J'avais passé plus longtemps que prévu à l'étage, mais heureusement je n'avais pas eu à voir mon patron car je n'avais encore une fois pas prit le temps de me raser. Chose que je ne faisait, dernièrement, que si j'avais à le voir, et ce surtout pour éviter les remarques me demandant si je voulais des vacances ou si tout allait bien. J'avais donc simplement filer les clichés qu'on m'avait demandé, parlé à deux collègues et prit note des prochaines photos qu'il faudrait prendre. Puis j'étais près à décoller. Au figuré bien entendu, parce que j'étais venu en voiture, ne faisant toujours pas confiance à mes pouvoirs, ou plutôt en mon utilisation de ces derniers dans mon état. Tant que je ne maîtrisait pas mes émotions ou que je devais prendre de l'hyperium pour me calmer, il était évident que se téléporter était une mauvaise idée. Un seul manque d'attention et je pouvait atterrir devant des gens, blesser quelqu'un... qui sait ? Je ne pensais pas être en mesure de contrôler pleinement ce qui venait pourtant naturellement à n'importe quel ange.

Alors, la voiture s'était imposée depuis un moment maintenant. Tout comme l'hyperium, le whisky et... toutes ces habitudes qui à défaut d'améliorer les choses ne les empiraient plus. J'avais retrouvé ma voiture, sur l'emplacement attitré que j'avais et qui ne servait que rarement dernièrement. Et alors que je fouillais dans ma poche arrière pour sortir mes clefs, j'avais senti une présence. Pour une fois malgré le fait qu'on soit en plein milieu de la journée et que tous travaillaient déjà, je n'étais pas seul dans ce parking. J'avais entendu des bruits de pas et m'étais retourné machinalement pour trouver leur provenance.

« Qu'est-ce que tu fabriques ici ? » Grognais-je en posant les yeux sur un visage qui m'était malheureusement familier. De toutes les personnes, les créatures dans cette ville, pourquoi avait-il fallu que je tombe sur lui ? Ma mâchoire s'était aussitôt tendue, avec tous mes muscles, la haine qu'il provoquait de par sa simple présence était dangereuse, je le savait. Mais, il m'était difficile de la contenir en ce moment et la seule chose qui pouvait me forcer à me mesurer, c'était de savoir qu'a quelques centaines de mètres au dessus de nous se trouvaient les bureaux de mes collègues.

« Tu devrais t'en aller, avant que... » Je serrais le poing, trouvant plus difficile que d'habitude, de me retenir. Pourtant je n'avais pas mon pugnalis et un combat ne mènerais à rien. Match nul. De la violence gratuite et stupide, ce même si foutre mon poing dans sa gueule semblait tentant, là tout de suite...

Sans trop faire de la publicité, ma boutique prennait de l’empleur. L’affluence augmentait petit à petit et les recettes journalières devenaient de plus en plus conséquantes. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi, je ne comprenais pas moi-même. Je ne faisais rien de plus, j’ai juste aimable avec les clients. Cependant, le retour le plus commun était qu’ils préféraient de plus en plus acheter aux magasins du coin qui étaient en contact direct avec les producteurs plutôt que de passer par des grandes enseignes. Ce n’était pas moi qui allait me plaindre car j’évitais de plus en plus le magasin et obligeais Mazikeen à faire plus d’heure. J’en ai même à penser à engager quelqu’un en plus pour tenir la boutique parce que Mazikeen n’était pas simplement mon employée à la boutique mais aussi mon bras gauche et j’avais besoin d’elle sur tous les fronts, pas uniquement derrière une caisse à enregistrer les paiements des clients. De ce fait, j’en avais profité pour aller au LA Times afin de faire passer une annonce pour un job en même qu’ils m’interviewaient sur l’intérêt grandissant de la population pour ma boutique.

Je quittais effervescence des bureaux entre lesquels les humains papillonnaient pour discuter de tel ou tel sujet, rendre des papiers. L’organisation presque chaotique du journal me mettait de bonne humeur. Le chaos, c’était quelque chose pour lequel j’étais doué. Je sortais de l’ascenseur au niveau du sous-sol pour rejoindre le parking. Sifflotant, je marchais tranquillement en tâchant de dissimuler mon aura même s’il ne semblait pas y avoir des gens qui trainaient là. Le but n’était pas de me faire remarquer et que les gens se demandent pourquoi je suis bizarre et que je leur fait un drôle d’effet. Et puis soudain, je me retrouvais nez à nez avec l’ex d’Alice, accessoirement déchu passablement pénible qui s’était fait d’une mission de tout balancer à Alice sans que j’ai le temps de lui expliquer. Je n’avais pas pu lui parler depuis, elle était injoignable mais ce n’était certainement pas à lui que j’allais demander de ses nouvelles.

