C’était encore une soirée qui s’annonçait plutôt bien pour la démone. La brunette et son Général s’était mis en chasse d’un traître qui avait profité de l’absence prolongée de la seconde, et des nouvelles responsabilités d’Adonis, pour vendre les armes du démon à un petit truand qui ne savait visiblement pas où était sa place dans la chaîne alimentaire, et évidemment s’en mettre plein les poches. Il fallait dire que ça n’avait pas particulièrement plu à son Général, mais pas du tout, et c’est pour cette raison qu’il avait tenu à être de la partie, ce qui avait bien entendu enchanté la démone, qui se régalait à l’idée de voir son supérieur à l’œuvre. Les démons avaient suivi ledit traître jusqu’à la forêt, loin des regards indiscrets. Une fois suffisamment avancée entre les arbres, la démone agrippa l’arme bien dissimulée sous son blouson, y fixa le silencieux et visa l’arrière du genou. Rien de bien méchant, et dans un instant, il regrettera de ne pas l’avoir pris en pleine tête.
Un sourire pervers illumina son visage lorsque le traître réalisa la tournure des évènements. Une fois à sa hauteur, la démone l’agrippa par la gorge.
▬ À toi l’honneur lanca-t-elle alors qu’elle le jeta violemment contre le sol, sa botte bien plaquée contre sa torse afin de le maintenir le temps que son Général décide du sort de ce traitre.
Un sourire s’étira sur son visage alors qu’elle relevait la tête vers Adonis, une chose était sûre, c’est qu’elle allait profiter du spectacle.

Quand tu es à la tête d'un des trafics d'armes les plus importants d'Amérique, et bien il arrive que les gens te défient. Avec le temps, rares étaient ceux qui essayaient de me tuer. Non, la légende autour de ma personne les empêchaient de passer à l'action. En revanche, ça arrivait que certains essaient de me voler de l'argent en pensant qu'avec autant de pognon brassé, on ne se rendrait compte de rien. C'était une erreur que le type que nous avions pris en chasse avec ma démone favorite. Il avait détourné un joli petit pactole qui me revenait. Je ricanais alors que notre proie s'enfonçait dans la forêt. Maze sorti son arme à feu et visa le genou de notre victime qui s'écroula en réalisant que nous le suivions. Je laissais Mazikeen prendre de l'avance et maintenir ma victime au sol. Pendant ce temps, je réfléchissais à ce que j'allais lui faire. "Merci, Maze", répondis-je à la démone avant d'attraper l'humain par les cheveux pour le forcer à ce relever. Alors comme ça, tu pensais réellement me voler sans impunité ? Je laissais mes yeux noirs apparaitre, juste le temps qu'il fallait pour que l'humain pousse un cri de pure terreur. Il n'y a pas de petit plaisir dans la vie J'éclatais de rire, un rire glacial, sadique. "Tu peux crier, mon vieux. Personne ne va venir. Tu as voulu jouer avec le feu. Maintenant, tu vas savoir ce que ça fait." J'attrapais l'humain par le cou et envoyait un flux de pouvoir dans ma main pour faire cramer l'humain. Avec les flammes de l'Enfers, la combustion était immédiate et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il était mort. Je laissais le corps carbonisé tomber au sol et m'adressais à ma démone dans un sourire : "Va falloir creuser."

J'avais plus souvent que de coutume arpenté les murs de l'église abandonné, attendant des ordres qui ne venaient pour le moment pas. Si les évènements actuels étaient pour le moment entre d'autres mains que les nôtres, je me devait donc de continuer ma mission première. Mais je revenait pourtant régulièrement me ressourcer dans l'église, les rues étant moins peuplés qu'a leur habitude. Trop de malades, trop de morts et de dangers... Les démons et les déchus semblaient prétendre craindre ces même choses et je ne croisais que de rares victimes. J'avais donc passé plusieurs heures à me recueillir dans l'église avant de marcher un peu plus au nord, sans réel but. Ce n'était que lorsque que j'avais sentit une présence démoniaque que j'avais confirmé mes pas et cherché d’où elle venait. Bien vite, j'avais réalisé que ce n'était pas de la ville, mais de la forêt qui longeait la route et j'y avait pénétré, essayant de me repérer parmi les nombreux arbres incapable de me téléporter tant la présence était encore faible et sa localisation aléatoire. C'était donc mon aura cachée pour éviter d'alerter le ou les démons, que j'avançais doucement entre les végétaux jusqu'à me figer en entendant un bruit sourd, suivit d'un cri effroyable. Ces bruits m'avaient finalement indiqué la direction à prendre, mais j'avais peur qu'il soit trop tard. Je me téléportait en direction du bruit et faisait face à deux démons et au cadavre calciné d'un malheureux. « Vous payerez pour ça ! » Tonnais-je en laissant cette fois toute ma grâce s'exprimer. Leur révélant à qui ils étaient confronté.

