Rien de mieux que le travail pour oublier cette guerre pendant quelques heures. Bien que je sois recherché par les démons et les anges, je savais que je pouvais me sentir en sécurité en ces lieux. Si quelqu'un souhaitait me tuer, cela ne se passerait pas en pleine journée, au milieu d'autant d'humain... enfin, il fallait l'espérer. Je n'avais pas encore trouvé le temps de contacter une sorcière pour qu'elle puisse me concocter un sort de protection. De toute manière, est-ce que cela servirait à beaucoup de chose ? Je savais très bien que j'allais finir par perdre ma tête dans cette histoire. J'espérai simplement voir la chute de Lucifer ainsi que celle de cet enfoiré de Sytry avant de retourner au bercail. Il est sûre qu'une fois mort, mes anciens frères et sœurs allaient me recevoir avec tout un arsenal. Ce n'était pas très joyeux de s'imaginer être torturé pour l'éternité, enfin avec un peu de chance, peut-être que les enfers seront traitées en même temps que le problème Lucifer. Enfin, je ne me faisais pas trop de fausses idées. Après tout, pour un ange, un démon est un démon. Il s'en fiche de savoir que j'ai retourné ma veste à un moment donné. Je suis damné, j'ai tué des innocents et des ailés, en résumé, si j'étais intelligent je ne serai pas dans ce bureau mais plutôt au soleil en train de siroter un cocktail et de mater des jeunes femmes sur la plage... voilà une belle mort.

Je chassais ces pensées sordides et me plongeais dans un dossier. J'avais du travail en retard, il fallait que je m'active si je voulais avoir un salaire à la fin du mois. Ces temps-ci, je m'étais occupé de Riley au lieu de ces dossiers. Résultat, j'allais rester tard au bureau ce jour. En parlant d'elle, j'espérai qu'elle allait bien... et qu'elle avait fait le bon choix. Je n'avais pas encore eu l'envie de la contacter. Elle devait se sentir en sécurité avec ce « chasseur », en train de lui raconter qu'elle avait accepté le sang d'un démon. Il n'est pas loin le jour où je verrai un cinglé débarquer avec un pugnalis. Enfin, je ne pouvais pas arracher la langue de cette nephelim... même s'il y a un temps, c'est ce que j'aurai fais.



   

J’avais la ferme intuition que mon cher ami Saul McGregor n’était pas étranger à l’affaire Riley, la gentille, douce et parfaite petite Riley. Quand j’en avais parlé à Sytry, c’était limite s’il ne m’avait pas rit au nez, mais mon instinct me disait le contraire. Je devais en avoir le cœur net. Et surtout, je voulais connaître les raisons de sa traîtrise. Il avait été un ami très cher à mes yeux, jusqu’à ce qu’il retourne sa veste. Quand Sytry y mettra la main dessus, je ne donnais pas cher de sa peau. Toutefois, je tenais à tenter de le sauver. J’étais peut-être une démone sadique, perverse à la solde de Kobal, il n’en restait pas moins qu’il fut un temps ou j’appréciais énormément Saul. De ce fait, au lieu d’être en train d’étudier ou de bosser sur mon rapport de stage, je me retrouvais à flâner dans les rues de Los Angeles à essayer de penser à autre chose. J’étais beaucoup trop préoccuper par toute cette histoire, essayant de trouver un moyen de me racheter aux yeux de mon maitre adoré. Je ricanais en pensant au nom de la ville. Los Angeles. Les Anges. Ironique quand on pensait que Lucifer et ses lieutenants avaient élu domicile dans cette ville d’où devait être lancée l’Apocalypse. J’en frissonnais d’avance. Voir souffrir les humains était un tel régal pour moi. Je me délectais de leur souffrance, leur peur. Leurs cris d’angoisse et de douleur étaient comme une douce mélodie à mes oreilles. Cela m’apaisait et m’excitait en même temps. Un drôle de mélange qui pouvait me rendre incontrôlable.