-Je rôde à la recherche d’âmes perdues à corrompre, répondis-je du tac-au-tac. Ce que je foutais ici n’était pas de son ressort et je n’allais certainement pas lui déballer ma vie. Avec Cassandre dans les parages, il se pourrait qu’il en sache déjà trop.

Cet idiot avait encore plus l’air mal en point que la dernière fois que je l’avais croisé et qu’il avait capoté mon couple. Bon, d’un point de vu objectif, c’est peut-être les mensonges qui n’ont pas plus à Alice mais j’allais lui dire, quand elle serait prête. Surtout avec ce qu’elle avait traversé, son amnésie, en partie à cause de lui. Je baissais le regard vers sa main qui s’était serrée. Je levais un sourcil, pas le moins intimidé par le bonhomme.

-Avant quoi le plumé ? Tu vas me frapper, ici avec des témoins potentiels ? Vu ta tronche de déterré, je ne te conseilles pas. Tu t’humilierai plus qu’autre chose.

Est-ce que je jouais le rôle du gars raisonnable ? Pas du tout, je sentais la tension monter et pour rien au monde je n’aurais laissé passer l’occasion de ridiculiser l’ex d’Alice. Ce type, je ne l’appréciais déjà pas avant mais en sachant sa nature, c’était pire. J’étais peut-être un méchant mais au moins, j’étais loyal à ma cause, pas comme ce déchu. Je cherchais à le provoquer et si une part raisonnable en moi me rappelait qu’il pourrait y avoir des témoins, une autre, plus grande encore, me poussait à la querelle.

-Alors la poule mouillé, ça n’a pas l’air fort en ce moment, ricanais-je, moqueur.

Je n'était pas de ceux qui prônaient la violence pour la violence. C'était même tout le contraire, et en ce moment plus que d'habitude, car je savais que mon état pouvait précipiter les choses. Pourtant, quand je le voyais là, insolent et sûr de lui... tout me revenait en mémoire. Alice et leur soit disant relation, Cassandre et les cachoteries qu'elle avait du me faire le concernant, tous mes problèmes n'étaient pas liés à ce démon, mais... beaucoup l'étaient. Alors, le simple fait de le voir, là... j'avais envie de le cogner, de me laisser aller à mes pulsions et de frapper, même si c'était inutile, même si ça ne soulagerait pas vraiment la peine ou la colère que je ressentait. Je parvenais pourtant à me contrôler, difficilement, alors qu'il répliquait avec une pique qui ne me surprenait pas.

Sa blague n'était pas drôle, pas pour moi, mais c'était le genre de chose que j'avais l'habitude d'entendre sortir de la bouche de démons. Mais, probablement parce qu'il s'agissait de lui, l'impact qu'elle avait eu était différent de d'habitude. Ma colère s'intensifiant, je mettait toutes mes forces à l’œuvre pour la contenir, pourtant quelque chose semblait aller contre cette envie, comme une volonté enfouie ou qui m'était presque étrangère.

« M'humilier ? » Je laissais échapper un léger rire, presque las. Puis ajoutais avec un peu plus de force :

« Ne t'inquiète pas, je suis tout à fait capable de combattre. » L'étais-je vraiment ? Physiquement, oui. Je n'étais pas entravé physiquement et je n'étais pas sûr que quoi que ce soit de si 'humain' puisse le faire vu ma nature. Même l'hyperium, qui avait un effet sur moi, s'arrêtait à mon esprit quand il s'agissait d'altérer quelque chose. Et il semblait d'ailleurs évident que la dose que j'avais pris ne faisait plus effet à présent. Non, incapable je ne l'étais pas, ce qui me retenais jusque là était ce combat avec Lucifer. Ce souvenir difficile, toutes les difficultés qui s'étaient ajoutées derrière. Mais je n'avais pas toujours retenu mes poings depuis. Et il était le mieux placé pour le savoir.

Ses attaques futiles n'avaient pas de réel effet sur moi, car sa simple présence suffisait à me pousser au bord du gouffre. La colère n'était plus, c'était la haine qui l'avait remplacé et quoi qu'il dise ou fasse... je sentait qu'il me serait bien difficile de retenir quoi que ce soit sous peu. Je faisais pourtant preuve d'efforts incommensurables, mais plus le temps passait, moins ces derniers semblaient suffisant. Si tous étaient dans les bureaux et que le parking semblait vide, je savais également que ça n'était pas raisonnable. Pourtant... mes poings et tous mes muscles serrés n'y changeaient rien. Je sentait les barrières que j'avais ériger céder petit à petit et je craignais ne pas pouvoir contrôler quoi que se soit qui s'en échapperait, tant ce qui l'animait semblait fort et dévastateur.