Le sourire de la démone s’étira lorsque son Général laissait enfin tomber ce masque abject de mortel, de pauvre créature insignifiante, révélant enfin sa véritable nature, et ce rire sadique qui résonnait en elle, embaumant tous ses sens, la fit frémir d’envie et réveilla ce besoin sordide de lui appartenir. Décidément, il savait comment l’allumer, seul point commun qu’elle possédait apparemment avec ce pauvre martyr calciné. La démone avait su profiter du spectacle que lui avait offert son supérieur, se pinçant la lèvre inférieure dans un élan d’excitation, alors que l’odeur de la chair carbonisée enveloppait l’air ambiant. Dommage fit-elle en laissant son doigt glisser le long du torse du bourreau, aguicheuse, alors qu’elle enjambait nonchalamment le cadavre encore chaud du traître. La soirée s’annonçait plutôt intéressante, jusqu’à ce qu’une voix inconnue s’élève, couvrant les derniers crépitements de la chair et des tendons qui se déchiraient. Un voyeur? La succube se retourna, curieuse de savoir à qui appartenait cette voix plutôt présomptueuse, qui exposait maintenant la nécessité de creuser une tombe supplémentaire. Il fallait dire que Mazikeen avait vu un certain nombre de pigeons divins à travers les siècles, mais cette lueur dépassait invraisemblablement ce à quoi elle avait généralement à faire. ... Et merde fit-elle alors qu’elle réalisait qui était cet être qui se tenait devant eux. Un ange du trio, ou une putain d’arme de destruction massive pour les démons dans leur genre. Un coup d’œil rapide dans la direction de son supérieur lui fit comprendre quelle était la réaction la plus rationnelle face à cet imprévu, courir.

Franchement, malgré le fait que ce cloporte avait essayé de me voler, c'était une bonne soirée. Je tuais un humain en compagnie de ma démone préférée. Il n'y avait rien qui pouvait me mettre de bonne humeur. Rien du tout. J'avais pris mon épée d'Ahriman avec moi au cas ou même si en tant que Général des Enfers, j'étais quand même bien aidé. En sangle dans mon dos, tel Indiana Jones dans la forêt. Je préférais me munir avec la maladie que Caleb avait déclenché au cas où les anges circuleraient plus. Mon sourire s'élargit en entendant un bruit à quelques pas de nous. Je me retournais alors que notre voyeur nous expliquer que nous allions payer. Mon ricanement mouru dans la gorge alors qu'il laissait sa grâce divine s'exprimer. Merde. Exactement la même réaction que Maze sauf que je l'avais gardé pour moi. Il n'était pas un simple ange, non, il était beaucoup plus puissant. Je laissais mon aura démoniaque flotter autour de moi. Je ne pouvais pas le tuer, clairement pas mais je n'allais pas m'enfuir sans me battre. Je sortais mon épée de son fourreau. Sa noirceur ne pourrait pas le détruire mais au moins le ralentir pour que nous puissions nous échapper.
Je faisais tourner l'épée dans ma main en essayant de garder un air décontracté.
-Ecoute mon vieux, il avait fait son choix. Il a joué avec le feu, il s'est brûlé. Il ne mérite pas que tu perdes ton temps pour lui. Vraiment. On peut tout aussi bien aller chacun de notre côté comme si rien n'était, non ?

Alors que le premier démon proférais une injure qui prouvait ma puissance et annonçait de l'issue évidente de ce combat, le second démon semblait réfléchir, peut-être à un plan pour s'échapper. Lorsqu'il sortait une lame infernale de son dos, je comprenais que c'était bien de cela qu'il s'agissait. Il ne pouvait pas espérer me tuer après avoir perçu mon aura. Il cherchait une solution pour fuir et s'adressait à moi dans le but de... de quoi ? Ses paroles étaient étranges, comme s'il cherchait à provoquer une réaction. « Il ne t'appartient pas de décider ce qui mérite ou non mon intervention. Seul Dieu en est juge. Et si je suis ici, à ce moment précis, c'est que s'était SA volonté. » Tonnais-je sans pour autant m'avancer, mon regard jaugeant l'arme dans sa main. « Je n'ai pas le droit de vous laisser partir. Et je n'en ai pas envie ! » Ajoutais-je forçant sur la fin de ma phrase comme pour donner un véritable sens à des mots qui n'en avaient pas réellement pour moi. « Vous mourrez ce soir. Vous partagerez le sort de votre victime. » Leurs morts seraient rapides, bien que douloureuses. Mon Lux Dei allait consumer leurs âmes comme ses flammes avaient brûlé le corps de l'homme. « Acceptez la mort avec honneur. Rangez cette lame maudite ! »

