Je parcourais les rues du sud est, les plus proches du port depuis que les attaques avaient commencé. Après ma rencontre avec Haiaiel sur le port, j'avais tendance à penser que celui-ci était surveillé par plus compétent que moi. J'étais donc nécessaire ailleurs et je n'avais pas chômé dernièrement, ce qui m'inquiétait un peu. Non seulement parce que ça voulait dire beaucoup d'attaques, mais également parce qu'il n'était pas toujours possible de tuer les créatures. Le nombre les caractérisaient bien et comme des animaux, elles se promenaient en meutes. Si j'avais réussi jusque là à protéger les humains, je ne pouvais pas, par contre toutes les tuer d'un coup et beaucoup disparaissaient, probablement pour s'en prendre plus tard à d'autres. J'imagine que comme pour tout animal, s'acharner sur une victime était un plan, jusqu’à ce que la victime soit trop puissante pour eux. Dans ces cas seulement, ils fuyaient. Je n'osait même pas imaginé ce qui serait advenu des humains si je n'était pas arrivé aux moments propices...

Sur le toit d'un immeuble, ayant pleine vue sur la rue, je surveillait. Tentant au mieux d'écouter les alentours et de percevoir quelque chose au milieu des bruits nocturnes de la ville. Il n'y avait rien eu d'anormal pendant des heures, jusqu'à ce qu'un hurlement ne retentisse. Ni une, ni deux, je m'étais téléporté dans sa direction, atterrissant a quelques mètre seulement de l'impasse ou six chiens de l'enfer avait acculé deux humains. Une impasse ? J'aurais juré avec mes nombreuses rondes que nous étions dans une rue, non pas une impasse. Ne pouvait cela dit pas perdre du temps en réflexion, en une foulée rapide, j'avais saisi le chien qui lacérait les membres de l'homme, par le cou. Le projetant contre le mur à notre droite. Sitôt était-il entré en collision avec la brique, sitôt il s'était relevé, ou presque. Pourtant, j'étais déjà près, mon pugnalis caelestis en main. Il avait alors chargé et j'avais paré son attaque avant d'enfoncer la lame, déclenchant un éclat de lumière qui consuma l'âme presque immédiatement.

Soudain, j'avais relevé les yeux et constaté que j'avais raison. Nous n'étions pas dans une impasse. La rue était mal éclairée, certes. Mais elle offrait une échappatoire que l'humaine avait saisie dès qu'elle l'avait vue, commençant à courir. Alors, a qui s'en prenait les chiens sur ma gauche ? Peu importait, vraiment, car qui que ce soit, je savais que je ne pouvais faire qu'une chose. Alors que l'humaine avait fuit, aucun chien n'en ayant fait de même pour le moment, j'avais foncé vers l'autre victime, plongeant mon arme dans le flanc du khawarij qui l'a mordait. Un nouvel éclat de lumière avait détruit le chien et ceux restants avait finalement décidé de se replier. Je savais qu'ils attaqueraient de nouveau, cependant, j'avais deux humains amochés sur les bras, dont un gravement blessé. Je ne pouvais pas simplement les abandonner et poursuivre les créatures.

« Mettez la main la dessus, je m'occupe de vous après ! » Sa blessure aurait probablement été suffisamment rapide à soigner. Probablement ! Voila tout le problème. Je n'étais pas certain de pouvoir la soigner avant que l'autre se vide de son sang. J'avais déjà du attendre bien trop longtemps à cause du combat. J'avais donc rejoins l'homme et m'étais agenouillé à coté de lui.

« Ne vous en faites pas, ça va aller. » Il m'avait regardé, presque moqueur. Comme si j'avais dit une absurdité à laquelle il ne croyait pas. Comme pour me dire : « Pas la peine de mentir, je ne suis pas débile. Je sais que c'est que je vais y passer. ». Mais quoi qu'il pensait, il se trompait et je posait une main sur lui laissant mon pouvoir faire son œuvre. Doucement mais surement, les plaies se refermaient provoquant une certaine stupeur chez l'homme qui avait eu le réflexe d'agripper mon poignet, juste au dessus de la main que j'avais posé pour le guérir.

