Nouvelle errance dans cette soirée qui me semble si vide. Cumuler plusieurs missions, m'échappant de cette ville pendant des semaines et encore des semaines. Tout cela dans le but de contenter mon frère, de disparaître des radars pour l'effacer de ma mémoire. Suis-je à ce point idiot pour me laisser émouvoir par cet être éphémère. Suis-je à ce point devenu sensible pour perdre la tête ? Il n'est pas question d'amour. Je pense que j'en suis incapable, il s'agit plutôt de possession, un désir plus sombre et plus sale. Comme l'envie de la garder rien que moi, de l'enfermer à double tour dans une pièce pour me servir d'elle comme bon me semble. Je doute que cette idée satisfasse mes supérieurs, et surtout mon ami qui se trouve être également son ancêtre. Il y a plusieurs siècles, on aurait pas posé de question. J'aurais pu me laisser aller à ces fourbes et délicieux instincts, tout simplement, sans que l'on vienne me poser des questions dérangeantes. Je viens fraîchement de rentrer, j'en profite pour arpenter les rues de cette ville maudite. La cité des anges disent-ils, à croire que cette ville n'a jamais reçu la grâce de notre créateur divin. Fief de Lucifer, est-ce parce qu'il cultive un certain humour ? Certainement. Je fume plusieurs clopes, avant d'entrer dans un bar, trop bondé, me faufilant entre les corps chauds dégoulinant de sueurs. Commandant un verre au bar, mon regard se noyant dans la foule, retardant l'heure où je devrais retourner dans mon appartement. Je n'ai pas envie de rentrer seule, mais vais-je trouver quelqu'un pour satisfaire mes appétits ? Vais-je pouvoir essayer de l'oublier dans d'autres bras. Me forcer à effacer son image... sauf que plus je lutte, plus cela devient une obsession. Je devrais tout simplement la prendre, et laisser cette habitude me lasser, comme toutes les autres. Je suis ainsi, je veux toujours ce que je ne peux pas avoir, tel un enfant insatisfait et capricieux.

Je finis par déboutonner ma chemise, commençant à trouver l'ambiance assez agréable. Observant les corps qui se mouvent sur la piste de danse, avant de laisser mon regard se déposer sur une chevelure flamboyante. Une jeune femme qui pourrait être elle, je reste figé, tel un moustique attirait par la lumière qui va le brûler.... savourant les notes d'alcool, commandant un autre verre automatiquement. Est-ce elle ? Ou est-ce cette folie qui vient gratter à l'entrée de ma conscience ? Je me demande ce qu'elle est devenue. Si elle a su suivre mes conseils brillamment dissimulés. Elle mérite plus que d'être une sorcière au service de Lucifer. Est-elle complètement consciente des risques ? J'en doute, on ne peut pas l'être avant d'avoir signé. C'est impossible. Son désir de rejoindre les rangs, sans doute motivé par la présence de Caleb, sa seule et réelle famille, les autres n'étant que des idiots imparfaits.

Je reste là, stoïque, est-ce que le hasard ferait mal les choses ? Sans doute. Est-ce qu'il me faudrait lutter pour ne pas aller me joindre à elle ? Certainement. Je ressens encore le goût de ses lèvres contre les miennes, dans un baisé impérieux, volé mais consentis... avant que je finisse par disparaître pour une autre mission, la laissant là, avec toutes ses interrogations... mais vous le savez, je ne suis pas vraiment un gentleman. De gentleman, j'en ai que l'allure, c'est tout.

J'avais refusé toutes les invitations de ma nouvelle collègue, prétextant une chose ou une autre dans l'espoir qu'elle se lasse. Ça n'était pas contre elle, elle avait l'air sympa et on avait sensiblement le même âge. Mais la dernière chose que je voulais, c'était risquer avoir une crise d'angoisse ou autre devant un de mes collègues. Pourtant, quand elle m'avait proposé d'aller danser avec elle et une amie à elle, je n'avais pas dit non. La musique forte, danser à s'en épuiser, l'alcool... J'avais subitement pensé à cette combinaison et au fait qu'il y aurait trop de bruit la bas pour penser. Trop de monde autour pour se sentir seule et ruminer. Trop d'alcool pour ne pas lâcher prise. J'avais donc dit oui, contente de ne pas avoir à lui donner, encore, l'impression que je cherchais des excuses pour l'éviter.