Toujours était-il qu’à l’occurrence, j’étais tout ce qu’il y a de plus sage quand mes pas me guidèrent dans une rue ou un nom sur une plaque attira mon attention. McGrégor &Stiles. Après une légère hésitation, un léger sourire s’étira sur mes lèvres alors que je pénétrais dans l’entre du démon. Je ne m’attendais pas à trouver quelqu’un et surtout pas lui. Saul. Mon sourire se fit sarcastique en le voyant plongé dans les dossiers. C’était étrange de le voir aussi préoccupé par des affaires aussi humaines quand on savait qu’il avait déchainé la colère des Enfers. Je m’appuyais sur le montant de la porte avant d’interpeler celui qui occupait un peu trop mes pensées du moment.

-Bonjour, Saul. Ca faisait un moment qu’on ne s’était pas vu, déclarais-je, histoire que le démon ne puisse plus ignorer ma présence.



   

Idiot que j'étais. Je pensais pouvoir tranquillement gérer mes affaires. En oubliant, le temps d'un instant, que j'étais un véritable aimant à ennui. Cela faisait longtemps que nos chemins ne s'étaient pas croisés. Lexa, fidèle servante du frère de mon pire ennemi. Lexa, démone sanguinaire, prête à tout pour plaire. En résumé, cela ne servait à rien d'essayer de la convaincre de rejoindre mes convictions. Elle était aveuglée, et comment lui en vouloir après tout ? D'autant plus que sa loyauté était beaucoup plus fort envers Kobal qu'envers Lucifer lui même. Je dirai même qu'elle s'est amourachée de lui, grosse erreur. Kobal n'aime personne, mis à part lui et son double démoniaque. S'il devait tuer Lexa pour satisfaire les intérêts de Lucifer, j'étais persuadée qu'il le ferait sans aucunes hésitations, en avait-elle conscience réellement ? J'en doutais... mais bon, c'était ses problèmes, pas les miens après tout ? Même si, il y a un temps, j'appréciai énormément cette démone. Aujourd'hui, elle était devenue mon ennemie, mais cela ne serait pas facile pour moi de l'éliminer, même en cas de nécessité absolue.

- Lexa... dis-je d'une voix froide en ne levant même pas les yeux sur elle. Pourtant, j'étais attentif à chacun de ses mouvements, prêt à réagir s'il lui prenait une envie soudaine de me bondir dessus. Or, dans mes souvenirs, la démone était bien trop maligne et intelligente pour tenter quelque chose dans un lieu public.

- Que me vaut le déplaisir de ta visite ? Tu souhaites traîner quelqu'un en justice, ou simplement me refiler une crise d'urticaire ? demandais-je en plongeant cette fois-ci mon regard dans le sien. Elle semblait si jeune, si fragile, mais les apparences sont trompeuses. J'avais déjà pu la voir à l’œuvre par le passé.

- Ou bien es-tu venue pour me menacer ? Si c'est le cas, tu sais où est la sortie ! ajoutais-je en affichant un sourire éclatant. Pourquoi était-elle ici ? Était-elle en mission ?


   

Je m’avançais lentement en sachant pertinemment qu’il était attentif au moindre de mes mouvements. Ce qui fallait mieux dans son cas. Un traitre. Je devrais le tuer sur le champ. Sauf que c’était une idée très stupide. D’une part, parce que quelqu’un pourrait nous surprendre et d’autre part, tout simplement parce qu’il était plus fort que moi. Il avait été aussi mon allié, mais ça n’était pas une raison valable. C’était de l’histoire ancienne. Je souriais, en entendant Saul prononcer mon prénom d’une voix froide. Il se souvenait de moi, c’était déjà pas mal. Je laissais ma main trainer sur les étagères qui meublaient le mur tout en marchant vers mon ancien ami.

-Moi aussi je suis heureuse de te voir, Saul, répondis-je en le regardant aussi dans les yeux alors qu’il me demandait ce que je venais faire ici.

