Je devais bien admettre que j'avais été surprise d'avoir des nouvelles de Zach aussi vite. Bien qu'on ai convenu de ne pas attendre aussi longtemps pour se revoir, la dernière fois. C'était très récent, surtout avec les préparatifs pour son nouvel album. J'étais légèrement inquiète du coup, parce qu'il avait dit avoir besoin de mes connaissances, sans en dire plus. C'était pour ça que je ne l'avais pas fait attendre longtemps et avait simplement profité d'un trou entre deux cours pour lui dire de venir à l'université. Nous aurions amphithéâtre pour nous seuls pendant deux heures et comme je ne rentrais pas en général et apportait plutôt mes affaires pour étudier la magie dès que j'en avait le temps... C'était plus pratique, comme ça.

Restait à présent à savoir ce qu'il voulait me demander. J'avais pensé qu'il parlait de mon job, parce que c'était l'unique chose qu'il me savait connaitre. Mais je me demandais sincèrement ce qu'il pouvait vouloir connaître de ce que j'enseignais et doutais presque. Après tout, je lui avait déjà expliqué mon travail et en quoi il consistait. Enseigner des mythes, de la théologie et toute l'histoire et les coutumes derrière les sciences occultes était ma passion. Mais je n'étais pas certaine que ce soit, même un peu, dans ses centres d'intérêts.

Je tournais mes pensés dans tous les sens en l'attendant. Essayant de voir ce que je pouvais avoir manqué ? Peut-être qu'il voulait un avis extérieur sur une musique ? Peut-être que ça n'avait rien à voir avec ces connaissances là ? Peut-être qu'il voulait un avis pour une relation, pour... J'avais tourné la tête en sentant sa présente et sourit :

« Zach, salut. Entre ! » Je m'étais levée et avait quitté mon bureau pour renchérir mon invitation et aller fermer la porte de l'amphi derrière lui. Autant que nous soyons tranquilles quelle que soit la discussion qu'il voudrait avoir.

« Ton sms était plutôt énigmatique. De quoi tu veux parler ? »

J'ignorais si c'était que j'avais voulu me rassurer ou si ça me paraissait juste réellement improbable que Zach veuille me voir pour parler de trucs en rapport avec mon travail. Mais le rendu était le même, j'avais été surprise quand il avait répondu à ma question et dit clairement de quoi il voulait discuter. La résurrection ! La résurrection, BORDEL ! J'avais lutté pour ne pas laisser paraitre la surprise et l'inquiétude qu'avait provoqué sa question sur mon visage. Parce que pour le moment nous ne parlions que théorie et mes connaissances en sciences occultes, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ? Répétais-je mentalement, alors que j'ignorais réellement quoi répondre. J'avais des réponses. Des réponses théoriques, basées sur des mythes et légendes, sur des croyances religieuses... Il y avait beaucoup à dire sur la résurrection, mais... la vraie question c'était pourquoi me demandait-il quelque chose sur CE sujet là ?

Consciente que je ne pouvais pas rester silencieuse longtemps sans paraitre suspecte, j'avais décidé de répondre quelque chose, pour entrer en matière calmement et pouvoir l'interroger à mon tour, afin de comprendre d’où sortait ces interrogations.

« Les mythes et religions sont nombreux à parler de résurrection, bien entendu. La plus connue étant celle de Jésus soit disant revenu d'entre les morts après la crucifixion. La mort est un sujet qui effraie beaucoup de gens, certains théorisent que c'est pour cela qu'on parle de résurrections, de paradis ou de vie après la mort dans beaucoup de religions et croyances. »

Je m'arrêtais là, considérant que j'en avait assez dit pour l'interroger sans paraître inquiète ou suspecte.

« C'est une question particulièrement précise et sortie de nulle part, non ? Pourquoi un thème pareil ? » J'avais volontairement demandé tout ça sur le ton de l'humour, afin de garder le change. J'ignorais s'il savait quoi que ce soit, ou s'il voulait juste des infos pour une chanson ou... une chanson à propos de la résurrection ? Vraiment Clarke ? J'essayais de me convaincre de ça, parce que je voulais que ce soit une raison aussi lambda. Ou plutôt, parce que je ne voulais pas que ce soit pour une raison plus sombre, réelle et surnaturelle. Mais même sans le dire à voix haute, je ne croyais pas à cette idée de chanson.