Il m'avait suffit d'un trajet en taxi pour les retrouver, et d'un détour aux vestiaires pour laisser nos vestes et nous étions sur la piste de danse. Ma robe noire et les cheveux lâchés, j'étais prête pour m'amuser et faire le vide dans ma tête.

Une chose était sûre, ça fonctionnait. Je n'avait pensé à rien d'autre depuis de longues minutes, peut-être plus d'une heure, si ce n'était aux sons qui résonnaient et à mes mouvements et aux corps qui dansaient à mes cotés.

Les musiques s'enchainaient et bientôt j'avais besoin d'un verre et d'une pause pour ne pas tomber entre la chaleur et la fatigue combinés.

« Je reviens... vous voulez... à boire ? » J'avais essayé d'articuler au mieux et fait des signes pour qu'a défaut de m'entendre, mes deux camarades de ce soir, puissent lire sur mes lèvres. Elles avait acquiescé pour la première parti et semblaient avoir dit non pour la seconde. Après quoi, j'avais quitté un instant la piste, mais avant de rejoindre le bar, qui était bondé de monde. J'attendais patiemment, le regard se perdant ça et là dans le club, jusqu'à ce qu'il tombe sur un visage familier. Un instant, j'avais presque cru halluciner à cause des lumières stroboscopiques et de mon état particulier. Mais je n'imaginais rien, n'est-ce pas ? De tous les clubs, de toutes les nuits... Voyant que la foule devant le bar ne se dissipait pas, j'avais hésité une seconde ou deux avant de migrer vers le déchu.

« J'aurais presque envie de demander si on t'a donné l'ordre de me suivre. Parce que je n'imaginais pas tomber sur toi dans un endroit pareil... » C'était une entrée en matière comme une autre. Et c'était probablement faux. Après tout, il n'avait jamais fait ou dit quoi que ce soit qui m'aurait laissé pensé qu'il ne fréquentait pas des clubs. J'avais surtout cherché un autre moyen de briser la glace qu'en pensant à notre dernière rencontre. Des souvenirs de cette nuit là m'étaient revenue en mémoire et aussi étrange que c'était, ça n'était pas au cadavre que j'avais pensé.

« Bonsoir, Alec. Tu permet que je m'incruste un peu ? Au moins suffisamment longtemps pour que le bar soit plus accessible ? » Et suffisamment longtemps pour savoir ce qu'il se passe dans ta jolie petite tête ? J'étais toujours paumée face à la dernière fois, ce baiser. Ces baisers plutôt. Et son départ tout aussi soudain. Pourtant, vu la manière dont j'avais lancé la discussion, je n'avais pas l'air de vouloir en parler. Probablement parce que la dernière fois ma seule question à ce sujet avait provoqué son départ ?

S'agissait-il d'un songe ? Est-ce que j'étais en train de nager en plein délire ? Ni l'un ni l'autre. Sa démarche se voulait assurée, mais j'osais imaginer une légère anxiété prendre naissance dans le creux de sa poitrine à chacun de ses pas. Je reste toujours aussi droit, mon regard ne souhaitant pas se détacher d'elle. Il aurait peut-être fallu que je disparaisse telle une ombre dans la nuit, que je la laisse croire que tout ceci n'était pas réel... Mais impossible, elle était bien trop proche pour que ce genre d'idée puisse fleurir dans son esprit bien trop sain. Les traits de mon visage se détendirent à sa première réplique. Un sourire amusé illuminé mon visage, j'attendis avant de lui répondre la saluant avec mon verre à la main.  « Hum non, cette époque est révolue. Tu n'as plus besoin de moi » Enfin, elle aurait toujours besoin de moi dans le sens que je suis plus âgé, plus puissant qu'elle et que les rues de Los Angeles grouillent d'être malfaisant... Et je ne parlais pas uniquement des démons puisque l'espèce humaine comporte bien son lot de mauvaises âmes.    « Je vois que tu as réussi à retrouver une vie normale... » Ajoutais-je en pointant le menton en direction de son groupe d'amie. C'était plutôt rassurant certes, mais est-ce que cela était la réalité ? C'était tout à fait autre chose.  Je m'efforçais de ne pas m'en préoccuper... Cela ne devrait plus être mon problème n'est-ce pas ?