La démone ne put retenir un rire sarcastique alors qu’elle écoutait l’ange différer toute cette merde sur les volontés de son Dieu. Comme si les hommes avaient que faire de cette volonté divine, il tentait lamentablement de sauver ces êtres cupides et méprisables, alors qu’ils n’étaient visiblement que leurs propres bourreaux. C’était ridicule, et plutôt amusant, de voir que ces anges s’affairaient à quelque chose qui ne pourrait visiblement jamais s’accomplir. L’humanité sombrait peu à peu dans la noirceur, et qu’ils le voulussent ou non, aucune lumière, aussi puissante puisse-elle être, ne pourrait sauvegarder ces êtres maudits.
C'est mignon, le sous-fifre peut penser par lui-même finalement fit-elle, amusée, alors qu’il faisait référence manifestement à un sentiment qu’il ne pouvait ressentir. Est-ce que c’est permis? rajouta-t-elle avec provocation, insouciante face à l’être qui se dressait devant eux. Elle n’allait certainement pas passer pour une pauvre dégonflée aux côtés d’Adonis, même si son instinct lui dictait autrement. Et puis, s’il continuait comme cela, c’est d’ennui qu’il allait les tuer.
La démone jeta un coup d'œil rapide à son Général, stoïque, puis glissa subtilement une main dans son dos pour laisser ses doigts frôler avec soulagement l'épée plaquée contre ses vertèbres. La succube ne gardait que rarement cet arme avec elle, mais Adonis l'avait persuadé de l'apporter, et même si elle l'avait cru paranoïaque pendant un instant, il avait vu juste.

Cet Ange était puissant. Plus puissant que tous ceux que j'avais croisé. Jamais je m'étais confronté à une telle puissance venant d'un être divin à l'exception de Lucifer qui était un Déchu. Honnêtement, si de l'extérieur, je ne laissais rien voir, à l'intérieur, je stressais comme un malade. Je devais reconnaitre que ma Maze ne se laissait pas dégonfler face à l'Ange qui avait de quoi nous trucider. Heureusement, elle avait pris son épée elle aussi. Avec un peu de chance, nous allions pouvoir le blesser assez pour nous enfuir.

-Nous n'avons pas la même notion d'honneur de toute évidence. Il n'y a aucun honneur à se laisser tuer sans se défendre. Tu ne peux pas le nier.

Je jetais un oeil à Maze. Il allait falloir qu'on l'attaque rapidement pour ne pas lui laisser le temps d'utiliser son pouvoir sur nous. Sinon, nous étions morts. Je doutais qu'on puisse survivre à sa lumière.

-Tu te rappelleras que c'est toi qui est venu chercher la bataille.

Je lançais un premier assaut sur le volatile pour le déstabiliser. J'utilisais ma télékinésie pour lui envoyer une branche dans la tronche le temps que je me rapproche de lui en coulant un regard à la démone pour qu'elle comprenne la tactique je voulais mettre en place. L'adrénaline montait avec le combat. Le bras armé, je portais un premier coup d'épée vers l'Ange.

« Sous-fifre ? » interrogeais-je la démone, impassible, comprenant le sens du mot sans détour, mais convaincu que je n'était pas celui de nous trois a qui il correspondait. Je taisait pourtant la chose, ne trouvant aucun intérêt à pareille discussion. Je n'attendais d'ailleurs aucune réponse à ma question, si tant est que ça en était une. J'ignorais d'ailleurs sa remarque suivante, convaincu de part la nature de ceux que j'avais face à moi que ce n'était qu'une provocation qui ne m'atteignait en rien. « Prétend autant que tu le souhaite. Ta peur est évidente, démone. » Soufflais-je en la voyant très facilement mettre une main dans son dos. Puis le démon supérieur était intervenu et j'avais accordé davantage d'attention à ses mots. Il semblait plus éloquent, moins provocateur subitement. « Je le nie, oui. Car la morale et les valeurs qui incombent à un tel mot te sont étrangères. » Je les toisaient, près à se battre tous les deux, sans aucun doute. Il avait rapidement prouvé ma pensée en ajoutant quelques mots avant d'attaquer et peu dérangé par le bout de boit qui s'était brisé sur mon enveloppe, j'avais gardé ma concentration focalisé sur son arme dont j'avais rapidement sentit la brûlure en l'évitant pour retenir le bras du démon qui la brandissait. La morsure de la lame bien que minime réduisait ma résistance face à sa force, mais j'étais plus puissant et la blessure superficielle allait finir par guérir à moins qu'il ne trouve une autre solution. Et il perdrait vite tout ascendant, il devait le savoir.