J'avais beau réfléchir, cela dit, je n'étais pas sûre de voir de raison pour qu'il pause une question pareille, autre que celle qui paraissait évidente. Mais je pouvais juste me tromper, ne pas avoir toutes les données, ne pas comprendre ou manquer quelque chose. Alors je refusait de laisser échapper une information dangereuse et réelle, sans savoir.

Une part de moi voulait croire que c'était pour une raison tout à fait banale qu'il me posait ces questions. Mais ça n'était pas la partie raisonnable ou dotée d'intelligence. C'était juste l'amie en moi qui se disait que s'il savait, toute sa vie risquait de changer et de devenir sombre. Vraiment sombre.

Il avait commencé à parler, pour répondre à ma question, à moi. Et quand il avait dit les premiers mots « pour être vraiment honnête » mon esprit s'était mit à divaguer et à penser à la manière dont j'avais appris pour le surnaturel. Dont j'avais apprit que j'étais une sorcière.

Je ne regrettait pas d'être une sorcière, ou de savoir tout ce que je savais. Même avec tout ce que j'avais enduré. Pour moi, apprendre était aussi important que respirer. Le savoir, connaître le passé, s'instruire sur tout ce qui m'entourait, c'était synonyme de force et de sagesse. Je ne pensait pas être sage, cela dit. Pas dans le sens général ou disons du point de vue de la majorité des gens. J'étais du genre à ne pas vouloir répéter une erreur plusieurs fois et à apprendre de mes erreurs. Je voulais savoir, plutôt que juger... Mais ça, c'était moi ! Zachary était différent. Et si savoir foutait sa vie en l'air ? Et si... STOP ! J'avais fait stopper le fil de mes pensées, me forçant à attendre et écouter sa réponse. Lui seul pouvait m'expliquer pourquoi il me posait des questions pareilles. Lui seul pouvait me dire s'il savait ou si ça n'était qu'une question comme une autre.

J'avais entendu ses paroles, mais je n'avais pas tout compris. Alors j'avais retourné les mots dans ma tête, encore et encore, cherchant à savoir ce qu'il disait, de qui il parlait. Puis...

« Tu veux dire Jaden ? »

J'avais finalement compris, n'est-ce pas ? Tout s'alignait ! « Censé être mort » Check. « rompre » Check. Il parlait évidemment de quelqu'un qu'il avait fréquenté. Et je ne connaissait qu'un ex à lui qui était décédé. BORDEL DE MERDE ! Cette fois, le choc devait se lire sur mon visage, mais j'avais des raisons d'être choquée, alors ça m'importait peu. Pourtant mon cerveau lui pensait à bien plus et était aller au delà du simple choc que j'affichais. Parce que dans ma tête une seule chose faisait sens. Qui était assez perfide pour faire croire à sa mort seulement pour ne pas rompre avec quelqu'un ? Et impliquer une autre personne pour venir annoncer le décès ? Non. Il était mort. Était étant le mot d'ordre. Voila pourquoi il parlait résurrection. Et voila pourquoi rien, absolument rien de tout ça ne faisait sens à ces yeux. Mais aux miens... c'était différent. Il n'y avait réellement qu'une façon de revenir d'entre les morts. Malgré toutes les croyances et mythologies. Un démon. Jaden était un démon, forcément. Mais je ne pouvais pas dire ça à Zach, si ? Est-ce que je devais ? Il était venu pour avoir des réponses et en savait déjà trop. Si je ne lui donnait que mes réponses de prof, fausses et prétendait que le monde était tout sauf ce qu'il était... je doutais qu'il y croit. Il n'aurait pas de réponse réelle. Il continuerait d'essayer de comprendre, n'est-ce pas ? Et ça pourrait mal finir. Alors que si je lui disait, moi...

Je m'étais tellement perdue dans mes pensées que j'avais presque sursauté quand il avait repris la parole. Surprise d'entendre une autre voix couvrir mes élucubrations mentales.

« Non... Non je te prends pas pour un cinglé, soit pas bête... Je veux dire... Tu as pas à t'inquiéter pour ça, avec moi. Pareil pour... » Je prenais une inspiration et le regardait avant d'ajouter :

« Tu as bien fait de venir me voir, moi. C'est pas quelque chose qu'on peut dire à n'importe qui et je te promet que tu peux me faire confiance. Maintenant... avant que j'en dise plus... Est-ce que tu es certain que tu veux savoir ? Est-ce que tu veux vraiment une réponse, pas de la prof, mais... de moi ? Ou est-ce que tu préfères pas oublier tout ça et avancer ? »

Je devais demander ça. Non seulement parce qu'on étaient amis, mais aussi parce que lui dire voudrait dire lui confier ce que j'étais, sur le long terme en tout cas. Et j'avais peur de ce que ça pouvait impliquer.