Je me décalais un peu pour lui laisser un peu de place, un peu plus tendu qu'a l'accoutumé. Je sentais mes cervicales et ma mâchoire se contracter, en sachant très bien qu'elle allait vouloir des explications... des explications que j'étais en droit de ne pas lui donner... Il me suffisait de rester vague sur la raison de mon départ précipité... puisque... après tout il s'agissait d'une mission... mais comment expliquer la raison des baisés sans entrer dans le drame romantique ? Rien qu'à cette pensée j'ai la nausée. Je n'étais pas du tout à l'aise avec cette situation... et je n'arrivais pas à agir avec elle comme avec les autres... c'est à dire en parfait connard. Je savais qu'il s’était passé quelque chose entre nous, mais je me refusais à cette « relation »... relation qui se terminerait mal, j'avais bon retourner la situation d'une manière ou d'une autre, le résultat n'était guère positif.  « alors qu'est ce que tu deviens ? Tes études ?» 

J'avais essayé de lancer la discussion avec légèreté. Préférant faire une blague, qu'elle soit drôle ou non, que commencer avec des reproches ou autre chose du genre. Des reproches... C'était même pas le mot. Je n'étais pas sûre de vouloir demander quoi que ce soit sur notre dernière rencontre compte tenu de l'endroit ou on se trouvaient. Et puis... Je commençais à me dire que la réponse était toute trouvée. Non ? Qu'est-ce que c'était ce principe philosophique déjà ? La solution la plus simple est souvent la meilleure. Me répondis-je intérieurement, fouillant mes souvenirs.

J'ignorais encore si c'était une bonne façon de lancer la discussion, parce que sa réponse avait eu le malheur de me faire penser à ce que je voulais éviter de penser ce soir. C'était de ma faute, j'avais lancé le sujet. Et il n'avait rien dit de mal, j'avais juste mentalement nié ses paroles, ça avait été plus fort que moi. Plus besoin de lui... J'avais pourtant besoin d'aide... Je faisait tout pour chasser les souvenirs et profitait de ses paroles pour se faire. Une vie normale, hein ? C'était probablement à ça que ça ressemblait de l'extérieur en effet. Et peut-être qu'a défaut d'autre chose, si je continuais de le prétendre, ça finirait par être vrai ? Pourtant aussi facile que c'était de me mentir à moi même, ou plutôt d'espérer vainement. Je détestait toujours autant mentir ouvertement et encore plus avec quelqu'un comme Alec. Je n'avais pas eu à lui mentir depuis notre rencontre et commencer ce soir...

« Défini normale... » Blaguais-je, préférant ne pas rester muette. J'avais dit ces mots, parce que ça n'était pas un mensonge et qu'avec le bon ton, ça passait. C'était la parade parfaite, ou du moins la seule chose que j'avais trouvé en si peu de temps. Je répondais à son invitation silencieuse et m'asseyait à côté de lui, sur la place qu'il m'avait faite.

« Mes études... » Je chuchotais pour éviter les oreilles indiscrètes. « de la magie, tu veux dire ? J'ai repris complètement. J'ai beau aimer mon travail, quand j'ouvre mes livres pour autre chose que donner mes cours, j'ai quand même l'impression d'être plus... moi-même. » Ma phrase était décousue, ma pensée aussi. En partie parce que j'avais regretté ce que j'étais en train de dire, tellement ça sonnait cliché et mièvre. Tant pis... changes de sujet plutôt !