« Je ne suis pas du genre à mentir... » Fis-je avec un ton rassurant. J'avais clairement pu voir son regard passer de la surprise au soulagement, alors que les douleurs devaient se calmer et qu'il comprenait qu'il survivrait. Alors qu'il restait encore des plaies, j'avais relevé les yeux sur l'autre blessée.

« Vous n'étiez pas avec eux, n'est-ce pas ? » Mauvais endroit, mauvais moment ? C'était souvent que ça arrivait malheureusement par les temps qui courraient. Soudain, le souvenir de l'impasse me revint en mémoire. Une impasse qui n'en est pas une. L'attaque... Son attaque... Et l'illusion qui s'était dissipée...

« C'est vous qui avez provoqué l'illusion, n'est-ce pas ? L'impasse ? POURQUOI ? » Haussais-je le ton, stupéfaits, alors que l'humain entre mes mains guérissait toujours peu à peu.

J'avais vaguement entendu la réponse de l'humaine quand j'avais dit de faire pression sur sa blessure. Mais je n'en avait pas réellement fait cas, car j'avais plus pressant face à moi. Pourtant, à présent que la situation s'était simplifiée et que l'homme était tiré d'affaire et continuait de guérir sous mon pouvoir, je ne pouvais pas m'empêcher de ré-entendre ses paroles dans ma tête. Elles se battaient en duel avec les nouvelles qu'elle avait proféré, ces mots qui ne trouvaient pas sens dans mon esprit. Pour qu’il puisse retourner chez lui. Il aurait été en paix. Et vous alors ? Pourquoi vous ne le laissez pas reprendre sa liberté et le soignez ? Vous êtes sadique. Si on ajoutais à ça la dague qu'elle tenais en main, comme un rempart entre elle et nous... Elle semblait me considérer comme l'ennemi, même après que je l'ai secourue. Elle m'insultait de sadique, pour sauver cet homme qui voulais être sauvé.

« Sa liberté ? Quelle liberté ? Celle de mourir ? Parce que vous croyez que c'était son choix ? » Répliquais-je cinglant en désignant d'un signe de tête, la victime toujours entre mes mains.

« J'ignore ce que vous croyez... savoir. Mais vous vous fourvoyez ! Cette attaque dont vous avez vous aussi été la victime n'était que ça. Une attaque. Absurde, violente et même bestiale vu les perpétrateurs. Mais pas plus... »

Même si elle n'avait pas attaqué les deux humains. Elle leur avait coupé la route. Les avaient empêché de fuir en provoquant une illusion. Et ses paroles... Je n'étais pas certain de trouver un sens à ces dernières, ou même à ce qu'elle semblait suggérer, sachant qu'elle était comme eux, humaine.

L'homme semblait s'agiter et légèrement s'inquiéter. Les mots de la jeune femme et la réalisation de ce qu'elle avait fait contre eux, semblant le frapper alors qu'il était encore faible, blessé et toujours au sol.

« Ne vous en faites pas. Je ne la laisserait pas vous approcher. Ou vous faire du mal. » Soufflais-je, ma main guérisseuse toujours sur lui. Une autre blessure se résorbait et avec mes paroles sont inquiétude semblait contenue.

« Vous avez un pouvoir d'illusion ? Je crois qu'il vous faut vivre au delà de celle-ci. Quoi que soit ce qui vous fait dire ce genre de choses... Quel que soit le véritable sens de vos paroles, d'ailleurs... je crois qu'il y a une incompréhension quelque part. »

J'étais près à admettre que j'étais le premier dans l'incompréhension. Mais je n'était pas le seul à ne pas comprendre quelque chose. Moi c'était ses mots, la situation. Elle... c'était autre chose. Même si je n'étais pas encore sûr de quoi, exactement.