On en était réellement arrivés au point ou je demandais l'accord de Zach pour lui apprendre des choses sur le surnaturel ? Il semblait que oui. Pourtant j'avais encore du mal à le réaliser, parce que s'il y avait bien une personne que je penserait pas se voir mêler à tout ça, c'était lui. Il n'y connaissait rien, ni démons, ni sorciers, ni humains avec pouvoirs... rien. Du moins de ce que je savais. Et vu ses questions d'aujourd'hui, j'aurais tendance à continuer de le penser. Il vivait sa vie, tranquillement, même s'il avait ses propres problèmes et surtout en dehors de tout ça. Je ne pouvais pas dire que je l'enviais, parce que j'aurais jamais voulu revenir en arrière à la période ou j'ignorais ce que j'étais. Mais au moins, il était serein quand il s'agissait de ça.

Et pourtant on en étaient là. J'ignorais comment tout s'était déroulé exactement avec Jaden. Parce qu'il avait confirmé que c'était de lui qu'il parlait ce à quoi j'avais hoché la tête en réponse. Mais ça n'avait pas d'importance. C'était réel et j'avais demandé l'autorisation de mon ami de longue date pour parler de manière moins théorique et pour savoir s'il voulait vraiment aller sur ce terrain.

Bien entendu il n'y avait pas beaucoup de solutions, parce que quand je parlais d'oublier, je ne connaissais pas réellement de magie pour ça. Enfin... SI. Il y avait le léthé, ou l'oblivio. Mais l'un n'était pas assez puissant et surtout aurait du être prit dans l'immédiat après la révélation. Et l'autre, pour l'avoir testé récemment était efficace. Trop efficace peut-être. Je ne pouvais pas croire que ce soit mieux pour lui. Alors il s'agissait de savoir si lui pouvait faire comme s'il n'avait jamais appris ça. Après tout, ça n'aurait pas été la première personne à le faire. Dylan, le reste de mes proches au Texas... tout le monde avait essayé de rationaliser le tout, même si rien ne pouvais être rationaliser réellement. Oublier ils l'avaient fait. Ils avaient remplacé leurs souvenirs comme bon leur semblait. Si pour une fois ça pouvait avoir un effet positif...

Mais il me disait bien vite ne pas pouvoir oublier et d'une certaine façon, j'étais fière de lui. Il n'agissait pas comme tous ces gens qui m'avaient rejetée. Même si pour le moment, il ne savait rien de ma nature, il ne pouvais pas se contenter de faire comme si. Comme si tout était un mirage, comme si les autres étaient des connards et avaient essayé de le faire passer pour fou ou lui faire une mauvaise blague.

« Très bien. Je vais te répondre. Je vais répondre à toutes tes questions. Mais... Tu devrais t’asseoir avant tout... » J'avais fait la place et décalé ma chaise de bureau, je l'utilisais jamais en cours, seulement pour travailler après. Et si j'allais plus ou moins lui faire un cours magistrale, je n'allais quand même pas le faire s’asseoir dans les gradins de l'amphi.

« Je ne vais plus parler théorie et théologie... Ce que je vais te dire, ce n'est pas ce que j'apprends à mes étudiants. Même si... ça rejoins certaines croyances sur des points. » Après tout, on avait déjà abordé le sujet des démons et bien d'autres sujet réels. La différence c'était que là, les informations avec seraient vraies et non pas sorties de croyances populaires ou anciennes mais erronées. Après la théorie... la réalité...

« La résurrection existe véritablement. Mais pas sous toutes les formes. Sous une seule, à vrai dire. Je... » Bordel, comment j'étais censée formuler ça au juste ? Comment on parlait d'enfer, de démons... de but en blanc, sans préambule ?

« La seule manière de revenir d'entre les morts, dans notre monde, c'est de revenir de l'enfer. En... démon. » Ouai, pas du touuuuuut doux comme approche ! Cela dit, je ne voyais pas d'autre façon de lui dire ça. C'était pas le genre d'information qui se disait avec un sourire et une tape sur l'épaule.