« BORDEL ! Prend ta voiture et fiches le camp ! » Intimais-je au démon, alors que je n'étais clairement pas en état d'en faire de même. Toute mon énergie était dirigée vers le besoin de contenir mes actions et si j'étais celui qui montais dans sa voiture, je me voyais déjà le heurter de plein fouet avec le véhicule.

Je ne pouvais pas croire qu'il voulait d'un combat. Contrairement à ce qu'il avait dit, il devait savoir que nous n'étions pas capables de vaincre l'autre. Et il savait aussi pertinemment que quelques étages au dessus il y avait des témoins potentiels, en admettant qu'ils bougent de leurs bureaux. Alors quoi ? Qu'attendait-il ? Ce n'était pas que question de me défier, si ? Ou bien c'était notre passé ? Alice ? Peut-être bien qu'il rêvait de me cogner lui aussi. Mais au point de le faire maintenant ? Si je devais me battre pour retenir la haine en moi, alors il était probable qu'il en ressente une petite partie aussi.

Nous le savions tous les deux, aucun de nous deux n’allait franchement gagner si nous nous battions. Nous étions à force égale et tout ce qui pourrait en résulter, c’était des dégâts matériels et des bleus. Pourtant, ce type me pourrissait la vie depuis bien longtemps et sans lui, j’aurais pu prendre le temps d’expliquer à Alice ce que j’étais, dans le calme. Pas dans une rue bondée. Ce n’était pas raisonnable, surtout proche d’un bâtiment rempli de gens qui adoraient fouiller pour étaler la « vérité » sur des pages blanches. Clairement, c’était dangereux, j’avais passé trop de temps à faire en sorte de passer inaperçu des services de polices et autres pour tout faire capoter maintenant. Pourtant, l’adrénaline montait dans mes veines, me poussant à le chercher. Il avait les poings serrés. Ce traite avait envie de m’en mettre un et soyons honnêtes, j’en avais aussi envie.

-Haha, a qui crois-tu donner des ordres, comme ça, traitre ? M’exclamais-je en ricanant dans le seul but de l’énerver un peu plus.

C’était un pari risqué. Il y avait des humains pas loin et si nous en venions aux mains, il y allait avoir des dégâts matériels assez conséquents. Plus important encore, je risquais d’attirer l’attention sur moi. Bien entendu, je l’attirais avec ma stature mais je n’avais pas vraiment envie que des témoins m’identifient comme était une créature surnaturelle. Bien que ma couverture s’était effritée quand Alice avait découvert le poteau rose, j’avais tout un business à tenir et la discrétion était de mise.

-Tu espères m’impressionner peut-être ? Il faudra un peu plus que ça et tu le sais.

Nous les démons nous n’avions pas froid aux yeux. Même si nous évitions les anges qui pouvaient nous mettre une raclée, face à celui-là, je n’avais pas de risque de mourir. Au pire, j’allais ressortir avec quelques blessures mais au moins, je me serais défoulé. Ca faisait longtemps que je n’avais pas tapé sur un plumé, même si c’était un déchu, un traitre. Il arrivait que certains retournent vraiment leur veste et œuvre pour notre intérêt. Cependant, nous n’étions pas forcément beaucoup plus sympathiques avec eux. Peut-on réellement faire confiance à une créature qui avait tourné le dos à son camp ? Peu importé le camp, Dieu ou Lucifer, je considérais qu’ils n’étaient pas digne de confiance.

-Non parce que vraiment, il faut que tu te regardes dans un miroir. Tu as vraiment une sale gueule. C’est parce qu’Alice ne veut pas de toi ? Ricanais-je, moqueur au possible alors que j’avais la rage parce qu’elle était injoignable. Plus de téléphone, elle était introuvable en ville. Je commençais même à me demander si elle n’avait pas quitté la ville mais il était hors de question que je le demande à ce connard. Plutôt crever que de m’abaisser à quémander de l’aide à ce déchu de mes deux.

-Tu es là, à donner des ordres mais tu ne dupes personne. Si je le pouvais, j’aurais pitié de toi, plaisantais-je, un grand sourire aux lèvres. J’étais incapable de ressentir de la pitié. Je n’avais pas été forgé dans la douleur en Enfer pour ça. La pitié était pour les faibles. Les siècles de torture avaient l’avantage de nous blinder niveau émotionnel. Ils tuaient tout sentiment possible, ne laissant qu’une coquille vide faite pour servir les intérêts de notre maître.