J'étais totalement décontenancé. J'ignorais ce qui se tramais dans la tête de cette jeune humaine, ou ce qui l'avait poussée à être ainsi. Mais ses mots n'avaient aucun sens. Comme si tout était inversé. Pour elle, mourir, c'était la libération de l'âme ? Elle oubliait les souffrances, ou ne comptais vraisemblablement pas ceux qui avaient été tués par les cavaliers ! Aucune âme libérées là. Elle semblait refuser toutes mes explications, même mes paroles concernant l'attaque. Mais je ne m'expliquais pas une attitude pareille. Elle avait été attaquée elle aussi, je l'avais secourue au même titre que l'humain que je soignais. Et elle continuais de penser que ça aurait été une libération ?

« Dites-moi, quand ils vous auraient tué vous aussi, ça aurait été une libération également ? Ou ça ne vaut que pour les autres, votre charabia ? »

J'avais beau aller mieux, je n'étais pas encore totalement remis et apparemment, il j'étais toujours capable de m'énerver plus que de coutume. Disons que vu le discours qu'elle tenait, considérant à quel point l'homme était passé près de mourir, c'était difficile de ne pas s'emporter. Quoi que passé un temps, même après la chute, j'aurais été bien plus calme. Mais là, c'était tout autre chose, d'autant plus parce qu'elle essayait d'effrayer cet homme, qui avait déjà frôlé la mort. Elle s'était lancée dans une tirade que je n'avais pas su comment arrêter. C’est à cause de lui si vous êtes dans cet état là… Je ne suis pas l’ennemi… Il l’est... C’est lui qui a envoyé ses créatures invisibles sur vous... Vous arrivez comme par hasard pile au bon moment pour jouer les héros... Jusqu'à ce que le peu de self-control que j'avais retrouvé depuis ma prière et discussion avec Ezechiel ne cède.

« ÇA SUFFIT ! » Tonnais-je avec force, souhaitant qu'elle arrête d'affoler l'humain qui n'était toujours pas totalement guéri.

« J'ignore si vous mentez pour l'effrayer, ou si vous croyez vraiment ces inepties ! Et je m'en fiche, pour être honnête. Vous avez piégé ces personnes avec votre pouvoir ! Si vous n'aviez pas vous même été attaquée, ils auraient pu mourir. Alors épargnez-moi votre discours de fanatique et vos accusations. Je n'ai pas envoyé ces créatures les attaquées. Jamais je ferais du mal à un être humain et c'est d'ailleurs ce qui vous sauve ! » Si elle n'avait pas été humaine, vu ce qu'elle avait fait, je n'aurais pas hésiter à la tuer. Pourtant, je ne pouvais pas. Pas seulement par lois divines, mais parce que j'en était incapable, je le savais. J'ignorais si elle s'était fourvoyée, si elle était juste cinglée ou si c'était plus compliqué. Mais présentement, je ne pouvais pas m'en inquiéter. A cette pensée, j'avais de nouveau baissé le regard vers l'homme, il semblait inquiet, mais de manière raisonnable. Elle n'avait pas complètement réussi à l'affoler, ce qui était déjà bien.

« Ne vous inquiétez pas, ça va aller. » Lui dis-je, alors que la dernière plaie finissait enfin de se refermer.

« Ce qu'elle dit ne pourrait pas être plus loin de la vérité. Vous avez perdu pas mal de sang cela dit... » J'avais du agir vite, sinon ça aurait été fatal. Heureusement, il n'en avait pas perdu suffisamment pour ça et son organisme pourrait en refaire seul.

« Il faudra vous reposer et boire beaucoup d'eau. Mais ça ira... » Je jetais un œil à l'endroit ou avait fuit son amie, ou compagne.

« Vous savez ou elle est allée ? On devrais s'assurer qu'elle va bien. Et je m'assurerait que vous regagnez votre domicile en sécurité. » Je n'étais plus vraiment inquiet pour les chiens, car le danger que je trouvais le plus immédiat, c'était elle. Cette humaine qui divaguais complètement. J'aidais, doucement, l'homme à se relever, restant à l'affut d'une attaque.

« Je ne vous propose pas de vous soigner. J'ai cru comprendre que c'était hors de question... » Fis-je finalement, quand je soutenais la victime, debout à coté de moi.

