Je venais de finir ma journée de travail, seule au bureau, pendant que Jace s'occupait d'un contrat. J'avais donc prit ma propre voiture ce matin et m'apprêtait à la retrouver pour rentrer à la maison, tout en espérant qu'il ne me rejoigne pas trop tard. C'était un programme plutôt simple et normal. D'une certaine façon, notre vie l'était plus ou moins dernièrement. Si ce n'était la résistance, mes entrainements avec mes pouvoirs... le fait que nous étions des nephelims, accessoirement. Malgré tout notre vie était plus normale qu'elle ne l'avait jamais été. Je savais que ça n'était que le calme avant la tempête. Ou plutôt l’œil du cyclone. Malheureusement, la deuxième est plus correcte ! Songeais-je alors que j'allais appuyer sur le bouton de ma clef pour ouvrir l'habitacle.

Je n'avais pourtant jamais appuyé et m'étais laissée distraire par un bruit dans la ruelle d'a côté. Il avait rapidement été suivit d'un cri et je n'avais pas réfléchi. J'avais simplement foncé vers ces derniers, pour en trouver l'origine. Et pour la trouver... je l'avais trouvée... Un homme menaçait une jeune femme d'un couteau et se rapprochait dangereusement d'elle. Mon cerveau avait alors réfléchi plus vite que son ombre. Avec la trêve, ça n'était pas un démon. Pas un de ces déchus qui tuaient les nôtres non plus. Nous avions eu note à la résistance qu'ils avaient été entièrement détruits. Une bonne nouvelle ! Alors... humain ? Certainement, oui ! Je ne pouvais pas me servir de mes pouvoirs contre lui. C'était trop dangereux. Peut importait qu'il soit un enfoiré... je n'allais pas prendre le risque de le blesser, ou pire le tuer. Mais j'avais d'autres possibilités non ? La première étant d'essayer d'éviter le combat et le faire fuir. S'il voyait qu'ils avaient de la compagnie... peut-être qu'il abandonnerait ? Il abandonnera, non ?

« Vous devriez la laisser partir. C'est mieux pour tout le monde ! » Fis-je, alors que je m'étais rapprochée en silence, pour pouvoir intervenir au besoin. Instinctivement, la femme avait eu un nouveau mouvement de recul quand j'étais arrivée. Elle profitait de ma distraction pour s'éloigner au mieux de son attaquant. Une bonne idée ! Cela dit, et malheureusement pour nous, son bourreau n'était pas aussi futé qu'elle et sa réponse m'avait fait perdre tout espoir de régler ça sans en venir aux mains.

« Si tu attendais ton tour, plutôt ? »

Apparemment la présence d'un témoin ne le dérangeait pas, surement parce que mon gabarit le laissait croire qu'il pourrait nous maitriser toutes les deux. Même si je doutais réussir à le convaincre, j'avais insisté par acquis de conscience, voyant qu'il n'avait pas refait un pas vers la jeune femme.

« Ce sera mon dernier avertissement. Partez ! » Cette fois, il s'était mit à rire et s'était tourné vers moi, avançant d'un air menaçant. « Tu as gagné, tu passes la première ! » Voila pourquoi il n'avait pas bougé avant. Il hésitait ! Il cherchait à décider à qui s'était le tour. Quel connard ! Les cours que j'avais suivi, plus les entrainements de la résistance avaient alors forcé mon corps à réagir. Mes muscles s'étaient tendus, mes bras mis en place pour me protéger et tenter au plus vite de le séparer de son couteau. Il avait tenté une attaque, plongeant le couteau le premier... encore, un choix pas du tout avisé ! J'avais reculé, évitant la lame et donné un coup de pied dans son poignet pour le désarmer. Ça c'est fait ! Prit de colère, il avait alors essayé de me mettre un coup, mais j'avais heureusement arrêté son geste et réussi à lui torde le bras, le plaquant dans son dos.

J'avais alors levé les yeux vers la femme, qui était bloquée, immobile au fond de la ruelle, et avait crié :

« PARTEZ ! MAINTENANT ! » Ça avait eu le mérite de la sortir de sa torpeur et elle s'était carapatée loin d'ici, sous mon regard attentif. C'était une erreur de débutant. J'avais baissé ma garde pour m'assurer qu'elle était hors de danger et l'homme en avait profité. Il m'avait donné un coup dans les côtes, me faisant lâcher ma prise. Puis, il m'avait poussé de toutes ses forces me projetant en arrière. Le choc m'avait momentanément coupé le souffle, ou alors, c'était autre chose ? J'avais vu des étincelles de plus en plus grosses et visibles et soudain, j'avais comprit. Je n'avais pas heurté un mur, mais un générateur électrique ou je ne sais quoi du genre. Mais comment ? Comment je pouvais être consciente si j'avais heurté un truc pareil et que des morceaux avaient cédés sous mon poids et la force de l'homme ? Comment j'étais encore en vie ?

« Bordel... mais t'es quoi au juste ? » J'avais levé les yeux vers l'homme, énervée. Et j'avais vu son regard effrayé. J'avais alors baissé les yeux, avisant mes mains qui brillaient des même étincelles que je croyais appartenir à l'appareil derrière moi. Qu'est-ce que c'est que ça ? Cette question méritait réponse, mais... pas maintenant. Rapidement, j'avais sentit que quelque chose était encore plus anormal que ça. J'avais une impression oppressante, comme si tout mon être demandait à se défaire de quelque chose. Comme si, j'allais exploser ou... libérer quelque chose.

