Sans compter que Lucifer, l'apocalypse... si je voulais des réponses, si je voulais me battre, c'était ici et nulle part ailleurs. J'avais gardé uniquement la réponse des proches cela dit, l'autre était plus étrange à sortir dans une conversation, et m'aurait valu une place en institut psychiatrique plus qu'autre chose au regard de Xavior.

▬ Finalement, quand vous êtes en ville, vous ne devez pas plus avoir de temps pour vous ? Vous avez quand même d'autres hobbies que le sport ? J'ai toujours voulu essayer les sports d'eau qu'on vois souvent sur la plage. Un de mes meilleurs amis avait une boutique spécialisée et je n'ai jamais essayé... Je devrais peut être. Ne serait-ce que pour lui rendre "hommage". Je ne parlais pas forcément de surf, même si ce serait surement le premier à essayer dans la liste. Mais c'était une chose à penser, car je ne l'avais jamais fait du vivant de Jake et m'en mordait presque les doigts.

La conversation avec la jeune femme était assez naturelle finalement. Et c'était agréable de discuter avec elle. Elle avait de la répartie et un sourire magnifique. Même si au départ, elle ne semblait très contente de devoir me faire la conversation, à présent, ses réponses semblaient moins calculées et plus naturelles. Autant qu'elles peuvent l'être quand on n'a pas envie de dire que son père est mort assassiné par des démons et qu'au petit déjeuner on préfère l'hémoglobine aux œufs brouillés. C'était toujours délicat à placer dans une première conversation. Ou conversation tout court.

-Vous avez raison, la ville des Anges est l'endroit rêvé pour poser ses valises !

Le centre des Enfers. Une quantité phénoménale de trafic en tout genre. C'était le pied intersidéral de ce point là, même si Miami avait aussi de gros atouts. Et même si elle vantait les mérites touristiques de la ville, mon instinct me disait que c'était aussi pour retrouver l'assassin de son père qu'elle avait déménagé ici à la base. Erreur fatale, elle aurait mieux fait de rester à San Diego. Elle perturbait les enfers avec ses recherches et même si sa vengeance n'aboutira jamais, il est toujours mieux de garder un néphélim sous surveillance. Parce que franchement, contre Kobal, elle ne pourrait pas faire grand chose. Ce n'était pas un démon de base. C'était un démon originel, le premier avec Sytry et Lilith.

-La lecture et écouter la musique, comme tout le monde. Ce n'est pas très original. Mais effectivement, quand je suis ici, j'en profite pour voir mes amis alors je n'ai pas trop de temps pour lire. Mais je garde le sport, pour garder la forme et le moral au maximum.

J'avais bien remarqué qu'elle parlait de Jake. Jake Pierce. Meilleur ami de cette jeune demoiselle et amant de notre chère démone Lexa. Quelle fine stratégie. Se rapprocher de Jake en plus d'être amie avec Riley, histoire de consolider l'idée qu'avait Riley d'elle. Dommage que Sytry ait décrété qu'il fallait donner un coup de stress à Riley en mettant fin aux jours de Jake. Peut-être qu'elle allait finir par comprendre qu'elle causait plus de tord que de bien en effectuant ses investigations. Etant en ville principalement pour remettre la main sur Alice, je ne voulais pas prendre le risque qu'on puisse remonter à moi, de quelque façon que ce soit. Alors j'avais maquillé son assassinat en suicide médicamenteux.

-Hum, c'est une idée. C'est cool le surf. Vous utilisez le passé... Votre ami n'a plus la boutique ou ce n'est plus votre ami ? Plaisantais-je.

Sans une petite touche de sadisme, ça ne pouvait pas être entièrement moi. En vrai, c'était une question banale. Mais vu que j'étais celui qui avait tué son meilleur ami, ça relevait de la méchanceté et c'était quand même marrant parce qu'elle n'en doutait pas une seconde. Bah oui, je suis un démon, pas un bon samaritain.

La ville des anges... quelle jolie formulation et pourtant qu'elle était fausse. Bon, d'accord on pouvait trouver des anges dans Los Angeles, mais... La cité était plus peuplée de démons, de nephelims et de déchus qu'autre chose, vu ce que je croisais moi, dans mon entourage ou aux détours de ruelles. Entre les créatures surnaturels et les humains assez... particuliers comme moi, les sorciers ou autre, on avais de quoi changer le nom de la ville en bien d'autres chose que la cité des anges ! Mais ce n'était pas un sujet à aborder, pas vrai ?! Du coup, nous avions embrayé sur nos centres d'intérêts et je m'étais laissée portée par ce sujet et la réponse de mon interlocuteur, oubliant celle que j'avais donné et me focalisant sur le son de sa voix et ce que je pourrais bien dire après ça. Je n'avais pas envie de reprendre ma course, ou de cesser cette discussion de suite. C'était l'un des rares moment, dernièrement, ou je me sentais plus... sereine et moins anéantie. Discuter, de tout et rien, c'était ça le... Merde ! J'avais pensé trop vite. Et mon visage s'était décomposé à l'instant ou il avait posé cette question fatidique qui remettait cette décision en cause. Parler n'était pas si agréable finalement, ou ne permettait pas d'oublier suffisamment; pas quand on me demandait de telles choses, ou que j'avais eu la bonne idée de parler de Surf et de Jake... Stupide Riley ! Pour ma défense, je ne m'attendais pas à une telle question, même si elle n'était pas déplacée... il ne pouvais pas savoir après tout. Je peinait à trouver les mots, même le courage pour répondre, mais je devais bien ça à Xavior et prenais sur moi. Lui mettre un vent étant hors de question.