« Et toi tu... » J'allais vraiment lui retourner la question et parler de son job dans la police ? On pouvait pas faire plus cliché et ça donnait l'impression qu'on avait pas grand chose à se dire. Pourtant, on avait meublé la conversation plus d'une fois quand il veillait sur moi.

« Tu veux pas sortit un peu ? On aura plus à craindre qu'on nous entendent et on pourra parler normalement. En tout cas, plus librement. » Je tournais la tête et regardais la porte de service dans le couloir à coté du bar.

« Avec la musique, l'alcool et le monde qu'il y a ici... Je doute qu'on nous voient emprunter cette porte... » Et il suffirait de mettre quelque chose pour la bloquer et éviter qu'elle claque.

Il était là, en train de l'observer, en train de tout simplement essayer de deviner ce qu'elle était en train de penser. Elle souhaitait en savoir plus, il l'avait bien compris... Cependant, il n'était pas certain de vouloir poursuivre la conversation. Il serait plus simple peut-être de lui faire mal, de lui répondre froidement avec un air dédaigneux qu'on lui connaissait tant avant de passer à autre chose, pour mieux quitter cet endroit où son chemin avait croisé le sien. Néanmoins, il venait de l'inviter à s'installer à ses côtés. Il aurait fallu faire cela dès le début afin de rompre toute possibilité de contact. Son regard s'attarda un peu trop longtemps sur ses lèvres légèrement entrouvertes, légèrement rougies par la chaleur de cette pièce. Avant de se poser à nouveau dans la profondeur de son regard. « Je ne pense pas être la meilleure personne pour définir ce qu'est la normalité, je dois bien avouer » Il se rapprocha, son souffle venant caresser sa joue pour que l'oreille puisse recevoir ses paroles, avant de s'éloigner aussi vite. 

Il hocha ensuite la tête, comprenant ce qu'elle pouvait ressentir. C'est usant de cacher aux yeux de tous ce que l'on est vraiment. Il est assez bien placé pour le comprendre, même si au fil des siècles, il a appris à s'en servir comme un jeu, prenant un plaisir malsain à manipuler, à paraître ce qu'il n'est pas.   « Peut-être qu'il existerait un moyen d'allier les deux. De donner des cours à des âmes qui en ont besoin » Des sorciers et des sorcières en sommes, sauf que ce n'est pas le genre de petite créature que l'on peut trouver facilement. 

 « Je ne sais pas ce que je pourrais te dire davantage Clarke » Ses mots pouvaient sonner froids, voir tranchants. Il ne voulait pas se justifier, il ne voulait pas en dire plus sur lui, il préférait rester... Un souvenir... Une ombre... La repousser même si cela lui coûtait... Car il est bien conscient que rien de bon ne peut ressortir de cette relation. Il finirait sans doute par s'en lasser, reprenant la cueillette des plaisirs éphémères, tel les pommes du jardin d'eden. Il s'efforça de penser que Clarke n'était qu'une pomme parmi les autres.  « quelques minutes alors » finit-il par lui offrir, se dirigeant vers cette fameuse porte, elle a sa suite, lui attrapant la main pour ne pas la sentir se fondre dans le reste de la foule.

Il bloqua pour le moment la porte avec son pied, toujours près à quitter la conversation, toujours près à se fondre dans les profondeurs de la nuit. Il en profita pour allumer une cigarette, habitude qui lui permettait de garder une apparence sereine, une certaine contenance.  « tu en veux une ? » lui propose t-il.  « alors dis moi, qu'est ce qui te tourmente ?  »

J'avais du réprimer un frisson quand il s'était approché pour me répondre et m'était accrochée au fait que ma tactique pour détourner le sujet ai fonctionné. Il disait ne pas être le mieux placé pour définir la normalité et j'approuvais. Pas parce qu'il n'était pas 'normal', mais parce que je comprenais le sentiment. Aujourd'hui, moi la première je n'étais plus sûre de pouvoir efficacement juger la chose, pour être honnête.