Si ce mot était venu d'autre chose qu'un démon, il aurait probablement été plus dur à entendre. Mais dans sa bouche et non celle d'un être céleste ou même d'un humain... j'avais réussi à l'ignorer. Traitre... il n'avait pas d'avis à donner sur la chose.

Je préférais concentrer ce qui me restait de raison, sur contenir la colère qu'il provoquait pour des choses qui avaient plus de poids le concernant. Mais si seulement il était partit... S'il n'avait pas un égo mal placé au point de rester juste pour m'irriter. Ça n'était pas un ordre que je lui donnait, mais une mise en garde, car je savais pertinemment que je ne retiendrais pas la rage qui s'intensifiait encore et encore.

Voila qu'il avait mentionné Alice, un rire gutturale s'était alors échappé de mes lèvres et je sentais que j'allais craquer sous peu.

« Tu plaisantes, j'espère ? C'est toi qu'elle a rejeté, quand elle a su qui tu étais vraiment. Elle a quitté la ville, le pays même pour être le plus loin de toi possible. Parce que tu l'a dégoutte... Et c'est censé être moi qu'elle repousse ? » Une partie de moi regrettait son départ, mais l'autre... était contente et soulagée qu'elle soit loin de lui. Et qu'elle ai fait en sorte de ne pas être retrouvée. J'avais eu des nouvelles, ses amis aussi. Mais je savais pertinemment qu'il n'en avait pas eu. Contrairement à ce qu'il disait, il savait très bien ce qu'il en était. La confiance d'Alice me concernant n'avait pas changé, c'était lui le problème.

« La seule raison qui a fait que tu ai eu une chance avec elle de nouveau, c'est que je l'ai quitté. Parce qu'elle mérite mieux que ce que quelqu'un comme moi pouvait lui offrir. Et certainement mieux que ce que toi tu lui aurais proposé. Alors... ne joue pas sur ce terrain, parce que crois moi, tu ne fais pas le poids une seule seconde quand il s'agit d'Alice. » J'ignorais ce qui avait poussé ces mots à sortir. Me comparer à lui de cette façon, en parlant d'Alice, de notre relation... C'était la colère qui m'y avait poussé, mais... je n'étais pas complètement moi même, je le sentais. En temps normal, je n'aurais jamais fait valoir les sentiments que nous avions partagé pour gagner une dispute.

« Alors dis-moi... qui doit avoir pitié de l'autre ? » Grognais-je pourtant, continuant dans ma lancée et sentant les tous derniers remparts se briser. Une seule chose... il ne suffirait plus que d'une chose pour que je perde le contrôle...

J’étais dans un lieu public, avec potentiellement du passage. C’était idiot de le provoquer, mais je n’arrivais pas à me contrôler, c’était plus fort que moi. Si en temps normal, malgré mon tempérament un tantinet explosif, je gardais toujours le contrôle de la situation, ce n’était pas le cas en cet instant. Si ce plumé me faisait toujours enrager, même du temps où je pensais qu’il était humain, cette fois-ci, c’était réellement différent. Il n’y avait pas que le fait qu’il nous avait enlevé Alice, à cause de lui, elle m’avait quitté sans que j’aie eu le temps de lui expliquer quoi que ce soit. Et pour ça, je voulais le détruire. C’était incontrôlable et j’avais l’impression qu’il n’y avait pas que ma rancœur à cause d’Alice qui était en cause, qu’il y avait autre chose aussi.

Aussi, je ne pouvais pas m’empêcher de le pousser à bout, de voir jusqu’ou il pourrait garder son calme. Il était proche de l’explosion mais moi aussi et pourtant je continuais, prenant le risque qu’il réplique face à mes remarques désobligeantes. Et il n’y manquait pas, j’étais prêt et pourtant sa réplique me faisait l’effet d’une gifle en pleine tronche. Le genre de gifle qui ne peut pas passer inaperçue. Le genre de gifle qui peut te rendre dingue. Je déglutissais alors que mon cerveau essayer d’encaisser ce qu’il veut de dire. Je l’avais cherché, soyons honnête, mais que ça soit ce connard déplumé qui me rappelle qu’Alice était partie à cause de moi, ça faisait mal. Très mal. J’avais envie de répliqué que c’est lui qui avait tout gâché. J’allais le dire à Alice mais pas comme ça. Je me retenais, ça me rendrait encore plus ridicule en sachant que si je n’avais pas appelé mon Lieutenant par son vrai nom, ça aurait pu se passer différemment. Ca se serait passé différemment. A la place, j’étais là à ruminer ma rancœur face à cet abruti. Il ne comprenait rien, elle était ma mission et j’étais en colère parce que mon but n’était pas qu’elle s’enfuit mais qu’elle me rejoigne et accomplisse sa destiné.