▬ A vrai dire, il nous as quitté assez récemment... La boutique... à été revendu de ce que j'ai compris, je ne sais même pas si elle est conservée en l'état ou... Mais je devrais faire du surf, ne serait-ce que pour sa mémoire et parce qu'il voulais que j'essaie... Je marquais une pause, refoulant les larmes qui menaçaient de venir perler sur mes joues. Après une profonde inspiration, j'ajoutais avec conviction, cherchant tout pour changer de sujet et éviter ce malaise qui ne ferait que grandir.

▬ Vous faites du surf, vous ? J'aurais besoin d'un prof si je dois m'y essayer ? Fis-je en forçant un sourire radieux, qui paraissait plus triste qu'autre chose.

▬ Je ne veux pas vous forcer à quoi que ce soit, cela dit... Je dis ça... plus de manière à faire la conversation. Je lui avais presque demandé de m'apprendre à faire du surf, je préférais donc simplifier un peu les choses, histoire de ne pas paraître étrange, entreprenante ou même qu'il puisse croire que je le draguait, parce que loin de moi cette idée pour de nombreuses raisons, à commencer mon petit ami, la situation qui ne s'y prêtait pas et surement beaucoup d'autres choses...

J'avais bien conscience que faire remarquer qu'elle avait utilisé l'imparfait pour désigner son ami aller faire remonter des souvenirs. C'était un de ses meilleurs amis. De ce que j'avais appris, par le biais de Lexa, ce Jake et Riley étaient devenus après parce qu'il sortait avec sa meilleure amie qui est décédée depuis quelques temps. Décidément, les cadavres s'alignaient devant la porte de la demoiselle, si j'étais humain, j'aurais presque eu peur de faire connaissance elle. Après tout, ses proches finissent par disparaitre au fur et à mesure. Bon d'accord, les démons n'y sont pas étranger, pour la plupart du moins.

-Oh, je suis désolé... Toutes mes condoléances.

Il n'y avait pas d'autres mots à ajouter. Ca ne servait à rien que je rajoute autre chose du genre 'Je ne savais pas, sinon je me serais tu'. Ca me semblait évident qu'un étranger ne pouvait pas savoir que son ami était décédé il y a peu de temps. Si seulement elle savait qu'elle avait l'assassin devant ses yeux.

-Hum, oui je pratique un peu et je vous conseille vivement de prendre un prof.

Les vagues peuvent être mortelles. Surtout pour les humains. Les décès par noyade dans une houle ne baissent pas. Pourtant les humains sont assez prévenus, mais il y en a toujours des petits malins, être plus fort que tout le monde. Résultat, des fois, il arrive qu'on leur propose un marché quand on sent que leur âme a un certain potentiel.

-Vous ne me forcez pas. Je serais ravi de vous servir de prof de surf, même si je ne suis pas un pro. Mais je vous conseille d'en chercher un de vrai, parce que l'océan, personne ne gagne contre lui.

Ou peut-être Lexa. Un démon avec un pouvoir aquatique. Assez étrange, mais c'était peut-être le seul être qui pourrait dominer l'océan. J'ai beau être un démon, l'eau est un élément les plus dévastateurs, peut-être pire que le feu.

-En tout cas, c'est une bonne idée de vous y mettre. Si vous n'avez pas peur de prendre quelques tasses, ajoutais-je en plaisantant.

Je sentais que la demoiselle était à deux doigts de pleurer et je n'avais pas envie de gérer sa crise de larmes. J'étais là pour l'étudier et en savoir plus sur elle, pas pour donner mon épaule consolante pour ses pleurs.

-Hum, je dois y aller, mais si vous voulez vous mettre aux surfs, je serais ravis de vous donner les bases au moins.

Je fouillais dans ma poche pour trouver mon portefeuille dans lequel je trouvais une carte de visite. J'en avais toujours sur moi, au cas ou.

-Tenez ma carte... N'hésitez pas. Je vais surement y aller demain ou après-demain très tôt dans la matinée si vous voulez.

Le voir me présenter ses condoléances n'était pas très surprenant, c'était même la seule chose à laquelle je pouvais m'attendre après ma révélation. Je souriais tristement et le remerciais d'un signe de tête, après quoi je retenais mes larmes tant bien que mal. Il devait l'avoir vu, mais avec tact, il avait relancé la conversation et parlais de nouveau de surf. Je me sentais moins bête et c'était un peu plus facile de retenir les grandes eaux quand on parlait d'autre chose. Je souriais donc plus facilement quand il avouais faire du surf et accepter d'être mon prof, même si un pro serait plus adapté. Il avait surement raison, sauf que prendre des cours avec un pro autre que Jake... C'était assez étrange. Surtout pour maintenant. Trop tôt, trop douloureux.

▬ Je nage bien ! Et si on as peur... On ne fait plus grand chose. Répondis-je alors qu'il me tendait une carte que j’attrapais.

▬ Merci ! Je vous appellerais, alors. J'ai déjà assez grappillé de votre temps pour aujourd'hui. Cela dit... Peut être que je vous appellerais ce soir. Un premier cours cette semaine, pourquoi pas. Surtout que cette fois, c'était lui qui proposait !

▬ Passez une bonne journée ! Dis-je avec un sourire alors que nous nous séparions, pour reprendre chacun notre course.