Il avait regardé l'humaine, moi et vice versa, puis avait fini par trancher, choisissant apparemment de m'accorder sa confiance.

« Elle a du courir chez nous et appeler la police... Je lui avait dit que si elle le pouvait, elle devait fuir et ne pas s'arrêter de courir tant qu'elle ne serait pas à l’abri... »

J'acceptais son explication, hochant de la tête et m'apprêtait à lui demander ou nous rendre, mais je ne voulais pas que l'humaine sache. Et j'avais peur qu'il fasse plus que me donner une simple indication type "droite, gauche, ou tout droit". D'ailleurs, allait-elle poser problème ? Vu ce qu'elle avait déjà fait ou dit, je n'étais pas certain qu'elle ne soit pas un obstacle à notre départ. Je relâchait donc ma prise sur l'humain, légèrement, subtilement. Simplement pour voir s'il était capable de rester debout seul et la réponse était oui.

Quand elle avait répondu à ma question sur le sort qu'il lui était réservée si ELLE, elle avait été tuée ce soir, j'avais eu confirmation. Elle était dérangée ! Pas dans le sens péjoratif du terme, quoi qu'il n'y en avait pas vraiment un autre que ça. Mais parce qu'elle croyais dur comme fer à ce qu'elle disait et trouvait des raisons à tout. Ou alors, on lui avait dit. Quoi que soit la façon dont elle en était arrivée à ces conclusions, elle y était et tout semblait inversé. Le bien et le mal étaient toujours opposés, mais... elle croyait occuper la bonne place, tout en tuant... J'avais du mal à intégrer ça. Comment... Mais ça n'était pas le moment. Même s'il était évident que cette jeune femme méritait d'être mise face à ses contradictions et la vérité. Ce ne serait pas pour ce soir.

C'était en partie pour ça que je m'étais emporté. La raison principale restant que je voulais protéger l'homme à mes côtés de ce qu'elle disait et de la frayeur qu'elle forçait en disant ces choses. Mais j'aurais menti si j'avais dit que je m'étais emporté sans penser que de toute façon, essayer de la convaincre n'était pas une option. Alors je lui avait dit plus ou moins ça. Mais elle avait encore une fois retourné la situation, utilisant ma colère à son avantage. J'aurais du m'en douter...

« Rien fait de mal... On aura tout entendu... » Soufflais, las et toujours passablement énervé.

« Ça n'est pas parce que ta tentative de meurtre a échoué, que tu es blanche comme neige ! » J'en était venu naturellement au tutoiement. Parce qu'elle l'employait aussi, mais également parce que je n'avais plus la patience de prendre des pincettes et de lui parler avec ce même respect que j'accordais en général aux humains.

« Bordel... Et ça ne t'ai pas venu à l'idée qu'ils n'étaient contrôlés par personne ? Qu'ils sont juste à l'état sauvage et violent, d'eux même ? » Qu'est-ce que j'essayais de faire au juste ? Il n'était pas question de la convaincre, je l'avais dit. Elle était bien trop ancrée dans sa façon de penser pour ça. Abandonne, Castiel !

« C'est ce que je pensais... » Elle préférait se trainer sa blessure, plutôt que me voir l'approcher. Grand bien lui fasse. Ce n'était pas mon genre de laisser souffrir un humain, mais ça n'était pas plus mon genre de faire quelque chose contre leur volonté. Et on ne pouvait pas dire que la jeune femme me donnait particulièrement envie de l'aider, qui plus est.

« On... On y vas ? » L'humain avait finalement demandé, surement pressé de quitter cette ruelle de malheur. Sans compter que plus ça allait, plus je le sentait se tendre à coté de moi. Elle l'effrayait à présent. J'étais à peut près certain que tous les doutes qu'il avait pu avoir un peu plus tôt s'étaient évaporés et qu'il avait pleinement choisi son 'camp'. Je n'avais pas répondu, mais m'étais seulement positionné de façon à être entre elle et lui. Espérant le rassurer, mais aussi lui faire comprendre que je voulais qu'elle parte elle la première. Afin d'être certain qu'elle n'était plus une menace pour lui, ce soir ou n'importe quel autre soir. Heureusement, elle avait effectivement choisi de partir. Surement, que même avec son sens de moral inversé, elle savait qu'elle ne faisait pas le poids face à moi. J'ignorais ce qu'elle croyait que j'étais exactement, ange, déchu, humain... Mais elle m'avait vu combattre, même sans voir les adversaires et elle avait vu une bonne partie de mes pouvoirs.