-Vraiment ? Tu crois me faire rager ? Oui, je rageais intérieurement, mais je tenais pour l’instant même si j’étais sur le point de lâcher les vannes.

-Mieux que je pourrais lui offrir ? Qui à part moi pourrait lui offrir la vie qu’elle mérite, elle est des nôtres. Notre sang coule dans ses veines, elle a été choisie. Qui d’autres que moi ? Oh, ne te fatigue pas, tu vas sortir le blabla habituels des enfants tout ça, tout ça. Est-ce que tu lui as au moins demandé son avis avant de la larguer pour aller dans les bras d’une autre ?

Mon venin sortait tout seul et je m’avançais, menaçant alors que la raison voudrait que je m’éloigne du déchu pour mon bien. Surtout pour mon bien, car ça pourrait ruiner ma couverture.

-Tu crois que je ne sais pas que c’est à cause de toi, qu’Alice a eu son accident et qu’elle a failli mourir ? Je suis peut-être un démon, mais au moins j’assume mes actes et je ne me cache pas derrière des fausses bonnes intentions. Alors oui, tu devrais te regarder dans un miroir, parce que tu fais vraiment pitié.

Je m’étais avancé jusqu’à me trouver à un mètre de lui. Je cherchais la bagarre et même si une partie de mon cerveau savait que c’était idiot, une grosse partie m’empêchait de réfléchir clairement et me pousser à chercher la querelle. Une querelle que j’attendais depuis qu’Alice m’avait appris sortir avec ce glandu, même avant de savoir que c’était un ange déchu. Une bagarre que je réprimais depuis sept ans pour ne pas blesser Alice. Maintenant qu’elle n’était plus dans le tableau, plus rien me retenait de mettre une dérouillée à ce déplumé.

Nous étions tous les deux aller bien trop loin à présent, aucun ne semblait vouloir calmer les choses et même si je savais que ça aurait été la décision raisonnable... la raison semblait m'avoir quitté quand je rétorquais d'une voix rauque au démon :

« Elle n'est pas des vôtres. Elle est choisie par Dieu de par sa nature. Vous avez pervertie ce qu'elle était, ce qu'ils sont tous. Et tu oses parler de mérite ? De lui demander son avis ? Quand lui avez-vous demander avant de la forcer à ça ? Hein ? Quand lui a tu demandé son avis au milieu de tout tes mensonges ? Katie... n'a rien à voir avec ma décision concernant Alice. JAMAIS il n'a été question d'elle quand... »

Une seconde, une seule seconde, pour me calmer. Pour ne pas céder. Voila tout ce que je pensait prendre, tout ce que je voulais. Mais ses mots, les suivants... ils avaient eu raison de cette résolution. Et de tout en moi. Me rendre responsable de l'accident d'Alice, lui... entre tous... Mon geste s'était fait sans même que j'y songe et mon poing s'était abbatu avec rapidité sur le visage du démon. Le faisant vaciller avec force. Je savais pertinemment qu'il pouvait me rendre coup sur coup. Qu'aucun de nous ne pouvait finir vainqueur sans mon arme pour le faire. Mais... Je n'en avait rien à faire. J'ignorais même pourquoi je le frappais. Si c'était pour ce qu'il avait dit, pour ce qu'il avait fait à Alice, par jalousie, par... Pour toutes les raisons du monde. Et même des qui ne le concernaient pas.

« Son accident ? Tu veux me le reprocher. Très bien. Tu vas également me reprocher de l'avoir soigner ? Hypocrite ! J'ai toujours été honnête avec elle. Les décisions que j'ai prit... tu n'as aucune droit de les juger. Tu n'a aucun droit sur rien et encore moins sur elle. »

Mon poing se serra de nouveau et allait rencontrer le sien qui avait bloqué mon attaque. Je présageait un combat, un que je n'aurais pas du mener et qui pourtant était inévitable.