« Je le fais déjà... Mais... » Je n'avais pas fini ma phrase. Je n'aimais pas parler magie ici. Malgré les sons, j'avais peur que quelqu'un m'entende, même si c'était qu'un mot ou deux par ci et là. A commencé par ma nouvelle collègue. Alors j'avais proposé qu'on sorte et qu'on oublie le risque pour pouvoir lui répondre sans demis-mots et faux semblants. Mais sa réponse... J'avais une petite idée de ce qu'il avait voulu dire avec ce « Je ne sais pas ce que je pourrais te dire... » Cela dit, je ne cherchais pas à l'isoler pour parler de ce qu'il s'était passé entre nous. Mais seulement pour parler de manière générale. Parce qu'on pouvait pas dire qu'un seul des sujets qu'on pouvait aborder était normal d'aborder entouré d'humains lambdas. Ou en tout cas de personnes que je ne connaissaient pas et a qui il valait mieux éviter de révéler des infos aussi importantes me ou nous concernant.

Malgré mes pensées, je n'avais rien répondu à sa remarque. Comme s'il m'avait coupée toute capacité de parler. J'avais été soufflée par son ton et ses mots. Il n'avait jamais été aussi froid avec moi et même si il ne me devait rien. J'avais été prise au dépourvue.

Alors que je réfléchissais à quoi répondre à ça, me demandant si je devais partir, malgré son invitation à m’asseoir, ou si je devais quoi... l'envoyer promener ? Il n'avait rien fait réellement de mal. S'il ne voulait pas parler, tant pis. Ou... Je m'étais coupée dans ma réflexion quand il avait parlé de nouveau, m'évitant de devoir trouver quoi dire à son refus. « Quelques minutes alors... » J'ignorais ce qui l'avait fait changer d'avis, mais j'avais sauté sur l'occasion pour éviter de gérer l'autre phrase et me perdre dans mes pensées plus longtemps.

« Okay. Je te suis. » J'avais senti sa main attraper la mienne et un nouveau frisson m'avait parcourue, alors que nous atteignions la porte. J'avais du mal à le suivre. Il disait non, puis oui pour quelques instants, puis prenait ma main... Je ne prétendais pas que quoi que ce soit ai un sens particulier, mais tout réuni ne faisait en tout cas pas sens dans ma tête.

« Non, ça va merci... » Répondis-je pour la cigarette avant d'ajouter un autre merci :

« Merci aussi d'être venu ici... je suis jamais super à l'aise de parler de magie avec autant de monde autour. »

Il me demandait alors ce qui me tourmentait et avant de répondre, des images mentales m'avaient assaillit. La forêt, les morts, toutes ces choses morbides qui hantaient mon esprit à présent autant que mes cauchemars.

« Qu'est-ce qui te fait dire que quelque chose me tourmente ? Je voulais surtout pouvoir te répondre sans jouer à des jeux débiles pour que personne autour n'entendent des mots qu'il ne fallait pas. Disons que c'est difficile de parler magie, déchus et tout le tintouin sans être prise pour une folle. J'en sais quelque chose... »

Je réfléchissais encore et encore, mon cerveau en ébullition et au final, je réalisait qu'il y avait une question que je voulais poser suite à la façon dont ont étaient arrivés dans cette ruelle.

« Tu aurais préféré que je ne vienne pas te voir ? Je... Si c'est ce que tu veux, tu as qu'a le dire. Je ne me vexerait pas. Je peux comprendre qu'une fois la mission terminée, on ai pas envie de revoir la dites mission. » J'essayais d'être amicale ou... j'ignorais trop quoi vu nos échanges pour le moins particuliers depuis qu'il avait arrêté de me protéger. Mais ça n'était pas que ma décision.