J'avais presque soupiré de soulagement, mais celui ci avait été de courte durée. Elle n'avait fait que quelques pas quand un chien de l'Enfer était revenu à la charge. Il avait probablement cru qu'on seraient parti depuis longtemps. Il aurait eu raison dans d'autres circonstances, mais la situation avait été plus compliquée que prévu.

Je n'avais pas eu le temps de la prévenir, même si ça n'aurait rien changé vu son amour pour ma personne. Et elle s'était retrouvée plaquée au sol, à se débattre dans le vide pour éviter que l'animal ne l'éventre. Sans le voir, c'était presque inutile et alors que je veillais à mettre l'homme contre le mur derrière nous pour qu'il ne s'écroule pas de fatigue ou de frayeur, elle avait déjà plusieurs entailles profondes qui s'étaient ajoutés à sa première plaie.

Malgré sa volonté de rester loin d'elle, je ne pouvais pas... Je ne pouvais pas ne rien faire et laisser un être humain se faire déchiqueter en morceaux devant moi, sans intervenir. Alors, une fois le premier humain sécurisé un minimum, j'avais foncé à l'attaque. Ma main s'étant portée vers mon pugnalis avec aisance, alors que mon pied avait rencontré la gueule du chien de l'Enfer pour le propulser loin de l'humaine à mes pieds. Le chien, seul pour le moment, et j'espérais que ça reste ainsi jusqu'à notre départ, n'avait pas semblé vouloir reprendre notre danse d'un peu plus tôt. Après ce coup, il avait fait mine de fuir, une nouvelle fois. Soit pour réellement fuir, soit pour aller chercher des renforts. Après tout, plus ça allait, plus la situation était à leur avantages. La femme était à présent bien plus blessée et l'homme... Il avait besoin d'aide pour marcher et ne pas verser.

« Pas cette fois ! » Fis-je avec détermination, en changeant ma prise sur le poignard, visant avec précision, avant d'envoyer la lame se planter dans la créature à quelques mètres plus loin. Heureusement, le combat était encore frais et le chien ne s'était pas encore dématérialiser pour revenir à son état normal. L'arme s'était plantée sur plusieurs centimètres dans son cou, avant que sa lumière n'enveloppe l'âme infernale et ne la détruise, illuminant une nouvelle fois la ruelle. Préférant aller au plus rapide et aussi parce que l'homme n'était plus à ça près après ce qu'il avait vu et entendu ce soir, j'avais tendu la main, pour faire revenir le pugnalis caelestis dans cette dernière. Grâce au pouvoir de l'arme, il avait été comme happée et m'était revenu, pour que je le range de nouveau à ma taille.

« Est-ce que cette fois, je peux m'approcher et te soigner ? » Demandais-je finalement, en me tournant vers l'humaine et ses blessures inquiétantes.

« Il vaudrait mieux, qu'on ne soit plus là quand les autres se déciderons eux aussi, à revenir... » Ajoutais-je, essayant de la presser à se décider. Parce que le danger était réel, pas pour moi, mais pour eux. Moi, je reviendrais ici toutes les nuits, ou dans d'autres rues, pour protéger les humains qui s'y trouveraient potentiellement. Eux... ils étaient déjà passé deux fois à coté de la mort ce soir, je préférais éviter que ça se reproduise une troisième fois.

Le fait qu'elle avait une idée si différente de la réalité était re-devenu le cadet de mes soucis, sitôt un des chiens était revenue dans l'allée. Si seulement nous n'avions pas trainé ici, j'aurais pu mettre cet homme à l'abri et elle également aurait été bien plus en sécurité. Ce, même si elle aurait peut-être trouvé à redire sur ça, aussi.