« PARTEZ ! » Ce cri était plus violent encore que celui que j'avais hurlé plus tôt. Parce que j'avais peur, non pas de lui. Mais de ce que je pouvais lui faire. Quelque chose n'allait pas et j’ignorai exactement ce que c'était, juste que ça allait se produire, parce que j'étais incapable de l'empêcher, de le contrôler...

Ça avait été sa seule journée de congé depuis un bon moment. Bien que la démone ne ressentait pas le besoin particulier de dormir ou de se reposer, le fait d’enchaîner les entrevues barbantes avec des humains tout aussi pénibles, avait finalement eu raison de sa patience. Bien qu’elle appréciait normalement son travail, du moins, cette façade de sa vie, elle ne portait toujours pas particulièrement les humains dans son cœur. C’était probablement l’une des caractéristiques standards des démons, bien qu’elle pouvait toujours les tolérer plus facilement que la plupart d’entre eux. C’était déjà une avancée.

La blonde, un café à la main, histoire de lui apporter un semblant de réconfort, fut heurter de plein fouet par une femme qui semblait fuir quelque chose. Malgré le choc, la démone avait pu sauver la boisson chaude, tout en constatant la panique tirant les traits de celle qui venait de mettre la vie de son café en danger. Par chance, il n’avait eu aucun blessé. Plus de peur que de mal. La jeune femme avait continué sa course, sans s’excuser, à peine un regard pour la démone. Alors que Katie allait lui crier sa façon de penser, un éclair, très vif, accompagné d’un bruit sourd attira son attention. Qu’est-ce que c’est que ça? Il y avait de fortes chances que ce phénomène soit en lien avec la course effrénée de l’inconnue. Après un court moment de réflexion, Katie poussa un faible grognement, et se dirigea vers la source de tout ce tapage d’un pas rapide. Des cris lui avaient fait accélérer le pas, jusqu’à perdre l’intérêt pour la pauvre boisson qui avait terminé sa chute contre le sol.

« Mais qu’est ce que… » avait murmuré la blonde, une fois sur les lieux, alors qu’elle dirigeait son regard vers la brunette, qui semblait être sur le point… d’exploser? Katie n’aurait pu décrire la situation de manière cohérente, mais vraisemblablement, elle voulait protéger l’humain qui se trouvait devant elle, bien que la mise en garde n’avait pas eu l’effet escompter sur celui qui s’était figé sous l’effet de la peur. Mais dans quel bordel elle venait de mettre les pieds? Usant de son don de télékinésie, la démone avait réagi rapidement en envoyant valser l’homme, qui ne tenait manifestement pas à sa vie. « Il faut que tu canalises cette énergie… Concentre toi sur quelque chose, sinon ça va partir dans tous les sens » avait lancé la démone sur un ton, qui s’était voulu ferme, mais rassurant. Il fallait qu’elle se concentre, sinon qui sait ce que cette énergie pourrait créer si elle explosait en tous sens? Elle en prendre définitivement plein la gueule.

Jusqu’alors concentrée sur celle qui était sur le point d’exploser, la blonde avait jeté un rapide coup d’œil à l’homme qu’elle avait envoyé valser. Il avait finalement pris les jambes à son coup. Katie lui aura finalement donner une petite poussée, de quoi le motiver à rester en vie.

« Ça va aller » fit la blonde d’une voix qu’elle voulu rassurante, alors qu’elle hésitait à s’approcher de la boule d’énergie. Peut-être la verrait-elle comme une menace, alors Katie préférait rester à distance, dans l’espoir que la jeune femme puisse reprendre le dessus sur cette étrange énergie.

L'homme ne partais pas et contribuait encore plus à ma panique. S'il ne fuyait pas de suite, j'allais le blesser ou pire. A quoi il jouait ? Je semblais être en train de développer un nouveau pouvoir, chose que j'aurais préféré éviter. Mais en prime, j'ignorais totalement ce qu'étais ce pouvoir ou comment le contrôler. Ce qui en soit était déjà effrayant, mais si ça mettait en danger des humains...

J'avais vu du mouvement du coin de l’œil et vu entrer une personne, dans la ruelle. Une femme blonde. Elle avait probablement été attirée par le bruit, les éclairs et tout le schmilblick. Non pas deux !! Si blesser une personne m'étais déjà insupportable, blesser une autre humaine me paraissait insurmontable. J'allais crier aux deux de partir de nouveau. Quand la blonde avait semblait-il envoyer valdinguer l'homme par télékinésie pour l'éloigner de moi. Qu'est-ce que...

Je la pensait humaine, mais avec la démonstration qu'elle venait de faire. Elle pouvait être d'autres choses. Quoi qu'il en soit elle semblait vouloir protéger l'homme et son intervention avait eu le mérite de fonctionner et le faire partir. Pourtant, elle, elle était toujours là. Et si elle tentait de m'aider à me contrôler, probablement parce qu'elle savait ce que c'était que d'avoir un pouvoir... ça ne fonctionnait pas !

« J'essaie... »

Soufflais-je pour toute réponse. Je me concentrais déjà comme jamais. J'avais du forcer pour ne pas craquer avant et ne pas blesser l'homme, mais... ça voulait sortir et je doutais être capable de l'empêcher. Tout comme j'ignorais exactement comment faire pour choisir de contrôler les décharges quand effectivement, elles sortiraient.