Je ricanais. Je n’étais pas du genre à trainer quelqu’un en justice. Je laissais ce genre de chose aux humains. J’étais beaucoup plus expéditive en matière de justice. Je reprenais ma découverte des livres en souriant, le laissant réfléchir à ma venue ici.

-Mon cher ami, je pensais que tu me connaissais mieux. A me prêter d’aussi viles intentions. Tu me déçois, déclarais-je finalement avant de me retourner vers lui.

J’avais pris un certain risque à le tourner le dos, mais j’osais espérer qu’il avait encore quelque respect pour moi pour ne pas m’attaquer par derrière.

-Suis-je vraiment quelqu’un du genre à menacer un ami ? Lui demandais-je sans me départir de mon sourire légèrement pervers sur les bords.

Oui j’étais tout à fait le genre, surtout quand cet ami nous trahissait pour une bande d’humains complètement inintéressants. Et encore quand mon flair me disait qu’il était en contact avec Riley. Je n’aimais pas du tout ça. Je m’asseyais sur la chaise en face de son bureau en croisant les jambes.

-Crois-le ou non, mais c’est par pur hasard que je me trouve ici. Je ne pensais pas rencontrer quelqu’un et surtout pas toi.

C’était la pure réalité. C’était un incroyable et merveilleux hasard parce que justement je voulais le voir. J’espérais en mon fort intérieur le ramener dans le droit chemin même si je n’étais pas sure que Sytry soit aussi clément que moi.

-En même temps, je ne devrais pas être surprise de te voir travailler comme un humain, ajoutais-je légèrement acide. Toi qui semble les aimer autant ses derniers temps.

Lui qui était puissant et intelligent, je le surprenais à trimer comme un humain quelconque. C’était un affront pour la race démoniaque. Il méritait mieux que de faire le rat de bibliothèque pour sauver les humains qui ont soit disant besoin d’être sauvés.


   

Je doutais que sa venue soit vraiment dû au hasard. Lexa est le genre de démone à savoir ce qu'elle fait. Amourachée de son lieutenant, je ne serai pas étonnée qu'elle soit venue ici pour recueillir des informations sur mon compte. Elle savait maintenant où je travaillais, et cette information suffisait à sa hiérarchie pour m'éliminer. J'avais mis un point d'honneur à être discret, à ne pas faire trop parler de moi, or il semblerait qu'ils aient des difficultés à m'oublier. Elle évoluait dans la pièce, en adoptant une attitude féline mais contrôlée. Me tournant ainsi le dos, je pensais le temps d'une seconde à la poignarder, mais c'était vraiment pas mon genre. Je n'avais pas besoin d'avoir peur de Lexa. Bien qu'elle soit une guerrière hors pair, j'étais avant tout plus âgé qu'elle. Je n'avais pas besoin d'être sournois, sauf si elle décidait de l'être. J'appréciais Lexa, et cela m'embêtais de devoir l'éliminer.... même si un jour j'y serai obligée. Il était inutile de la convaincre de rejoindre ma cause. Lexa est bien trop fidèle à Kobal pour cela. Je la soupçonne même d'être dans les bonnes faveurs de Sytry, mon plus grand ennemi.

- Tu oublies que je te connais... et nous sommes pas amis ! rétorquais-je agacé par son petit jeu. Je n'aimais pas quand elle tournait autour du pot, cela promettait rien de bon généralement.

- Ton avis tu peux te le foutre où je pense ma belle ! Je sais très bien que tu ne partages pas mon opinion... mais es-tu à ce point idiote pour apprécier l'idée de cette apocalypse. Comment vas-tu faire pour jouer avec les humains si ceux-ci se font rares ? demandais-je en me levant pour être à sa hauteur, et surtout la dominer par ma taille.

- Donc tu es simplement venue pour parler du bon vieux temps ? Ne la fais pas à moi Lexa, tu as quelque chose en tête.. ajoutais-je en m'avançant vers elle. Je plongeais mon regard dans le sien, en prenant son menton entre mes doigts.