Le temps que j'avais perdu pour la protéger du chien, avait été pour veiller sur l'homme. Je n'aimais pas dire que j'avais fait passé sa sécurité avant la sienne, mais... vu l'attitude de la jeune, femme, j'avais du faire un choix et ça avait été celui-ci. J'avais fait vite, cela dit et rattrapé ma décision en tuant ce chien avant qu'il ne puisse fuir. Ses blessures s'étaient multipliées et à présent, elle avait besoin de mon aide. Je n'étais pourtant pas certain qu'elle l'accepte, aussi nécessaire que ce soit. Je ne pouvais pas me résoudre à la forcer, malgré tout et avait demandé son autorisation, qu'elle m'avait donné, contre toute attente. Non sans quelques menaces inutiles qui m'avait laissé impassible.

« Je vais seulement te soigner. Et ensuite je te conseille de partir et vite. Cette partie de la ville est remplie de ces créatures et sans pouvoir les voir... tu es à leurs merci ! » Le conseil était là par principe, mais elle serait la seule à pouvoir choisir de le suivre ou non. Mes mots avaient croisés les siens et j'avais été légèrement surpris en portant une main sur elle pour la soigner. Est-ce qu'elle était vraiment prête à écouter la vérité ? Ou est-ce que sa question ou plutôt ma réponse à cette dernière rencontrerait un nouveau mur ?

La seule façon de le savoir était de tenter, chose que je décidais de faire. Après tout, elle me donnait une infime chance de lui faire réaliser ses erreurs, je devais la saisir.

« Ce n'est vraiment pas moi, non ! Tout ce que je veux, c'est arrêter ces choses et protéger leur victimes. » Inutile de dire qu'elle était incluse dans le mot 'victimes', puisque j'avais toujours une main sur elle pour la soigner. Ses blessures guérissaient bien plus vite que celles de l'homme, elle était dans un état bien moins critique, il fallait dire. En parlant de l'homme, je m'étais tourné vers lui, remarquant un léger mouvement de sa part. Il tanguait un peu. Il avait surement besoin de s’asseoir, ou même de s'allonger et se reposer pendant de longues heures.

« J'aurais bientôt fini de la soigner, ensuite... je vous raccompagne comme prévu. » Avais-je lancé à l'humain, en me tournant vers lui. Une partie de moi se sentait en partie coupable de ne pas proposer à la jeune femme la même protection. Mais, même avec sa question, je doutais qu'elle accepte et je ne pouvais pas prendre le risque de les garder tous les deux ensembles. Elle avait essayer de lui faire du mal, à lui et sa compagne. L'aider de trop pouvait les mettre en danger et c'était si on imaginait qu'elle accepte que je la protège et la raccompagne.

Je venait de terminer de résorber ses blessures et m'était sitôt redressé pour aller soutenir de nouveau l'homme que je voyais de moins en moins stable sur des jambes.

« Je te proposerais bien une escorte aussi, mais je peine à croire que tu acceptes. Et je n'ai pas envie de perdre du temps à débattre. Nous avons tous vu ce que ça donne... » Des dangers supplémentaires et pas des petits.

« Il doit rentrer chez lui se mettre à l'abri. Et toi... tu devrais faire pareil de ton côté. » Et je voulais également vérifier que la jeune femme qui l'accompagnait était bel et bien à leur appartement, indemne. La laisser partir seule ne me plaisait pas réellement, je devais bien l'avouer. Qui sait ce qu'elle pourrait rencontrer sur sa route, après tout ? Mais quel autre choix j'avais ?

« Ce serait bien si tu n'étais pas à pied. Plus prudent, en tout cas... » Je n'allais pas lui dire quoi faire. J'ignorais même si elle avait une voiture pas loin. Mais que ce soit ça, ou qu'elle prenne un taxi... J'avais en tout cas conseillé autant que je le pouvais sans qu'elle puisse se sentir forcée à quoi que ce soit. En tout cas, je l'espérait.