Il fallait dire que le pigeon angélique n’avait pas complètement tort, la démone était terrorisée par l’idée d’affronter un ange de premier Ordre. Elle n’envisageait que peu d’issus possibles, et il allait évidemment en foutre une monumentale à ces deux pauvres âmes, dans le meilleur des cas. Mais la brunette n’allait certainement pas se laisser ridiculiser par qui que ce soit, et ce, même s’il fallait qu’elle y perde quelques membres, ou plusieurs autres choses. Après tout, n’avait-elle pas survécu à la fureur de son Lieutenant? À côté de cela, affronter une grosse dinde divine était presque une balade de santé... Non? Un coup d’œil à son Général lui fit prendre connaissance de la suite des choses. Il était évident qu’ils ne pourraient pas le vaincre, et que la meilleure des solutions était évidemment de combiner leur force, du moins, le temps qu’ils puissent prendre leurs jambes à leur coup. Adonis s’élança un quart de seconde avant elle, tentant de déstabiliser leur adversaire avec une branche avant de se jeter dans la gueule du grand méchant loup. Son Général avait manifestement réalisé qu’il leur faudrait combiner plusieurs de leurs atouts s’ils voulaient pouvoir en sortir vivant, bien qu’elle ne savait pas si cette réflexion était une bonne ou une mauvaise chose. Cette stratégie soulignait particulièrement à quel point ils étaient dans la merde. La démone avait suivi son Général vers leur funeste destin, contournant le volatile pour venir le prendre d’assaut sous deux fronts distincts. Agrippant le pommeau d’une main certaine, elle vint porter un second coup en direction du dos de leur adversaire.

Décidément, nous n'avions pas le même avis sur la question. Il ne pouvait pas comprendre que nous avions aussi un code de l'honneur, tout autant que lui. La seule différence était que nous n'étions pas loyal à la même entité. En même temps, comment en vouloir à un Ange, ils n'étaient pas là pour réfléchir. J'avais porté un premier coup à l'Ange pour ne pas lui laisser le temps d'utiliser son pouvoir. Il esquivait mon coup mais pas assez pour ne pas sentir la morsure sur son bras. Je n'avais pas le temps de jubiler. La force de l'Ange me fit reculer d'un pas. Mazikeen porta aussi un autre coup à l'Ange. Mon cerveau tournait à plein régime, stimulé par l'adrénaline du danger. Un seul faux pas et nous étions morts de chez morts. L'Ange était beaucoup plus fort et il para aussi son coup. S'en était assez pour qu'il détourne son attention de moi un quart de seconde en trop. Avec mon pouvoir de télékinésie, j'enfonçais la lame dans son corps. Elle s'introduisit comme dans du beurre.

-Cours, Maze ! Cours ! Hurlais-je à la démone sans un regard vers le corps calciné de notre victime. Nous n'avions pas beaucoup de temps pour nous enfuir. Il n'y avait pas de courage à s'enfuir face au danger mais j'étais plus utile vivant que mort et je tenais à garder mon bras droit. Quand nous étions assez loin, j'utilisais ma télékinésie pour faire venir mon épée. Le poison allait assez le ralentir pour qu'on puisse être hors de portée.

Je n'avait pas prévu que ces créatures combattent avec honneur, ça n'était pas dans leur nature et encore moins quand leur existence même était menacée. J'avais donc rapidement réagit au coup de la démone et arrêté son bras comme je l'avais fait pour son supérieur que j'avais tenu en respect malgré la brûlure de sa lame. Mais dévier mon attention quelques instants avait suffit pour faire basculer ce combat, la blessure ayant accaparé une partie de ma grâce. J'avais ainsi sentit la force du premier démon s'accentuer et tourné mon regard vers lui alors que je sentait l'épée pénétrer la chair de mon enveloppe et émettre une brûlure lancinante sur son trajet. J'étouffais un cri de douleur dans ma gorge alors que l'échelon supérieur ordonnait à la démone de fuir. NON ! Hélais-je intérieurement alors que j'étais affaibli par cette lame toujours dans ma poitrine. Lorsqu'ils sortir de mon champs de vision j'avais sentit la lame s'extirper et j'étais tombé à genou au sol, accusant la défaite et la lumière de ma grâce qui commençait à soigner la blessure béante dans mon enveloppe charnelle.