- et ne doute pas une seule seconde que j'aurai le courage d'envoyer ta tête à Kobal... murmurais-je d'une voix presque sensuelle.

   

Il me connaissait vraiment bien, mais pour une fois, il avait tord. C’était vraiment par un hasard que j’avais atterris devant son cabinet. Même dans mes rêves les plus fous, je n’oserais imaginer avoir autant de chance. D’ailleurs, je me demandais si Kai ne pourrait pas s’infiltrer dans ses rêves. Il pourrait y apprendre des choses, mais c’était risqué avec un démon comme Saul en face de lui.

Je sentais que le démon commençait à s’impatienter. Il ne me croyait pas, pourtant il devrait bien savoir que ce n’était pas mon genre de mentir à ceux de mon espèce, ou pas trop. Bien que ça dépendait à qui je m’adressais, la plupart du temps, je n’en avais pas l’utilité, puisqu’on était tous dans le même camps. Nous œuvrions pour la même cause, excepté Saul. Je ne bougeais pas d’un pousse alors qu’il se relevait pour me dominer de toute sa taille. Pourtant je n’avais pas peur. Je devrais surement, mais ce n’était pas le cas.

-Saul, je m’en fous de jouer avec eux. Ils sont corrompus jusqu’à la moelle. Qu’il y a-t-il de bon à sauver, hein ? Les violeurs, les pédophiles ? A oui, tu as peut-être raison, je vais retourner ma veste pour que l’humanité survive en fait, ajoutais-je ironique.

Je ne m’étais jamais posé la question de l’intérêt de provoquer l’Apocalypse. Sans doute une histoire de vengeance entre Lucifer et Dieu. Honnêtement, je m’en moquais littéralement. Kobal me demandait, j’exécutais. Tant qu’il était satisfait, c’était tout ce qui comptait pour moi, et ce n’était pas près de changer. Je souriais d’un air insolent alors qu’il se rapprochait de moi en prenant mon menton entre ses doigts. Un délicieux frisson m’envahit, celui du danger. Je n’en doutais pas une seule seconde qu’il n’hésiterait pas à le faire. Il n’était plus à ça près, maintenant qu’il était dans le collimateur de Sytry. Je ne quittais pas ses yeux de mon regard alors que je laissais ma main glisser sur la sienne, rapprochant mon visage du sien.

-Oh, je n’en doute pas, mon cher ami, répondis-je sur le même ton que lui, quasiment sensuel.

Je penchais mon visage de sorte à toucher ses doigts avec les lèvres. Je pris un malin plaisir à titiller sa peau avec ma langue, me doutant qu’il n’apprécierait pas le geste.

-Tu aurais tord de t’en priver. Après tout, je suis un atout majeur pour le camp de Lucifer. Tu devrais le faire maintenant. Vas-y tue moi, décapite celle qui a été ton meilleur allié, juste parce que tu as le cerveau tout retourné à cause d’une humaine.

Je mettais mon cou à son entière disposition. C’était dangereux, certes, mais j’avais une carte qu’il ne connaissait pas. Je pouvais toujours m’échapper, grâce au pouvoir que son plus grand ennemi avait partagé avec moi.

-Tu as trahi les tiens, ta famille, pour rien. Tu me déçois, Saul. Tu n’es même plus capable de voir quand je mens ou pas.

Si j’avais eu une idée en tête, nous ne serions pas là pour discuter. Enfin, si j’en avais une. Je voulais le raisonner, qu’il reprenne ses esprits pour qu’on reforme la famille que nous étions, il y a bien longtemps. Pourtant, alors qu’il tenait mon visage entre mes mains, je savais que c’était un espoir vain, proche de la bêtise.