La raison m’avait quitté. Je n’étais que rage face à ce plumé qui avait éloigné Alice de moi sans que j’ai eu le temps de tout lui expliquer. J’allais le faire, forcément mais dans les bonnes conditions. Pas comme ça, pas entre deux plats. Mais j’allais le faire, il le fallait. Malheureusement, il avait tout gâché. Et il allait payer. Oui, j’allais lui faire payer pour mes mensonges. Ce n’était pas honnête mais j’étais un démon et je n’avais aucune peine à me venger sur lui. Il faisait un parfait bouc-émissaire, surtout vu la situation. Même s’il pensait que c’était une jalousie parce que c’était son ex, ce n’était pas grave, c’était même souhaitable, qu’il pense que j’étais atteignable. Alice était à moi, j’avais la mission de la ramener dans le droit chemin et de la protéger. J’étais en bon chemin avant qu’il intervienne. Aussi, je cherchais à le pousser à bout, le provoquant alors qu’il faisait un effort monstre pour se calmer.

Le coup de poing me tomba dessus avant que j’ai eu le temps de réagir. J’accusais le coup. Il frappait plus fort que je m’y attendais. Je fermais les yeux, me calmant alors qu’une étrange euphorie me gagnait en même temps que la rage. Déclencher une réaction violente du déchu était exactement ce que je cherchais.

-Vraiment, c’est tout ce que tu as ?

Je ne ripostais pas physiquement mais cherchais tout de même à le pousser un peu plus à bout en mentionnant Alice. Son point faible et le mien aussi dans une certaine mesure. Je ne contrôlais pas la fureur et l’envie qui s’emparaient de moi. Je voulais le faire souffrir. C’était une évidence depuis que j’avais refais surface dans sa vie. Mais, là c’était incontrôlable, je ne devrais pas le faire ici, dans un parking ou des humains pouvaient nous voir mais j’étais comme possédé. J’utilisais l’accident d’Alice pour le faire vriller parce que ça me faisait vriller depuis qu’elle m’en avait parlé. Je n’avais que la version d’Alice mais ça me suffisait, je n’avais pas besoin de plus. Ca marchait au-delà de mes espérances.

Il armait son poing et je l’interceptais. Doucement, je serrais son poing alors qu’un sourire sadique s’élargissait sur mes lèvres. Un sourire sadique glaçait qui ne laissait pas de doute sur mon identité et sur l’absence d’humanité.

-Oh que si, j’ai tous les droits, mon petit poulet rôti.

J’assenais en retour un coup de poing en plein milieu de son visage. J’y avais mis toute ma force et pourtant ça l’ébranlait à peine. Alice, Alice, Alice, tu as un don certain pour mettre des créatures puissantes à tes pieds… pensais-je un instant.

-Pourquoi n’en n’aurais-je pas ? Parce que je suis un démon ? La bonne blague ! M’exclamais-je en lui envoyant un second coup de poing. Je rendais coup pour coup. Les démons sont méchants bla, bla, bla… Mais un humain qui choisit d’être mauvais, on lui pardonne. Et c’est moi l’hypocrite ? Je vais encore me répéter mais regarde toi dans une glace.

Les anges, des hypocrites. Nous étions la pire facette de l’humanité mais au moins, nous avions un but et nous avons des ordres. Les humains choisissent d’être mauvais mais eux on leur pardonne. Certains disent que les démons susurrent à l’oreille des humains. Ce n’est pas totalement faux, dans certains cas, certes. Mais les prêtres qui violent des enfants et prétendent que c’est le mal qui les a poussé, c’est faux. Ils font ça tout seul. Nous, ça nous fait doucement rire car çà discrédite les « représentants » de Dieu sur terre et ça ne peut être qu’à notre avantage.

-C’est tout ce que tu peux donner ? Je suis déçu et en même temps, venant d’un traitre, à quoi pouvais-je m’attendre ? Une chiffmolle, rien de plus.

Je cherchais à engager le combat avec un déchu qui avait de toute évidence autant de force que moi. C’était un combat ou aucun de nous deux pouvait gagner mais c’était un combat que je voulais. Un combat que j’attendais depuis des années.

Tout dans son attitude, ses paroles avait animé mon geste. Bien sûr j'avais l'impression qu'il y avait plus qu'aujourd'hui ; il y avait aussi son retour alors qu'Alice et moi étions encore ensembles. Il y avait eu tous mes problèmes, l'état dans lequel j'étais aujourd'hui... C'était un amalgame de tant de choses que je n'étais pas sûre de celle ou celles qui m'avaient fait perdre le contrôle et frapper. Ou bien, c'était encore autre chose ? Étranger, anormal ? Jamais je n'avais ressentit une telle rage. Même dans mon état, même avec la douleur qui m'habitais continuellement. Il y avait quelque chose d'anormal oui. Mais est-ce que ça m'importait à cet instant ? La réponse était non. J'avais frappé une fois, et atteins ma cible. Il prétendait encore pouvoir m'énerver et faisait une remarque sur ma puissance, demandant si c'était tout ce que j'avais. Mais cette fois je ne répondais pas. Je luttais contre la rage, la violence qui ne demandait qu'une chose, à sortir davantage.