« Je n'irais pas me plaindre à Caleb ou a qui que ce soit, non plus si c'est ta crainte... C'est pas du tout mon genre, de un ! Et ça aurait aucun sens de deux. »

Il est décontenancé par la situation. C'est sans doute la première fois depuis aussi longtemps qu'il se sent vulnérable. Tout cela n'a aucun sens. Il devrait la repousser vivement, laisser les mots durs franchir ses lèvres, mais il en est incapable. Il ne peut pas se diminuer ainsi. Il ne peut pas non plus devenir plus amical. Tout cela ne rime à rien. Tout cela ne peut mener qu'au chaos. Elle n'était qu'une mission, un moyen de s'attirer les grâces de son frère Lucifer. Rien de plus. Rien de moins. Elle n'est pas son genre, bien que son attention se soit toujours focalisée sur les jolies rouquines. Elle n'est pas de celles dont il peut se servir tel un objet. Les enjeux sont trop important. Il préfère de loin les plaisirs violents, la soumission sexuelle, les baisés envahissants et impérieux... avec elle, il pourrait se prendre au jeu d'embrassades délicates... Mais il sait que tout est éphémère. Il est incapable de lui donner ce qu'elle veut. Il ne peut que lui apporter destruction et chaos.

Il se laisse prendre, se perd pendant quelques instants dans son regard alors qu'il se connecte à elle. De l'horreur, de la peur, chaque tissu de sa peau vibre à la fréquence des images, des cauchemars qui hantent encore son jeune esprit. Et dire qu'il pensait qu'elle allait beaucoup mieux, son âme continuait d'être torturée, de se consumer dans la terreur de cet événement dramatique, ce moment où elle aurait pu perdre la vie de la pire manière possible. Il retient l'envie de lui caresser la joue, de lui apporter le réconfort d'un être pourri jusqu'à la moelle. Il ne le peut pas, mais il ne peut pas non plus faire comme s'il n'avait jamais rien vu. Rien ressenti.


 « Je le sens Clarke. Je le vois, je le ressens » Le tourment ne semble pas être le terme le plus approprié. Non cette histoire fait partie d'elle, un jeu sans fin de vision qui l'empêche de trouver le repos tant mérité.  « tu devrais en parler à Caleb » propose t'il maladroitement... car il n'est pas ce genre d'être, celui qui réconforte, celui qui apaise, il ne sait pas comment faire, et il ne sait pas s'il en a réellement envie.

 « comment sont tes nuits Clarke ? » demande t'il sans détacher son regard du sien, souhaitant capter la moindre bride, essayer de devenir ces émotions qui lui sont totalement étrangères.

J'avais laissé ma question en suspend avec la petite précision que j'y avais ajouté. Attendant une réponse qui ne viendrait jamais, apparemment. J'ignorais si ça voulait dire qu'il préférait éluder la question parce que la réponse était oui, ou parce que la réponse était non. C'était difficile de juger le concernant, parce que je n'était pas certaine de ce qui l'aurait le plus dérangé : dire que je l'emmerdait à venir le voir ? Ou dire qu'il appréciait ma compagnie ?

Mais je n'avais pas trop le temps de m'attarder sur ces questions là. Parce que d'autres m'étaient venues quand il avait parlé. Non seulement il ne me répondait pas, mais il disait des choses qui m'embrouillait. Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'il voit ? De quoi parlait-il quand il disait que je devrais parler à Caleb ? Il m'avait demandé comment se passaient mes nuits et j'avais gardé le silence un instant, comprenant à moitié ce dont il s'agissait.

Il savait pour les cauchemars. Il avait su que je me réveillait en sursaut tout le temps ou il avait veillé sur moi, mais... il ignorait que j'en avait encore, surtout autant. Il ignorait que même éveillée je voyais... Soudain, j'avais reculé ma main toujours en contact avec la sienne. Il savait ! Il n'avait pas supposé. Ses mots étaient clairs, certains. Et pile quand j'avais eu ces souvenirs en mémoire ? Quelles étaient les chances pour que ce soit une coïncidence ? C'était pour ça que main c'était mue, brusquement. Parce qu'une partie de moi savait que c'était passé par ce contact. Même si je m'interrogeait encore sur tout le reste.