« L'enfer et le paradis existent, Zach. Je sais que c'est... beaucoup à encaisser et que ça peut-être difficile à croire mais ce que je te dis est réel. Je l'ai vu de mes propres yeux. Enfin... je ne suis pas aller dans l'un ou dans l'autre, je suis vivante et humaine. Mais... j'ai déjà... tâtonné aux limites du paradis pour aider quelqu'un. C'est réel. Bien réel. »

Je n'avais pas confirmé ses mots, j'étais bien trop occupée à essayer de trouver les miens pour tenter de dire la vérité sans être trop brutale. Et c'était pas quelque chose de facile vu le sujet, quant à sa réalisation... elle se passait de confirmation. Il était intelligent, il pouvait faire le calcul sans que je m'en mêle plus. L'espace d'un instant, parce que je m'étais perdue dans mes explications pour ne pas risquer de faire marche arrière, je n'avais pas compris ce qu'il avait sous-entendu en parlant de son père. Le paradis, l'enfer... Il y croyais oui. Mais quand je m'étais finalement tue avec ces premiers flots d'informations, j'avais réalisé.

« Attends, quand tu dis, "il avait raison"... Ne me dis pas que tu parlais de ces trucs abjectes qu'il osait te dire ? Parce que NON ! Il n'a pas raison, il n'a jamais eu raison, Zach. »

Son père était humain, un humain déplorable si je me fiais à ce qu'avait pu me raconter Zach toutes ces années. Il ne savait rien du paradis et de l'enfer. Il s'était mis des choses en tête, des choses qui n'avaient rien à voir avec Dieu, Lucifer et tout ce que ce monde était réellement.

« C'est une bonne chose que tu me crois sur parole. Parce que crois aussi ça. Ton père à tord ! NE crois jamais qu'une seule chose qu'il t'ai dit était vraie, okay ? » J'avais dit ces choses, pour défendre mon ami et parce que je le pensais vraiment. Non, je le savais ! Mais au final, ça avait eu le mérite également de retarder l'inévitable. Ma réponse à sa question fatidique. Comment je savais tout ça ?

« Je... Avant que je te dises comment je sais. Je veux juste te dire deux trois trucs. » Commençais-je, légèrement effrayée. J'avais confiance en Zach, ça n'était pas le soucis, ça ne l'avais jamais été. Mais c'était une sacré révélation, plus le fait que je lui avait caché... Je voulais lui expliquer pourquoi, avant toute chose.

« Je ne t'ai rien dit jusque là, parce que je pensait pas en avoir le droit. Je veux dire... t'annoncer que le paradis, l'enfer, ou les anges et les démons existent... C'est pas quelque chose qu'il m'appartient de décider. Et on peut difficilement revenir en arrière si tu préférais ne pas savoir. Tout ce que je veux dire, c'est que c'est pas que j'ai pas confiance en toi. Ou que je n'avais pas envie de te le dire... C'était juste... compliqué. »

J'inspirais profondément et décidais d'arracher le pansement. Les détails pourraient venir après. Le dire, ce serait plus simple si ça venait d'un coup. Sans perte de temps, sans repousser plus les choses.

« Je suis une sorcière... Je l'ai appris ado. Et ensuite... j'ai étudié le reste. Enfin, pas tout mais... » Je prenais une autre inspiration et ajoutais :

« Si je suis partie du Texas, c'était en partie pour ça. Mes parents... Toute ma famille ne croient pas en la sorcellerie, aux pouvoirs et... Ils m'ont prit pour une folle, les autres pour un monstre. C'était plus simple de partir, de leur mentir sur mes études et mon travail... D'arrêter de parler de magie avec eux. » Plus simple ? Pas vraiment. Mais c'était mieux pour moi, que de finir dans une institution comme ils l'envisageaient. C'était mieux que d'entendre ma mère dire qu'elle avait peur de moi et de ces choses que j'inventais et mettais sur le compte de cauchemars prémonitoires. Plus simple, ça ne l'avais jamais vraiment été et c'était pour ça que je coupais de plus en plus les ponts avec eux. Maintenant, j'avais Caleb après tout...