Elle me disait que ça allait aller et si son ton se voulait rassurant, sa simple présence n'aidait pas. Je voulais lui dire de partir, mais j'avais eu du mal à parler juste avant. Et ça n'était qu'un mot. Je sentait la force de ce qui m'avait imprégner pousser pour s'échapper et je n'allais pas pouvoir le retenir longtemps. Ne me sentant pas capable de parler, malgré toute ma bonne volonté, j'avais donc concentré mon esprit comme elle l'avait dit. Autant que je le pouvait. Et je fixais le mur d'en face, vide. Une fois concentré au maximum de mes capacités, j'avais lâché, laissé s’évacuer l'énergie avant que ça ne se fasse tout seul. Car je craignais que ça soit encore pire de cette façon.

J'ignorais si je ne m'étais pas suffisamment concentrée, ou s'il y avait juste un meilleur moyen de contrôler ce genre de chose... Mais ça n'avait pas fonctionné. Pas pleinement. L'énergie était sortie comme par vague, des éclairs s'étendant face à moi, mais partant également sur des cotés dans des craquements inquiétants. Je ne pouvais rien faire maintenant que toute cette énergie sortait de moi. J'avais plutôt l'impression que je me vidait de la mienne au passage. Et quand ça avait fini, j'avais a peine eu assez de forces pour me tourner et vérifier si la jeune femme était indemne :

« Ça va ? »

La jeune femme n’était visiblement pas à l’aise en sa présence, mais la démone ne pouvait quitter les lieux sans s’assurer de l’état de celle qui se trouvait devant elle. Katie n’avait aucune idée de ce que cette étrange énergie allait lui faire. À elle non plus, si elle se prenait une décharge, soit dit en passant. Et puis, la blonde ne pouvait détourner les yeux de cette énergie incommensurable qui émanait de la brune. Elle savait qu’elle ne pourrait la contenir très longtemps et la démone se préparait au pire… Quand soudainement, elle avait tout lâché. Manifestement, elle avait tout fait ce qui était en son pouvoir pour concentrer cette décharge en direction d’un mur à proximité, mais plusieurs vagues s’étaient dispersées autour d’elle. L’une de ces dernières l’avait frappé de plein fouet, ce qui avait violemment projeté la blonde contre un mur de la ruelle. Son corps s’était enfoncé dans la brique usée, la force de l’impact créant de petits sillons s’étalant telle de l’encre dans de l’eau. Une vraie œuvre d’art.

Le choc l’avait secoué l’espace d’un instant. Ça n’avait pas été suffisant pour la blesser, mais ça l’avait bien surprise, ça c’était certain. La question de la jeune femme l’avait presque fait rire. Comment pouvait-elle s’inquiéter de son état, alors qu’elle venait de se décharger d’une telle énergie. Cela l’aurait fait sourire si elle n’avait pas été encastré dans un mur il y a à peine quelques secondes.

« Oui ça va, ne t’inquiètes pas pour moi, je suis plus forte que j’en ai l’air » avait répondu la blonde alors qu’elle reprenait ses esprits, s’efforçant d’être compatissante. Katie avait passé une main dans ses cheveux, les secouant dans le but de retirer les quelques débris et la poussière qui s’y étaient logés.

« Et toi ? Comment ça va ? Tu as l’air exténuée. » demanda la démone alors qu’elle avançait vers la jeune femme. Katie n’avait aucune idée comment cette dernière allait réagir quant à leur proximité, mais elle avait la drôle d’impression qu’elle allait s’écrouler d’un moment à l’autre. La démone ne pouvait tout de même pas la laisser comme cela. Ce n’était pas impossible qu’elle tombe sur d’autres gens mal intentionnés. Elle ne serait plus en état de se défendre, ça c’est certain… Et bien que Katie ne portait pas exceptionnellement les humains dans son cœur, elle ne tolérait pas qu’on profite ainsi de la vulnérabilité des autres…

« Je ne te ferais pas de mal… Je m’appelle Katie » fit doucement la blonde alors qu’elle était maintenant près de la jeune femme. « Tu devrais te reposer un peu »

Vidée ! Voilà ce que j'étais, vidée. Soit j'avais utilisé toute mon énergie pour empêcher que tout parte en vrille, soit mon énergie était partie en même temps que celle que j'avais accumulée. Ou alors c'était un mix des deux, le retenue ET l'énergie qui avait explosé mes résistances pour sortir. Quoi qu'il en soit, deux mots, c'était tout ce que j'avais pu dire pour vérifier comment elle allait. Mon cerveau fonctionnait encore, je pouvait réfléchir, mais... même parler semblait éprouvant.

J'avais entendu la réponse de la blonde, me disant qu'elle allait bien et était plus forte qu'elle en avait l'air. Plus forte ? Est-ce qu'elle avait été touchée par l'énergie ? Je n'étais sûre de rien. Et pour être honnête, je n'avais plus assez de forces pour vérifier. Je m'étais laissée tomber au sol, assise dans l'allée et inspirait, expirait, mon corps semblant avoir perdu toute force, même la surnaturelle.

Elle me demandait comment j'allais, j'entendais tout. Je voulais répondre, mais ça m'avait prit un temps de réflexion. Ou plutôt, un temps de repos.

« Je suis vidée... » Mais ça irait, ça allait aller. Je ne me sentait pas proche d'une limite mortelle, seulement... comme si je n'avais pas dormi depuis trois jours. Comme si je n'avais pas bu depuis des jours... Je réalisait subitement a quel point la soif avait grimpé en intensité. Comme si elle était monter proportionnellement, face à l'évacuation d'énergie. Et c'était peut-être le cas, du moins il y avait un lien.