« Tu as vu... ? » Et sentit, et ressentit... Il avait vu mes souvenirs ? Perçu a quel point j'avais eu peur ce soir là... Comment c'était possible ? Il avait le pouvoir de voir mes souvenirs ou de lire mon esprit, de... ? Ce genre de pouvoirs existaient, mais... Est-ce qu'il aurait lu sans mon accord ? Est-ce... ça n'était pas lui qui avait lu ? Non... ça n'était pas possible. J'étais de lignée, certes. Je m'entrainais énormément et je pensais presque uniquement magie. Mais un autre pouvoir... ça n'avais aucun se... Je me coupais, et songeais à Myra et à l'ancien autel et artéfact utilisé pour renforcer la magie. Nous renforcer, nous sorciers... Peut-être pas si impossible... BORDEL !!

« C'est toi ou c'est moi qui a fait que tu as vu... Qu'est-ce que tu as vu exactement ? »

J'avais une bonne idée de ce qu'il avait vu, pour avoir eu ces souvenirs en tête. Mais j'avais besoin d'une confirmation. Et pas seulement de ce qu'il avait vu, du responsable aussi. Parce que si c'était moi... c'était vraiment pas le moment pour un nouveau pouvoir ! La fatigue, les cauchemars... je n'étais pas en état de contrôler ça en plus. Attends... C'était pour ça qu'il avait mentionné Caleb, n'est-ce pas ?

« Caleb ne peux pas m'aider. Pas en ce moment ! Il a plus important à faire. Je ne vais pas le déranger, alors que... Il ne m'a pas dit quelle était sa mission. Il respecte les règles. Mais... il n'a pas besoin de le dire. Je sais pour les cavaliers. J'ai fait le calcul. Je ne vais pas le détourner de ça. Le sort du monde est plus important que mes insomnies ou que mes cri... » Je m'étais coupée dans ma phrase, réalisant ce que j'allais admettre et finissais par ajouter :

« Je vais me débrouiller. Il n'a pas besoin d'ajouter ça à ses obligations... »

Pourquoi fallait-il que l'univers trouve toujours une occasion pour qu'il soit en contact avec elle ? Maintenant qu'il savait, pourrait-il lui tourner le dos ? Il en doutait, il en doutait fortement. Cependant, il savait que l'intelligence d'esprit serait de la laisser là, d'en dire un mot à Caleb, rien de plus, rien de moi. Après tout, cela ne le concerne en rien ! Pourtant, il ne peut pas s'empêcher d'être concerné, de prolonger le contact bien malgré elle. Il ne s'agissait pas que de lui, il ne s'agissait pas que d'elle, une simple combinaison entre sa capacité et celle qui était en train de naître dans chaque particule de son être. Le lieu n'était pas le meilleur pour les confidences, il essaye de chasser son regard interrogateur, il essaye de rester insensible à l'appel de son âme, mais il faut croire qu'il n'est pas si insensible qu'elle aimerait le laisser paraître.  « Tu ne peux pas me mentir Clarke, j'ai ressenti ce que tu as ressenti, et cela continue, pas que la nuit... » ses dernières paroles firent comme un murmure avant qu'il décide de lui même de lui lâcher la main, de rompre ce contact.  «Disons qu'il s'agit de nous deux petite souris »

Il plonge son regard dans le sien  « Je ne peux pas entrer dans les détails, j'ai tout simplement tout vu... j'ai vu ce que tu as vécu, j'ai vu ce que tu peux encore vivre à cause de cet événement... Merde Clarke ! Je pensais que c'était derrière toi ! » Lance t'il d'un ton un peu trop brutal... ce n'était pas contre elle cependant, loin de là. Il ne comprenait juste pas pourquoi tout cela était encore dans sa mémoire, dans ses pensées, dans ses cauchemars, si présent, si oppressant... il n'est pas humain, il y a des choses qui restent encore inconnues pour lui.  « tu n'es plus en danger » n'avait-elle pas son ange ? D'ailleurs où était-elle ? Il avait bon se concentrer, il ne ressentait rien... juste le vide, le silence, aucune vibration n'était digne d'un intérêt quelconque.  « elle ne veille plus sur toi ? » il se doutait qu'elle allait comprendre, enfin il l'espérait... s'il l'avait laissé, c'était pour répondre à l'appel de Lucifer, mais aussi parce qu'il espérait qu'elle soit en sécurité avec cet être céleste, loin de la noirceur de son esprit pervers.