« Je devrais peut-être ralentir... ça fait beaucoup d'infos ? »

J'avais été catégorique quand je lui avait dit que son père avait tord, non pas parce qu'il était mon ami et que je voulais l'aider. Même si c'était le cas. Mais parce que j'étais convaincue de ce que je disais. Pas seulement parce que je n'étais pas une connasse d'homophobe comme certains de notre Texas natal. Mais surtout parce que j'avais étudié la théologie et je savais des choses, réelles en plus de ça. Des choses qui méritaient d'être dites, pour qu'il réalise à quel point son père avait tord. Parce qu'il fallait qu'il le sache. Il ne pouvait pas penser finir en enfer simplement parce qu'il était lui même. Il ne pouvait pas penser comme ça, tout court.

« Non tu ne finiras pas en enfer parce que tu ai gay. Pas plus qu'on peut finir en enfer pour aimer qui que ce soit. Il y a des passages dans la bible qui sont... affreux. Et homophobes. Mais tu dois te souvenir que ce livre à été écrit par des humains. Ce n'est pas une création divine, contrairement à ce que certains essaient de faire croire. » Ses soit disant prophètes ne devaient pas en être réellement. Même si les prophètes existaient, je doutait qu'ils aient le droit de répandre des trucs abjecte comme ça. Si on pouvait parler de droit ? Quoi qu'il en soit, et ce même si je n'avais pas toutes les informations sur tout. Il y a des choses dont j'étais sûre pour corroborer mes dires.

« Je ne sais pas tout sur le paradis, les anges ou Dieu. Ni sur l'enfer. MAIS je sais par contre qu'il faut bien plus que simplement aimer quelqu'un ou être intime avec quelqu'un. Peu importe le quelqu'un. Il s'agit de faire du mal, de mauvaises décisions du genre... meurtre, viol et toutes des choses affreuses... » Ou toutes les choses que j'avais fait pour Adonis. Ça, oui, ça pouvait emmener quelqu'un en enfer. Mais pas être gay. Pas aimer qui on voulait.

« Je comprends ne t'en fais pas... Le mieux, ce serait peut-être que tu en parles avec quelqu'un de mieux placé... Pour... te rassurer. Pas que je pense que tu doutes de moi, comme tu dis. Mais a force de t'être fait assommer de ces paroles par ton père... Ça a toujours plus de valeur ce genre d'infos si ça viens de la bonne personne. Une qui sait mieux que quiconque. Et bien mieux que ton connard de père ! Je pense à un ange. » Comment douter ou encore se sentir en tord ou destiné à l'enfer, si un ange vous disait que vous n'aviez rien à craindre ? Bon c'était un peu bizarre de dire ça, vu ma crainte vis-à-vis de ces créatures. Mais sur ce point en particulier, je doutais qu'il puisse y avoir un soucis.

J'avais préféré parler de ça. Parce que ma révélation, aussi importante qu'elle était, il l'avait acceptée avec simplicité. Il comprenait et me remerciait même de ne pas lui avoir dit avant. J'avais fait ce choix pour lui, parce qu'il ne pouvait pas le faire sans savoir et que... Pas important, il comprend !

« Oui, on dirait... Merci. » Soufflais-je avec un sourire reconnaissant. Il était désolé et je le croyais facilement. D'autant plus qu'il savait ce que c'était. Même si c'était différent, on pouvait se comprendre. A dire vrai, qu'il sache finalement faisait qu'on pourrait probablement se comprendre davantage qu'en nos dix sept ans d'amitié.

« Au moins, maintenant, tu sais pourquoi je suis partie. Et... oui je peux lancer des sorts entre autre. Mais c'est sure qu'entre toutes les créatures que j'ai nommé, au moins un sorcier c'est plus humain... » Ricanais-je alors qu'il m'acceptait si facilement. Il n'était pas le premier, dans cette ville à le faire. Dans notre Texas natal, ça aurait été autre chose...

Je lui avait proposé ensuite de faire une pause, parce que c'était beaucoup d'informations combinées en une seule fois. Et il fallait qu'il dépasse la phase de choc pour beaucoup d'entre elles. Il avait accepté avec plaisir et j'avais sourit, compatissante :

« Tu m'étonnes, ça fait beaucoup... On peux même arrêter pour aujourd'hui, si tu veux ? Je veux dire... J'ai répondu à ta question principale non ? Je... pas que je veuille pas répondre à d'autres. Mais je me dis que ça fait beaucoup à encaisser. Et je voudrais pas t'accabler non plus. Ça doit déjà être un gros choc. »

Il disait vouloir y croire et c'était tout ce que je voulais pour lui. Parce que croire aux paroles affreuses de son connard de père... ça n'était pas bon pour lui. Il en souffrait, à raison. Comment quelqu'un pouvait parler en ces mots à son enfant ? Comment quelqu'un pouvait avoir de telles croyances, tenir de tels propos... ça me dépassait ! Tout ça au nom d'une religion et pour un Dieu qui n'avait rien demandé et n'approuvait pas le message... C'était son père qui s'était fourvoyé et finirait en Enfer s'il continuait comme ça. Ironie, quand tu nous tiens !