Parce que même si le frapper avait été une libération en soit. Ça n'était pas la solution, je le savais. C'était même tout le contraire. Aucun de nous ne pouvait l'emporter. Des témoins pouvaient passer... A quoi bon ? Pourtant toute raison semblait dérisoire, parce que j'avais déjà armé mon poing une deuxième fois alors même que j'essayais de me contrôler. Et cette fois, il n'avait pas trouvé son visage, mais sa main. Qui avait intercepté l'attaque. Il souriait ou je rêvait ? Son expression sur son visage était abjecte. Tout du démon. Je m'en voulais encore plus de ne pas avoir compris avant. Et je lui en voulais encore plus de ce qu'il avait essayé de faire avec Alice, toutes ces années. Alors quand il disait avoir tous les droits... J'allais frapper de nouveau, je le savais. Mais il avait frappé avant et je n'avais pas vu le coup arriver, trop hors de moi. J'encaissais. Le coup, mais ses paroles aussi. Ce, jusqu'à ce qu'il renchérisse à ce sujet. Mais il frappait de nouveau, me surprenant encore et me poussant à un extrême que je n'aurais jamais voulu atteindre.

« Ce que je suis n'a rien à voir avec cette histoire. Contrairement à toi, je n'ai pas eu à le cacher à Alice pour qu'elle ai confiance en moi. » Je ricanais, habité par la rage. C'était une couleur que je n'avais jamais vu sur moi et si j'aurais pu détester ça, je n'était pas assez moi même pour le faire à cet instant.

« Traitre... je le suis peut-être. Mais toi tu n'es rien. Une abomination... »

Et j'avais attaqué de nouveau, cette fois ne cherchant pas à frapper, mais à agripper sa gorge de ma main. Elle avait partiellement encerclé son cou et j'avais serré, sachant pertinemment qu'il finirait pas s'en détacher et qu'il n'y avait aucune chance que je le tue ainsi. Pourtant, l'avoir entre mes mains, ne serait-ce que quelques secondes avait quelque chose d'apaisant, d'une certaine manière.

« Tu penses vraiment que tu as tous les droits ? Pathétique. Vous étiez humains aussi, vous avez eu droit au même pardon. Mais si tu as fini ou tu as fini, c'est que tu n'as pas mérité de l'obtenir. Alors juges-les autant que tu veux. Juge les lois divines, aussi. Fais-toi plaisir. L'avis d'une chose comme toi à que peu d'importance à mes yeux et au yeux du reste des mondes. »

Si seulement j'avais eu la force de le détruire comme avant. Si j'avais pu user de mes pouvoirs d'anges... je n'aurais pas hésité une seule seconde, je le savais.

« Ne dis plus jamais avoir un seul droit sur Alice. La seule qui en as, c'est elle. » Ajoutais-je, lâchant de moi même ma prise, avant qu'il ne s'en défasse. J'avais sentit qu'il en était proche et refusait de lui donner même ça.

La violence ne me dérangeait pas. J’étais d’un naturel violent même si j’arrivais à cacher mes pulsions ravageuses la plupart du temps. J’ai toujours été un combattant, c’était inscrit dans mes veines, dans mon sang. Pourtant, j’avais une partie de mon cerveau qui me disait qu’il fallait que j’arrête mais je ne pouvais pas. La violence pulsait en moi comme une drogue à laquelle je ne pouvais pas résister. C’était trop facile, trop tentant face à ce guignol qui se permettait de faire des leçons de morale.

Je ne retenais pas un rictus moqueur alors qu’il essayait de m’attaquer à nouveau. Il innovait cela dit, on ne pouvait pas le lui enlever. Il m’agrippait le cou et serrait de toutes ses forces. Une chiffemole, c’est ce que je disais. Comme s’il pouvait me tuer. S’il avait pu, il l’aurait fait depuis bien longtemps. Je le laissais faire alors qu’il continuait son monologue, comme si me traiter d’abomination me faisait quelque chose. Ca me faisait rire parce que j’étais une belle abomination mais dès qu’il mentionnait Alice, la rage remontait de façon incontrôlable. Il ne comprenait pas et je n’allais pas lui expliquer, ça ne le regardait pas. Ce n’était pas une question de confiance, j’avais un rôle à tenir au départ et ça avait plus dérivé que prévu. Je lui lançais mon coup de poing dans le ventre pour le faire lâcher prise et reculer.

-Ca me tue de le dire, mais on est d’accord sur ce point-là.