 «On bouge ?» proposa t-il, en refoulant l'envie de l'attraper par la main sans lui demander son avis pour l'embarquer sur sa moto, sans lui laisser le temps de dire au revoir à ses amis. Il ne supportait plus cet endroit bondé, et ses paroles à demi mots, cela commençait sérieusement à l'agacer.

 « tu me suis ? »

Je n'avais pas menti. Je n'avais pas nié. Je ne pouvais simplement pas demander d'aide à Caleb. Pas maintenant. Le sort du monde passait avant mes cauchemars, même si comme il disait, j'avais des effets même éveillée. Ce qui m'inquiétais le plus actuellement, de toute façon, c'était si je lui avait montré moi ces souvenirs ou si... j'ignorais ce qu'il avait voulu dire par « il s'agit de nous deux », puis j'avais baissé les yeux sur ma main, la sienne et mon cerveau avait vu trouble. C'est bel et bien parce que je le touchais !! N'est-ce pas ?

Je n'avais pas eu le temps d'y réfléchir davantage, car il s'était emporté. Il avait l'air en colère, pas contre moi, du moins je n'en avait pas l'impression. Il semblait en colère contre la situation. Alors que e devrais être celle en colère non ? En colère de continuer à voir ces souvenirs dans ma tête ? En colère de ne plus rien dormir, de faire ces crises de panique ? En colère d'avoir partagé un souvenir aussi personnel... ? Derrière moi... Il pensait que ça l'étais et j'aurais aimé qu'il ai raison. Pourtant, c'était plus compliqué que ça. C'était pas faute de vouloir que ça s'arrête. Mais parfois, nous petits humains n'avions pas notre mot à dire sur les répercutions que pouvaient avoir des chocs du genre. J'avais beau dire que j'étais forte et l'être... Il n'y avait pas grand chose, pas même mes rêves prémonitoires les plus affreux, qui pouvaient me préparer à voir en temps réel une dizaine de personne se faire massacrer a mes pieds. Et s'était sans compter le plus gros du problème, le fait que moi même, j'avais faillis être l'une d'entre eux. Une victime parmi d'autres...

« ILS ne sont plus un danger. Mais c'est pas les dangers qui manquent, Alec ! » Soufflais-je sans animosité et presque avec une pointe d'humour.

« Quoi... que... » Sa question s'était enchainé si vite qu'un temps, j'avais eu du mal à le suivre. Puis, j'avais compris.

« Je n'ai pas refusé qu'elle continué à me protéger. ALors, oui, elle est toujours mon ange gardien. Mais... elle est pas là pour me protéger de... moi même et de mon satané subconscient. » Il parlait d'Imamiah, n'est-ce pas ? Qui d'autre ? Soudain, il avait changé de sujet, encore. On bouges ? J'avais relevé mes yeux sur lui, surprise. Je n'étais pas certaine de comprendre, il semblait dispersé et ça n'était probablement pas qu'une impression. Peut-être que c'était à cause de ce que je lui avait laissé voir dans on crâne ? Est-ce que c'était important ? Peu importait ce qui se passait dans son esprit pour le faire agir de la sorte, la question, la vraie c'était... Est-ce que j'allais le suivre comme il me le demandait ? J'avais jeté un regard derrière moi, pris mon téléphone presque sans réfléchir et envoyer un sms à ma collègue. « Je me sens pas bien, je vais rentrer. On se revois au travail. »

« Je te suis ! » Je n'avais pas hésité. J'ignorais ou il voulait aller. Mais cette ruelle, cette boîte... je n'avais plus envie de rester de toute façon. Et si je devais être quelque part, je préférais que ce soit avec lui.