   

Sérieusement ! Elle avait osé me dire que sa cause était juste, tout cela parce qu'il y avait des monstres au sein de l'espèce humaine. Je levais les yeux au ciel, en prenant un air dramatique. Il est certain que les humains ne sont pas parfaits, mais on ne peut pas les limiter à cela. Il y avait des personnes qui méritaient d'être sauvées : Elena, Riley, Marloes, Vanessa ect. Je ne suis pas un ange, loin de là, mais je sais que l'apocalypse n'est pas une cause juste. Les démons ne valent pas mieux que les violeurs, les pédophiles ou autres criminelles... Nous sommes le pire fléau de cette terre, et je m'inclus dedans. J'en revenais pas de penser ça, et abstenus de répondre à Lexa. Elle ne pourrait pas comprendre... même moi j'avais des difficultés à comprendre. Ce petit raisonnement me fit prendre conscience que je pensais de plus en plus comme un humain... au lieu que cela me fasse plaisir, ça me faisait carrément flipper. Je n'étais pas humain, il ne fallait pas que je perde cette vérité de vue.

Elle se moquait ouvertement de moi, et cela me donnait la folle envie de tordre son charmant petit cou. Pourquoi fallait-elle qu'elle parle autant ? Et surtout que foutait-elle dans mon bureau bordel ! Pourquoi ne l'avais-je pas mis à la porte avec un coup de pied au cul ! Lexa prit le culot de rapprocher son visage du mien. Si une personne entrée à cet instant, elle pourrait croire à une tendre étreinte entre amants. Elle continua son petit manège, caressant mes doigts de ses lèvres. Elle jouait à un jeu dangereux... J'avais envie de lui arracher le cœur, tout comme l'envie d'autres choses.

Ma main descendit le long de son dos, et l'incita à plaquer son corps tout contre le mien. Mes lèvres effleurèrent sa nuque, et se baladèrent sur sa peau. Si elle savait jouer, je le savais d'autant plus.

- Une famille ? répondis-je en éclatant de rire avant de la pousser contre le mur, l'empêchant de se débattre avec mon corps comme rempart.

- Je ne savais pas que tu aimais encore jouer à la Maman et au Papa Lexa... Nous étions une faction, un groupe, voir des « frères » et encore... mais nullement une famille.


   

Pour moi, les démons formaient plus ou moins une grande famille qui devait se serrer les coudes pour soutenir les projets de notre Chef tout puissant, Lucifer. Forcément, il y avait des rivalités comme partout, mais ceux que j’appréciais, je les traitais correctement. Je savais être loyale avec eux, comme une famille. Même encore, j’avais du mal à me dire que Saul faisait désormais parti des démons à abattre. Comment en était-il arrivé là ?

Je laissais la surprise transparaitre sur mon visage alors qu’il glissait sa main le long de mon dos, pour me plaquer contre lui. Si quelqu’un rentrait à ce moment précis, il ne pourrait pas se douter que c’était une discussion entre deux démons. Je ne m’attendais pas à ce qu’il rentre dans mon jeu. Je devrais peut-être lui dire que Sytry avait frôlé ma nuque exactement là ou il était en train de la frôler. Je préférais attendre de voir jusqu’où il était capable d’aller avant de lui dire. C’était pervers, mais quand même assez marrant. J’étais dans les bonnes grâces de son pire ennemi, c’était fabuleux ça, surtout que j’étais peut-être la seule de mon camp à espérer qu’il revienne parmi nous.

Je ne luttais pas alors qu’il me poussa vers le mur pour m’empêcher de me débattre ou de m’en aller. Il pourrait en profiter pour m’arracher le cœur. Pourtant, même s’il avait trahi les siens, j’osais encore espérer qu’il n’était pas aussi tordu que moi pour faire un coup pareil. Je gloussais alors que je percutais durement le mur.

-Oh, il y a pleins d’autres choses dont tu ne sais pas à mon sujet, répliquais-je un sourire enjôleur aux lèvres.

Je me collais à lui sans gêne, il voulait jouer, nous allions jouer. Au départ, quand j’avais titillé ses doigts, je pensais vraiment qu’il me repousserait, pas qu’il serait aussi joueur à son tour.

-Nous étions des frères, pourquoi avoir retourné ta veste, Saul ? Tu crois vraiment qu’en agissant comme un humain tu en deviendras un ?