Elle me disait qu'elle n'allait pas me faire de mal, et je la croyais. Après tout, elle avait essayé d'aider depuis qu'elle était arrivée. Mais... ça n'était pas le soucis, n'est-ce pas ? Je n'avais pas peur qu'elle me fasse du mal. J'avais à présent peur de lui en faire, mais d'une autre manière que juste avant.

« Katie... Je ne veux pas te faire de mal... » Soufflais-je, difficilement, alors qu'elle s'était rapprocher, faisant s'intensifier la soif.

« Pars... » Me reposer, je le ferais. Je resterais dans cette ruelle s'il le fallait ou... NON ! Pas cette ruelle. Il fallait que je rentre, que je boive. Si je restait ici, faible, assoiffée. Soit je mourrait, soit je blesserait ou tuerais quelqu'un pour me nourrir.

« Je dois rentrer... » Soufflais-je pour m'en convaincre. Quoi que j'étais convaincue, mentalement. C'était mes membres qu'il fallait que je bouge en conséquence. Je posait mes mains au sol, essayant de me lever, mais j'étais encore bien trop exténuée.

Je tentais de réfléchir, à défaut d'avoir des forces pour bouger. Peut-être qu'il y avait une boucherie, n'importe quoi du genre dans le coin. Si je ne pouvait pas rentrer, peut-être que je pourrais me trainer jusqu'à un endroit proche et régler le problème de la soif. Le reste... je pourrais me reposer dans ma voiture jusqu'à retrouver quelques forces. Suffisamment pour conduire jusqu'à la mai...

Mais ma pensée n'avait pas trouvé de fin, j'avais sentit cette envie grossir et mes yeux étaient fixés sur la carotide de la blonde, tout près de moi.

« Pitié, vas-t-en ! »

La jeune femme s’était laissé tomber contre le sol, manifestement exténuée. Ce qu’elle confirma une fois qu’elle fut en mesure de pouvoir placer quelques mots. La démone n’était certaine de rien, mais une chose était certaine, elle n’était pas une humaine lambda. Sans parler qu’elle ne pouvait pas être une démone, ni même une créature divine, par simple élimination.

Une fois à sa hauteur, Katie s’était accroupit en face d’elle, les genoux encrés contre le sol poussiéreux de la ruelle. Alors qu’elle reprenait sa faculté de parler, la brune lui indiqua qu’elle ne voulait pas lui faire de mal, ce qui lui tira un sourire.

« Tu ne me feras pas de mal » avait répondu la blonde avec une certaine douceur. La brune avait enchaîné en lui spécifiant de partir. Même si elle semblait être à bout de souffle, Katie pouvait sentir l’urgence derrière son message. Elle semblait terrifiée par l’idée de la blesser, ce qui n’avait que peu de sens dans la situation actuelle. Après tout, elle venait de se vider de l’ensemble de son énergie et la jeune femme ne pouvait à peine parler. Comment pourrait-elle la blesser ?

« Je ne peux pas te laisser comme ça. » Son ton était doux, dans l’espoir de la rassurer, lui laisser savoir que tout allait bien se passer. Pourtant, la jeune femme s’obstinait à vouloir quitter l’endroit à tout prix. C’était normal, vu l’endroit, mais l’urgence de la situation lui semblait anormale. Quelque chose clochait.

C’est en suivant son regard que la démone compris. Elle fixait sa carotide avec une expression qu’elle avait déjà constatée par le passé. Elle avait besoin de sang. C’était pour cette raison qu’elle tentait désespérément de s’éloigner de celle qui l’avait aidé, et ce, même si ça impliquait qu’elle la laisse ainsi dans une ruelle aussi malfamée. Katie se glissa lentement à ses côtés, amenuisant encore un peu la distance les séparant.

« Ça va aller, tu ne pourras pas me tuer » avait fait la démone sur un ton doux, venant délicatement replacer ses cheveux dorés de l’autre côté de son cou, laissant la chair se dénudée de toute barrière. « Ne t’en fais pas, je ne suis pas humaine » précisa-t-elle pour tenter de limiter la réticence de la brune à boire son sang. S’il ne lui fallait que ça pour qu’elle puisse prendre des forces, ce n’était qu’une mince peine. Ce n’était pas comme si elle n’avait jamais vécu pire. Et puis, rien n’était plus douloureux que de vivre sans celui qu’elle aimait.

J'avais beau avoir joué les boules d'énergie juste avant, je pouvais comprendre qu'elle n'ai pas peur. Ou du moins... qu'elle ne me croit pas capable de lui faire du mal. Après tout, j'étais vidée. Mon état, mes difficultés à parler, tout prouvait que j'étais tout sauf en état de me battre. Pourtant, elle avait tord. Même si je n'étais pas capable de me lever, elle était suffisamment proche à présent pour que je perde le contrôle. Et j'étais assoiffée. Pour la première fois depuis que j'étais devenue une nephelim, j'avais l'impression que la soif dépassait ma volonté. Ou le ferait bientôt. Pas à cause d'une malédiction ou d'un autre truc du genre, non. Seulement parce que je m'étais tellement affaiblie que je doutais pouvoir faire le bon choix. Lui dire de partir était plus facile. Tant que je pouvais encore le faire, du moins. Tant que je ne refusais plus.

Mais elle ne partais pas ! Elle restait là et refusait de vive voix. J'avais eu envie de crier, de lui hurler de partir de nouveau. Mais je n'en avait plus la force et si elle s'approchait un peu plus... Fuit ! Pars... Priais-je pour mentalement, alors qu'elle faisait tout l'inverse. Elle ne voulait pas me laisser comme ça, elle voulait m'aider, mais elle ignorait ce dont j'avais besoin. Et ce que ça impliquait. J'aurais aimé pouvoir lui dire, mais c'était trop d'efforts et est-ce qu'elle écouterais ?

