Savez vous ce que c’est que de vous lever, chaque jour, de façon à accomplir votre devoir sans ne jamais avoir à douter ou vous questionner sur la justesse de vos propos et actes ? Après tout, vous n’êtes rien de moins qu’un parfait petit soldat. Une arme d’argile solide et parfaite qui est dévouée jusqu’au plus profond de son putain de trou du cul. Alors… vous saccagez, tuez, torturez, brûlez et détruisez, qu’il s’agisse de villes ou de démons, juste car c’est « la seule chose juste à faire ». Vous le savez sans doutes, car vous avez sûrement déjà entendu ou lu mon nom quelque part mais je suis… j’étais, un ange de premier ordre. Un des premiers et plus fidèles serviteurs de Dieu. Cette entité qui bénit nombre d’humains par l’ignorance de sa possible et réelle existence, mais qui demeure bel et bien, là, quelque part. Qui continue, envers et contre tout, de mener sa sainte croisade. Et elle n’est pas toujours aussi reluisante que ses fidèles croyants peuvent l’imaginer. Il faut dire que le plus souvent, c’est au vainqueur d’écrire l’histoire et qui, dans ce bas monde, peut réellement espérer contrer le créateur de toutes choses ? Beaucoup s’y sont essayés et s’y essaient encore, il est vrai. Et il est encore là. Pour le meilleur ou pour le pire. Et pas de chance… Ce sont mes mains qui ont eu l’occasion plus d’une fois de se retrouvées entachées du pire. Pendant de longs millénaires. La seule différence concrète entre cette époque et maintenant, c’est que j’ai aujourd’hui pleinement conscience de la quantité de sang qui à coulé sur mes mains. Alors oui, vous m’excuserez si je ne sautille pas d’une chaste joie à vous conter ma foutue histoire. Sachez seulement que toutes les atrocités que vous pouvez connaître, j’ai sans doutes du les accomplir en son nom. Mais je serais bien injuste de tout limiter à cela, malgré cette immense colère que je ressens. Il n’accomplit rien qui ne soit pas pour le bien des Hommes. Et c’est sans doutes pour leur bien aussi que nous autres sommes dépourvus de sentiments à l’origine. Car pour préserver une espèce, il faut parfois se montrer capable d’accomplir d’horribles choses. Et en ce point, on peut dire ça cruel, ça n’en demeure pas moins éternellement juste. J’ai eu l’occasion d’accomplir bien des choses pour eux. Pour cette humanité que j’étais jusqu’alors incapable de comprendre. Et bien que ces choses ne sauvent pas à mon esprit le poids du reste. A défaut de vous conter des millénaires d’existence, je vais donc plutôt vous conter le poids de la loyauté qui a alourdi mon cœur jusqu’au dernier instant. Et qui n’a jamais cessé de le faire depuis :

J’ai sacrifié ma grâce lors du combat contre Discord. Quel plus grand acte de foi aurais-je pu accomplir que d’aller jusqu’à sacrifier ma grâce pour pouvoir participer au combat et ainsi réparer la potentielle erreur de Dieu pour lui ? Je ne vois que très peu de choses. Car il en existe que très peu, justement. Là ou on aurait pu douter de la justesse de nos actes, je me suis simplement dressé comme je le pouvais et en ai payé le prix. Et quel prix. On peut dire que je ne m’attendais pas à tout cela. Je n’ai jamais hésité avant ce jour. Et même alors, j’ai décidé de chasser tous ces sentiments le temps de ce combat. Car il était bien plus important que le petit être que j’étais devenu. En revanche… Depuis. J’ai largement eu le temps, ces dernières années, de me questionner sur les raisons de l’existence, sur le poids de mes actes, sur mes convictions et désirs. Tant de choses dont je n’avais pas conscience et je pense qu’aujourd’hui plus que jamais, je comprends pourquoi notre Dieu nous à crée à cette image : Insensible et détachés. Car quiconque pourrait ressentir le poids de ces actions ne pourrait que s’en voir marqué à jamais. Et il m’aura dors et déjà fallu que beaucoup trop de temps pour commencer à en accepter les stigmates. J’ai passé ces dernières années plus épave que réellement vivant. Me retrouver était volontairement une sorte de jeu de piste aussi idiot que malsain et je n’ai eu de cesse de m’injecter tout ce qui pouvait me faire oublier un tantinet tout ce qui s’est déroulé ces dernières années… Aujourd’hui, cependant, je ne sais que trop bien à quel point tout ce que j’ai pu accomplir demeure juste. Et si c’était à refaire… je crois bien que je le referais. Il ne me reste plus, maintenant qu’à trouver quoi faire de ma putain de nouvelle situation. Et je dis pas ça pour ma carcasse seulement, hein… j’ai ma chiée de PTSD derrière qui sautillent joyeusement. Quel enfer.