Je posais mes mains sur sa taille et les laisser revenir le long de son torse jusqu’à ses bras. Je me rappelais qu’à une certaine époque, nous avions eu à faire des missions ensembles. A chaque fois, c’était des missions remplies de succès. Autant que Kanade et moi, nous étions un duo infernal.

-Devrais-je t’appeler Damon maintenant ? Ricanais-je méchamment, pour cacher mon trouble.

Après tout, avec Saul, nous avions toujours été des frères d’armes. Même s’il arrivait que nous nous fassions quelques blagues salaces, ça n’avait jamais été que des mots.



   

Lexa était une vraie vipère. Il serait peut-être plus judicieux de lui arracher la tête, puis de la balancer dans une benne à ordure. Bien qu'il fallait bien avouer que cette méthode ne serait pas fort discrète. Je n'avais pas envie d'attirer l'attention sur cet endroit, et pour cela, il fallait que je m'assure que Lexa garde le silence. Je doutais fortement qu'elle garde ses informations pour elle. Elle allait s'empresser de contacter ses chefs, histoire de se faire valoir encore et encore.

La petite peste se colla contre moi, tandis que ses paroles se faisaient de plus en plus acérées. Même si je suis plus ancien qu'elle, je n'étais pas assez stupide pour la sous estimer. Je devais me méfier d'elle comme de la peste, et encore une épidémie n'était pas grand chose à côté de la jolie brune. Elle visait juste, touchant dans le mille comme à chaque fois. Une partie de moi souhaitait redevenir humain. Je pense que si j'en avais l'occasion, je ne refuserai pas de troquer mes capacités contre une vie humaine. Après tout, il y a bien des résistants humains qui savent se battre. Je saurai toujours me défendre, me servir de mes poings et de ma tête. Peut-être que si j'avais été humain, peut-être que je serai toujours aux côtés de Elena... et elle ne serait pas en train de préparer son mariage avec ce guignol.

- Mes raisons ne te regardent en rien lexa. De toute manière, tu serais incapable de les comprendre ! grommelais-je en sentant ses mains se poser sensuellement sur mon corps. Elle m'était mes nerfs à rudes épreuves et elle le savait.

- M'appelle pas, c'est le mieux à faire ! répondis-je en posant mes mains sur ses hanches, l'invitant à passer sa jambe entre les miennes pour être encore plus étroitement enlacé. Sans prévenir, mes lèvres se déposèrent sur les siennes, mais pas dans un baisé doux, loin de là. Mes lèvres étaient dures, exigeantes, comme si je voulais la punir de cette manière.

- Que vas-tu faire mon ange ? Te payer ma tête ? La servir sur un plateau d'argent ? Je n'aime pas l'idée de te tuer, mais je le ferai si tu me donnes pas le choix murmurais-je d'une voix douce, même si mes paroles étaient purement une menace.


   

Je savais pertinemment que mes paroles avaient fait mouche. Je ne ratais jamais mon coup. Frapper là ou ça faisait mal, c’était quasiment une vocation chez moi. De plus, ce n’était pas bien compliqué de deviner qu’il voulait devenir humain, même s’il niait en bloc. Il trimait comme un humain et avait retourné sa veste pour cette race, ou plutôt pour une fille. C’était tellement évident qu’il n’avait même pas besoin de me le dire. Je souriais d’un air de défi alors qu’il posait ses mains sur mes hanches. Je jouais à un jeu dangereux. Il serait vraiment fâcheux qu’un démon tombe sur nous alors qu’il était notre ennemi numéro 1 et que moi, ben j’avais perdu des points. Je suivais son invitation silencieuse et je me décalais de sorte que ma jambe se retrouve entre les siennes. Quand ses lèvres, dures et impérieuses, s’emparèrent des miennes, je restais quelques secondes stupéfaite. Je n’aurais jamais pensé qu’il irait jusque là.