Soudain, elle s'était rapprochée plus encore et j'avais levé difficilement les yeux vers elle. Est-ce que j'avais bien entendu ? Comment pouvais-t-elle être persuadée que je ne pourrais pas la tuer ? Pourquoi elle disait ça ? Est-ce qu'elle savait quelque chose ? J'essayais de réfléchir, mais la tâche était compliquée, affaiblie comme je l'étais. Alors j'avais soufflé, inspiré et essayé de simplement écouter vraiment ce qu'elle disait, sans mes pensées, sans mes prières souhaitant la voir partir pour s'initier au milieu.

Ne t'en fais pas je ne suis pas humaine... Une fraction de seconde, j'avais pensé à cette énergie que j'avais laisser exploser. Les chances qu'elle n'ai pas été touchée étaient faibles. Pourtant, elle m'avait dit qu'elle allait bien. Elle avait l'air bien... Pas humaine...

Mais qu'est-ce qu'elle était ? Et est-ce qu'elle suggérait ce que je pensait qu'elle suggérait ? Est-ce qu'elle avait comprit ? Je la regardais si proche et demandais :

« Ton sang... »

Elle voulait que je boive son sang, c'était ça ? Elle voulait que je reprenne des forces ? Elle savait que je ne la tuerais pas en buvant. C'était ce que je comprenais, mais je n'étais pas certaine. Pourtant, dans peu de temps, ça ne serait pas un problème, parce que soit j'aurais craqué, que je l'ai bien comprise ou non, soit je serais morte de soif.

Katie avait plongé son regard dans ceux de la jeune femme, qui avait à peine la force d'articuler les mots de ce dont elle semblait avoir terriblement besoin.

« Je sais » avait murmuré la blonde doucement, comme pour la rassurer. D'un geste de la main, elle venait s'entailler volontairement la chair du cou en y mettant une force démesurée pour éviter que la plaie ne se referme trop rapidement. Lentement, le liquide rouge glissait sur sa peau, venant la caresser délicatement. C'était probablement la seule qu'elle avait eu depuis longtemps. La douleur lui était à peine inconfortable, presque devenue insensible aux douleurs physiques après tout ce qu'elle avait vécu par le passé.

« Bois » Ce n'était pas réellement un ordre, plutôt une sorte d'invitation chaleureuse ou une sorte de bénédiction, bien que la démone se disait que la nephelim n'en avait pas besoin rendue à ce stade. Alors que l'essence de son être continuait son chemin sur les courbes de sa chair, atteignant lentement l'embrasure de son col, la blonde s'était glissé un peu plus contre la brunette. Cette fois, elles étaient complètement collés l'une à l'autre. Katie s'était affaissé un peu plus, afin d'être à la bonne hauteur et avait approché la chair dénudée et meurtrie des lèvres de la jeune femme dans le but de lui offrir un soupçon de vie, de misérables forces afin qu'elle puisse au moins regagner l'usage de ses jambes et de ses esprits.

La démone pouvait sentir le souffle délicat de la jeune femme contre sa peau, ce qui la fit frissonner. Katie lui afficha un dernier sourire, avant de fermer les yeux.

Mon état empiétait sur mes capacités de compréhension. Je n'étais sûre de rien, si ce n'était que si je ne buvais pas, je mourrais. Le temps semblait pourtant suspendu, je me sentais comme dans du coton, comme si tout autour résonnait comme dans un casque autour de mon crâne. Les sons devenaient étouffés, mon cerveau et ma réflexion de plus en plus brumeuse et bientôt... Je n'avais plus rien capté d'autre qu'une odeur. Une odeur reconnaissable entre mille. Et un mot : bois. Je n'avais pas réfléchi, j'en était incapable. J'avais seulement obtempéré, non pas parce que je réalisait réellement qu'elle me donnait l'autorisation. Mais parce que j'en avait envie. Parce qu'en sentant l'odeur du sang, toute résolution était partie et je ne voulais qu'une seule chose : boire, comme elle me l'avait intimé.

J'avais reprit un semblant de conscience et de clarté seulement après quelques rasades de sang. Et j'étais revenue à moi, ma bouche baignée de sang, et mes lèvres toujours en train de s'abreuver au coup de la blonde. Un instant, j'avais voulu reculer, arrêter. J'étais suffisamment alerte pour réaliser ce que je faisais et réfléchir un tant soit peu. Mais... j'étais encore faible et je n'étais pas sûre de tenir jusqu'à la maison, tout comme je n'étais pas capable de reculer encore. J'avais soif, et boire à la source était bien moins désagréable et plus addictif que de prendre ces fichues poches de sang. Ce qui voulait dire également : bien plus difficile à contrôler et arrêter.