J’accompagnais ma phrase d’un coup de poing supplémentaire dans le visage du déchu. Je me massais le cou. Le con, il ne m’avait pas loupé, j’avais encore la sensation de ses doigts sur ma gorge. Je devais avoir des bleus qui allaient bientôt disparaitre. Je lui en voulais à mort de m’avoir ravi Alice sans que j’ai eu le temps de lui expliquer. Les images d’Alice, blessée, déçue me revenaient en tête et nourrissaient la rage qui continuait son chemin dans mes veines. C’était stupide, irresponsable, mais j’insufflais de mon pouvoir de feu pour faire rougir mes mains et lui assenait un autre coup de poing. Violence, tuer, déchirer. Ces mots flottaient dans mon cerveau mais à travers la brume, une partie ne cessait de me dire d’arrêter et de partir. Des gens allaient bientôt nous surprendre. Au mieux, ils découvriront notre nature, au pire ils pourraient devenir des dommages collatéraux. C’était à s’arranger les cheveux. Pourtant, j’essayais de ne pas montrer que j’étais déstabilisé par ce qui se passait.

Un claquement de porte m’apprit que nous n’étions plus seuls. Je reculais, le regard noir plein de haine en direction de Connor. C’était le signe de départ.

-Tu as de la chance… crachais-je rageur avant de m’éclipser.

Il y avait tellement de choses problématiques dans cette rencontre, qu'il était difficile de les compter. La colère qui m'avais submergé et nos échanges, qu'ils soient en mots ou en coups, tout ça, ça n'était que le haut de l'iceberg. Il y avait encore bien plus sous la surface. Comme les témoins, humains, qui pouvaient arriver à n'importe quel moment. Comme les caméras de surveillance qu'il y avait dans tout le bâtiment et certainement quelques unes dans ce parking...

J'aurais aimé dire que c'était une de ces nombreuses raison qui m'avait fait lâcher ma prise sur sa gorge. Parce que ça aurait été une réaction censée, raisonnable... Mais si j'avais lâché, c'était seulement pour une raison, parce que je refusais qu'il se défasse lui-même de ma prise. Ses coups il pouvait les donner, je n'en avait rien à faire. Douleur ou non, force ou non... ça passerait vite. Mais la haine que je ressentait, je n'étais pas sûre qu'elle puisse partir. Je n'étais pas sûre de savoir comment j'en était arrivé là. Et je n'avais jamais cru être capable de ressentir une chose pareille... C'était ça qui occupait mon esprit alors qu'il disait être d'accord avec moi sur une chose, mes derniers mots sur Alice.

Je me taisais, me fichant pas mal qu'il soit d'accord, puisqu'il avait toujours prouver aller contre cette idée. D'accord... cet enfoiré était d'un hypocrite... La colère m'avait fait louper un autre de ces coups, mais je m'en fichait. Parce que sa main qui avait frotter sa gorge suffisait à me satisfaire. Et c'était cette autre sentiment négatif, cette autre combo de colère, de jalousie, de je ne sais quoi d'autre, qui m'avait ralenti au point de ne pas réussir à stopper une nouvelle fois son poing, cette fois baigné de feu. La douleur avait été plus intense, mais son pouvoir, même de feu, n'était pas en mesure de me détruire. Alors, tant pis ! Les marques seraient guéris trop vite pour qu'on puisse les voir de toute façon.

Je m'apprêtais à répondre, attaquer de nouveau pour le couper dans son élan. Mais au travers de la rage et de cette envie de vengeance, j'avais entendu un bruit, un seul. Qui m'avait prouvé que nous n'étions plus seul à cet étage. J'avais retenu mon geste, m'arrêtant avant même qu'il ne puisse prévoir ou j'allais cogner et je l'avais vu lui aussi changer de posture. Puis, après quelques secondes, il avait lancé une phrase pleine d’arrogance mal placée et je l'avais regardé alors qu'il marchait jusqu'à sa voiture et s'en allait. Lui partit, j'avais eu plus de facilités à reprendre mes esprits et j'avais alors songé de nouveau à ce problème qu'étaient les caméras de l'immeuble. Je m'étais alors téléporté, pour aller vérifier la pièce de sécurité et les écrans. Aucun ne donnait sur cette partie là des étages. Toutes les caméras étaient dirigées vers les entrées et sorties quand il s'agissait du parking.

Soulagé, j'avais regardé mon reflet dans un moniteur éteins et alors que les dernières traces provoquées par le feu qu'il avait utilisé s'effaçaient, j'avais décidé de retrouver ma voiture et partir, avant que quelqu'un ne m'interrompe. J'étais toujours dans un état bien trop volatile pour ça...