« En effet. Parler à un psy pourra peut-être t'aider. Je déconseille de parler de surnaturel, mais... Pour le reste et la religion de ton père. Et ses affreuses paroles... » Je ne doutais pas de l'efficacité de la thérapie. J'aurais été la première à prendre un rendez-vous si mes problèmes n'étaient pas uniquement surnaturel. Il n'y avait aucune façon d'expliquer et de guérir de mes soucis sans mentionner la vérité et passer pour une folle. Il s'agissait pas de religion, mais de créatures surnaturelles, d'un massacre, de moi qui avait fuit les lieux avec d'autres... Rien n'allait dans ce récit. Pas pour des oreilles humaines en tout cas et... pas pour moi non plus ! Mes mains s'étaient serrées en poings sans même que je le remarque et ma respiration s'était accélérer. Pourquoi, Clarke ? Allez souffle, n'y pense plus...

« Disons que c'est possible et compliqué à la fois. Je ne suis pas sûre de savoir comment en rencontrer. Je... Je n'ai rencontré mon ange que quand elle s'est présentée à moi. Et avant ça, j'ignorais son existence, donc... Mais quand tu en rencontres. Tu peux leur parler et poser des questions. Elle était d'accord avec ça. Elle a répondu. Si on peu appeler ça des réponses... » Parce que certaines fois, elle n'avait rien éclairci. Après tout, comme l'aurait-elle fait puisqu'elle n'avait pas posé de question elle même. Juste obéit aux ordres ?

« Du coup... peut-être une combinaison des deux ? Le psy pour ce qui est humain. Et l'ange pour les questions moins humaines ? » J'aurais pu le dire de différentes manières, plus claires, pour commencer ! Mais je refusait ça. Parce que nous avions été suffisamment clairs jusque là et mon but n'était pas de blesser mon ami en lui rappelant sans cesse les paroles de son père.

Quand on voyait la compréhension avec laquelle il avait accepté ma révélation... Une sorcière ! Et il avait simplement dit "okay, je t'aime toujours tu sais". Enfin, grossièrement c'était ça. Et c'était surtout à l'opposé de l'acceptation que j'avais eu dans mon adolescence. Il parlait de survie et si je n'étais pas sûre que ma vie ai été en danger, je pouvait comprendre ce qu'il voulait dire. Après tout, est-ce que c'était vivre ou survivre que d'être enfermée contre sa volonté, parce que j'étais différente ?

« Malheureusement, tout le monde ne voit pas forcément les choses de cette façon. Mais c'est comme pour tout. Tu en sais quelque chose... L'ignorance, la peur... Ce sont des problèmes récurrents chez les humains... » C'était pour ça que j'avais de plus en plus de facilité à faire confiance à des créatures en lien avec l'Enfer. Sorcier, déchu, même démon... Pas seulement parce qu'ils m'avait protégée comme je l'avais déjà dit à Evelyne. Mais parce qu'ils ne mentaient pas sur qui ils étaient ! Parce qu'on pouvait considérer les démons comme des monstres, mais que ça ne faisait pas des humains quelque chose de meilleur. Et quand on voyait ce que Zach ou moi avions vécu enfants... qui étaient les monstres au final ?

« Oui, je comprend ! Ça a du te faire un choc et vouloir des explications est normal. Ne t'en fait pas, on s'arrête là ! Si jamais tu as d'autres questions, de toute façon, tu sauras ou me trouver. » J'avais ponctué le tout d'un sourire, non seulement par amitié, mais également parce qu'a présent, je n'aurais plus besoin de lui mentir pour justifier quoi que ce soit.

« Oh... ça aurait été avec plaisir, seulement... Comme ton message avait l'air inquiétant... j'ai fait au plus vite, mais pas au plus pratique ! J'ai encore des cours à donner aujourd'hui. J'avais juste un trou... »

Je lui offrait une moue désolée, puis ajoutais :

« Mais on se reverras vite, promis. Que ce soit comme ça, ou pour écouter ta démo ! »