Arrêtes Riley ! J'essayais de m'y forcer pourtant. Me forcer à arrêter, même si ce serait après quelques instants de plus, histoire de ne pas mourir entre cette ruelle et chez moi. Mais pour le moment, peu importait ce que je pensait, ce que je me suppliais mentalement de faire. J'avais au contraire gagné en force et resserré mon étreinte sur le jeune femme blonde pour boire un peu plus. Je réalisait qu'elle avait raison, malgré ma force surhumaine, elle résistait. Je savais que je n'était pas en pleine possession de mes capacités vu mon état, mais elle n'avait pas semblé tiqué. Elle n'était pas humaine, n'est-ce pas ? Son sang, n'avait pas l'air humain. J'en avait bu que très peu et pourtant... je me souvenais de la différence. Pas dans le goût. Mais dans ma réaction. La soif s'apaisait tellement plus vite et il y avait comme un sentiment de plénitude. A défaut d'autre mot. Humain ou non, son sang me nourrissait et il m'avait donné envie quand elle s'était coupée. C'était une façon très facile de deviner ce qu'elle était, vu les recherches et tests que Jace et moi avions effectué à ce sujet. Seuls du types de sangs versés nous attiraient, humains (moins le sang de prophète) et démons. Nous pouvions boire les autres en théorie. Mais elle n'était pas une humaine, pas une nephelim, pas toutes ces autres créatures. Car j'avais eu envie de son sang et les sensations en m'abreuvant... Soudain, je pensait à Damon. A son sang qu'il m'avait partagé plusieurs fois et j'avais confirmation. Elle était moins puissante, le sang moins fort et intense. Mais elle était une démone !

Je ne pouvais pas la tuer comme ça, alors ? Est-ce que ça voulait dire que je pouvais continuer jusqu'à être remise complètement ? Probablement. Mais ça ne m'en donnait pas réellement le droit. Juste la possibilité. Et c'était cette pensée, ces questions qui avaient fini par me faire arrêter. Comment j'avais pu songer profiter de son sang comme ça ? Elle me l'avait offert, oui. Mais elle ne m'avait pas dit de la vider jusqu'à ce qu'elle soit bloquée ici, comme une poupée de chiffon jusqu'à sa guérison. J'arrêtais de boire subitement et essuyait mes lèvres pour évincer les traces de sang.

« Merci... » Soufflais-je la regardant à peine. J'ignorais quoi dire d'autre. Je me sentais coupable d'avoir craqué, autant bu et de mes pensées.

« C'est assez pour que je puisse rentrer et... Bref je ne pense plus être en danger. » Je n'avais pas bu jusqu'à être rassasiée. Même si la pensée m'avait traversé l'esprit, avec horreur. J'avais bu suffisamment pour me sentir mieux. J'avais soif, oui. Mais je pourrais conduire, je pourrais rentrer, faire ce qu'il fallait à la maison pour combler cette soif résiduelle.

« Est-ce que je peux te demander pourquoi un démon, aide une nephelim comme moi ? Tu connaissais la démone qui m'a... Käli ? »

Techniquement un démon m'avait déjà aidée. Mais c'était différent. C'était Damon. Le créateur d'une rébellion démoniaque. En soit, je doutais que les démons veuillent voir les nephelims mourir. Après tout n'avaient-ils pas l'ordre de ne pas nous tuer ? Mais de là à me faire boire son sang ? Est-ce qu'elle n'était pas avec l'enfer ? Avec la rébellion de Damon ? Ou avec l'enfer et me faire boire son sang était un faible prix à payer pour pas se faire taper sur les doigts d'avoir laisser un nephelim mourir ? Franchement, j'étais sûre de rien. Mais peut-être que la démone blonde allait éclairer ma lanterne.

La démone n'avait ouvert les yeux à nouveau qu'une fois qu'elle ne sentait plus la bouche de la jeune femme sur sa chair. Katie ne pouvait dire le temps que cela avait duré. L'espace d'un instant, tout s'était arrêté, elle ne ressentait que son sang quitter son corps, lentement, comme du sable qui filait dans un sablier. C'était à la fois une sensation étrange et exquise. Au bout d'un moment, elle s'était sentie particulièrement légère, portée par un étrange sentiment de plénitude. Les pensées se succédaient dans sa tête, comme si elle tentait de remplir le vide de son esprit.

Après un instant, qui lui avait paru l'éternité, la voix de la jeune femme s'était finalement faite entendre, la remerciant de ce faible sacrifice.

« Ce n'est rien » avait répondu la blonde sur un ton qu'elle voulu le plus doux possible, alors qu'elle reprenait légèrement ses esprits. Elle savait que ce n'était qu'une question de temps avant que son corps ne récupère de son offrande sanguine. Katie avait porté une main à son cou, dans le but d'essuyer les quelques gouttes, qui avaient continuées leur course contre sa peau pâle.

Katie avait hoché la tête lentement aux paroles de la nephelim, lui assurant qu'elle était maintenant hors de danger. Au moins, maintenant, elle semblait avoir plus de couleurs et était en mesure de faire des phrases complètes. C'était une bonne amélioration !

« Tant mieux, ça me rassures » répondit la démone, ponctuant ses dires avec un sourire qu'elle voulu rassurant.

Katie avait affiché un sourire à la question de la jeune femme. Il était vrai que ce n'aurait probablement pas été la première réaction de ses confrères.

« C'est simplement parce que tu semblais avoir besoin d'aide et de toute façon, j'en ai vu d'autre, je savais que ça n'allait pas me tuer. » avait simplement fait la blonde, comme si c'était si simple, mais elle était sincère. « J'imagine que tu parles de la démone qui t'a donné du sang... Non, je ne la connais pas personnellement et puis... » La démone avait marqué une courte pause, hésitante à lui en révéler un peu plus sur son histoire. « J'ai coupé tous ponts avec l'Enfer depuis longtemps » avait finalement précisé la démone, sur un tout un peu nostalgique.

Elle avait presque balayé mes remerciements et je n'avais pas insisté plus. Pas seulement pour elle, mais aussi pour moi. Parce que la remercier davantage rendait la chose que plus présente et réelle. Alors, j'avais accepté son sacrifice, ses paroles et le fait qu'elle disait que c'était un petit désagrément, au mieux. Elle l'avait dit en d'autres mots, mais... c'était comme ça que je l'avait compris quand elle avait précisé qu'elle en avait vu d'autres.

J'avais osé mentionner Käli ensuite. Et essayé de comprendre pourquoi elle avait fait ça. Essayé de déterminer son camp et si elle me manipulait ou ... Non en vrai, elle m'avait sauvé, quel que soit son camp. Et en soit, j'aurais pu trouver des raisons pour n’importe quel démon de le faire, avec ce que je savais des ordres concernant les nephelims. Elle niait rapidement connaitre ma démone de belle-mère et avait fini par ajouter ne plus être liée à l'Enfer et étonnement je la croyais. Parce que, bien qu'il y ai des différences évidentes, cette rencontre ressemblait beaucoup à celle que j'avais eu avec Damon il y a des années. Il m'avait sauvé la vie parce qu'il le voulait, c'était son choix, pas celui de l'Enfer qu'il avait déserté et elle l'avait fait, elle aussi ce soir.

« Je vois. Vous faites parti de la rébellion, alors ? Ça explique votre... attitude. Bon j'imagine qu'un démon pourrait prétendre être gentil. Mais ils n'ont pas besoin pour justifier de me sauver, donc... » Et j'avais foi en sa sincérité. C'était soit elle l'était, soit elle méritait un oscar tant elle jouait bien de toute façon. Et j'avais choisi l'option A. Quant à mes paroles sur la rébellion... Les choses étaient plus claires depuis que j'avais rejoins la résistance. Damon l'avait crée, ça c'était déjà un fait pour moi. Mais c'était aussi la seule option pour un démon qui avait trahis l'Enfer. Sans quoi, ils n'avaient pas de protection et personne vers qui se tourner.

Est-ce que je devrais lui demander un preuve quant à ce qu'elle disait sur l'Enfer ? On aurait pu dire que oui, que ça aurait été plus prudent. Mais... elle venait de me sauver la vie et c'était surement la seule preuve tangible possible. Même si ça ne prouvait vraiment rien. Pareille pour son attitude. Quoi que je lui aurait demandé, elle n'aurait rien pu prouver, n'est-ce pas ? La seule solution, c'était que je décide si je la croyais ou non et... j'avais clairement déjà pris ma décision.

Je réalisait soudain, qu'au milieu de tout ça, je ne connaissais pas son nom. Faire confiance à quelqu'un, sans connaitre ne serait-ce que son nom... Il y avait de quoi se moquer de moi. Mais tant pis. Je n'arrivais pas à croire qu'elle soit mauvaise. Après tout... elle n'avait pas aidé que moi au final. Cette humaine avait pu fuir grâce à elle, ou tout comme. Même si un démon de l'Enfer aurait pu épargner une vie pour mieux manipuler... Elle marquais quand même pas mal de points, pour confirmer que j'avais pris la bonne décision.

« Je m'appelle Riley, au fait. Et vous c'est ? »

La jeune femme semblait de mieux en mieux et effectuait des phrases complètes. Elle pourrait bientôt la laisser rentrer chez elle, afin qu'elle puisse se remettre de ses émotions. Il lui fallait probablement se reposer après tout ce qui venait de se passer, mais la blonde ne souleva pas la chose, préférant attendre qu'elle soit fin prête.

« On peut dire ça oui, du moins, je suis sous sa protection » avait fait la blonde en hochant lentement la tête, puis, avait ajouté, comme pour étoffer son explication « Damon est un bon ami à moi. » La blonde avait sourit en prononçant son nom. Cela faisait si longtemps qu'elle ne l'avait pas vu, avec ce piège que Sytry avait dû lui faire, elle n'avait eu quelques nouvelles que par le biais d'Elena.

« Oui, on peut dire que la majorité sont passés maîtres dans l'art de la manipulation » avait-elle répondu, avec un certain dégoût à peine voilé en pensant à nouveau au Lieutenant.

Il était clair que la jeune femme voulait s'assurer que Katie n'était réellement plus dans le camp de l'Enfer et elle pouvait le comprendre. Elle n'avait de preuve tangible à lui offrir, hormis l'amour profond qu'elle portait pour celui qui l'avait toujours maintenu en partie humaine. Et encore là, ce n'aurait été que des mots.

Après un court instant, la brune se présenta enfin. La démone sourit, amusée par la situation. On n'était manifestement plus à ça de près.

« Enchantée Riley, je m'appelle Katie » dit la blonde en lui souriant gentiment.

La plaie dans son cou avait cessé de saigner et la démone savait qu'elle allait guérir rapidement. Ce n'était plus qu'une question de temps. La douleur s'était dissipée et elle savait qu'il lui serait bientôt temps de quitter la jeune femme.

« Tu m'as l'air d'aller mieux, je suis contente. Est-ce que tu es suffisamment en état pour rentrer chez toi ou tu veux que je te ramènes ? » avait proposé la démone, afin de confirmer qu'elle avait bel et bien repris l'ensemble de ses esprits ainsi que suffisamment de forces.

Même une fois debout, face à elle. La tête plus lucide et l'esprit un peu plus critique... je restait convaincue de sa bonté. D'ailleurs, ses réactions à mes paroles sur les démons étaient tout ce qu'il avait suffit pour prouver ce qu'elle disait. Non pas que j'en avais besoin, ma décision à son sujet étant prise. Mais... avoir la confirmation que j'avais eu raison n'allais pas, non plus, me déranger.

Damon. Non seulement elle disait être son amie, ce qui était un signe en soit. Car personne ne savait que je le connaissais et aurait pu savoir que c'était un bon outil de manipulation. Mais aussi, parce qu'elle l'avait justement appelé Damon. Elle n'avait pas utilisé son nom démoniaque.

« J'imagine qu'être amie avec le fondateur du groupe aide, pour se voir offrir leur protection. » Blaguais-je avec un sourire.

« On a un ami en commun, alors. Même si j'ai eu interdiction de venir lui rendre visite en prison... Quoi que j'ai su ruser pour y aller quand même. »

J'avais du faire appelle à l'aide de Myra Hale et de ses potions et autres trucs du genre. Prétendre être quelqu'un d'autre, avoir une autre apparence... Mais ça en avait valu le coup. Pour ses conseils, pour le voir.

« Je suis ravie de faire ta connaissance, Katie. Même si j'aurais préféré dans de meilleures circonstances. » Rétorquais-je sur le ton de la plaisanterie, avant de répondre à sa question pleine de compassion :

« Ça ira pour rentrer. Ne t'en fait pas. J'ai de quoi régler ça à la maison, qui plus est. Donc, il s'agit seulement de faire le trajet. Tu as déjà fait beaucoup. » Je souriais et ne pouvais pas m'empêcher d'ajouter :

« C'est marrant. C'est dans une situation comme celle-là que j'ai rencontré Damon, justement... »

La démone passa une main dans son cou, afin de s’assurer qu’aucune trace de sang ne trahissait les activités précédentes, confirmant la disparition de la plaie en même temps. La jeune femme qui se tenait devant elle semblait beaucoup mieux, du moins suffisamment pour blaguer avec elle, ce qui la rassurait.

« Oui, j’imagine que c’est suffisant comme raison » avait répondu la blonde sur un ton amusé. « C’est vraiment triste toute cette situation… » Ces mots avaient été prononcés dans un soupire, en pensant à Damon derrière les barreaux pour quelque chose qu’il n’avait pas fait. Sans parler qu’il ne pouvait recevoir aucune visite… La brune lui annonça qu’elle y était arrivé, une fois, ce qui, pour une raison étrange, la réconfortait. « Et de quelle ruse parle-t-ton exactement ? » demanda la démone, curieuse.

« Ah ! On peut dire que ce genre de situations permet de créer des liens rapidement » répondu la démone sur un ton amusé, la gratifiant d’un sourire sincère. Et puis, ce n'était pas comme si elle avait une vie particulièrement normale. Elle ne pouvait faire sa difficile sur les situations dans lesquelles la blonde réalisait de nouvelles rencontres.

« Ca m’aurait fait plaisir, ne t’en fait pas » précisa la blonde sur un ton sincère. Cela la rassurait qu’elle aille de quoi se rassasier chez elle et qu’elle soit évidemment suffisamment en état pour s’y rendre.

« C’est vrai ? Il va falloir que tu me racontes ça, un jour, autour d’un verre idéalement » avait lancé la blonde, soulignant ces derniers mots d’un clin d’œil. À l’heure actuelle, le plus important était que la jeune femme puisse rentrer chez elle, afin de reprendre des forces. Et puis, cela leur donnait une raison pour se revoir dans des circonstances moins dramatiques.

La coïncidence était cocasse en soit. Ce même si je n'aurais pas dit pareil au début de cette altercation. Mais quoi qu'il arrive, elle n'était pas que ça. Elle était aussi la preuve que comme Damon, elle était du bon côté. Car elle avait tout fait non seulement pour m'aider, mais aussi pour protéger des vies humaines. Si on ajoutais à ça, le fait qu'elle m'avait parlé de Damon... Je ne doutais aucunement d'elle et de sa bonne foi.

Elle voulait en savoir plus sur pas mal de choses et je ne refusait pas de répondre. A dire vrai, j'étais prête à le faire sans hésiter c'était d'ailleurs pour ça que j'avais acquiescé silencieusement à toutes ses paroles depuis quelques minutes. Car je le ferais ! Seulement, pas ce soir. Car si j'allais mieux, je me devais de rentrer et de gérer la suite. Rester dans les rues de L.A. après avoir été submergée par ce nouveau pouvoir, par la soif... Ça serait tout sauf raisonnable. Alors, j'avais attendu qu'elle finisse en me demandant une explication sur ma rencontre avec Damon et avait alors ajouté :

« C'est suffisant pour moi aussi. Et j'ai foi en toi. Ce que tu as fait pour moi, ce soir, aide déjà beaucoup dans ce sens. Je pense comme toi pour tout ce que tu as dis. Mais je sais, avant tout, qu'il me faut être raisonnable et rentrer. Et tous ces sujets de conversations... Ils méritent qu'on prennent le temps de les aborder. » Je cherchais des yeux mon sac à main, je l'avais avant tout ça. J'avais pris ma clef de voiture dans ce dernier, avant que je n'entende l'attaque... Il était au sol, ou le combat avait commencé. Je l'avais jeté au sol, sans même le réaliser. Il m'aurait gêné après tout. J'avais fouillé dedans et sortit une carte de visite.

« Appelle-moi ou envoie moi un message et on trouvera un moment pour discuter de toutes ces choses. Comme ça, on pourra le faire correctement. » Sur ces mots, je devais y aller. Rejoindre ma voiture, la maison... pleinement comprendre ce qu'il s'était produit, veiller à ce que je ne perde plus le contrôle comme ça... et j'en passe.

« Bonne soirée et encore merci ! »