Sa question me décontenançait. Effectivement, la meilleure chose à faire était d’appeler Sytry et de lui dire ou était son cher ami Saul pour qu’il lui tranche définitivement la tête. C’était la meilleure chose à faire, la seule. Sauf que toute garce que j’étais, j’en étais pas moins loyale. Ce démon avait été un allié.

-Toujours à menacer les gens. Ce n’est pas digne d’un humain, le taquinais-je pour me donner du temps.

Me laissant quelques secondes de plus pour réfléchir à ce que j’allais faire, je frottais ma jambe contre la sienne. Je laissais remonter mes mains le long de son torse pour venir s’arrimer à son cou. Je rapprochais mes lèvres des siennes alors que je venais d’avoir une idée fabuleuse. Je tenais le moyen le plus sur pour vérifier mon hypothèse ou non. Mais je devais me la jouer fine. S’il était réellement de mèche avec Riley, il allait courir vers elle pour lui dire ce que j’étais réellement.

-Pourquoi parler de ça alors qu’on pense un bon moment, hein ? murmurais-je contre ses lèvres d’une voix aguicheuse.

Au moment ou mes lèvres allaient rencontrer les siennes, je détournais ma trajectoire pour aller à son oreille.

-Tu me donnes quelque chose qui pourrait m’intéresser et je te laisse tranquille pour cette fois, susurrais-je. En souvenir de notre amitié.


   

Le pire dans cette histoire, c'était que je n'étais pas indifférent face au contact des mains de Lexa sur mon corps. Cela devait faire trop longtemps que je n'avais pas touché une femme de cette manière. Ce n'était qu'un jeu, un simple jeu, raison de plus pour que je fasse attention. Je savais qu'elle ressentait exactement la même chose. Elle était censée me haïr, me livrer, or au lieu de ça, elle était plus familière, sensuelle.

- Je n'aime pas ton humour princesse ! Je ne voulais pas qu'elle croit que je voulais me faire passer pour un humain. Je n'étais pas assez stupide pour cela. Je souhaitais une existence dite normale, mais je savais très bien que cela était et serait toujours impossible.

Je haussais un sourcil amusé en sentant ses bras enlacer ma nuque, d'autant plus qu'elle ponctuait ses gestes par de douces paroles. J'esquissais un sourire en coin, prêt à pousser le vice jusqu'au moment, afin qu'elle se rende compte que j'étais plus fort dans ce genre de jeu.

Au moment où je cru qu'elle allait déposer ses lèvres sur les miennes, elle murmura un marché... chose que je n'étais pas prêt à accepter puisque quand il s'agissait d'elle, je savais très bien que je ne serai pas gagnant. De plus, vu comment elle était fidèle à ses lieutenants, sa parole ne pesait pas beaucoup dans la balance.

Je l'agrippais par les fesses et la soulevais de terre en retenant un rire. Puis, je déposais mon fardeau dangereux sur mon bureau, en faisant ainsi tomber quelques documents... Peu importe, j'aurai tout le temps de mettre tout cela en ordre une fois ce problème réglé.

- Tu sais Lexa.... il me suffirait de te tuer ! Mes mains remontèrent de ses genoux vers l'intérieure de ses cuisses.


   

J’étais sure de gagner. Vraiment, c’était une proposition intéressante que je lui offrais. La paix pour le moment. Je lui offrais l’opportunité de ne pas avoir Sytry ou Kobal à sa porte dans les cinq minutes qui suivaient. C’était très généreux de ma part quand on savait à quel point j’étais loyale envers les deux Lieutenants de Lucifer. Même si j’aurais tendance à être fidèle plus à l’un deux, ils étaient tous les deux très proches. Etre fidèle à un, c’était être fidèle à l’autre. J’échappais un léger couinement de surprise quand il m’agrippa par les fesses pour me soulever et me déposer sur son bureau, faisant ainsi tomber quelques feuilles au sol.

Je déchantais quand il ouvrit la bouche. Une douche froide. Mais il se permettait quand même de laisser remonter ses mains de mes genoux vers l’intérieur de mes cuisses.

-Arrête avec tes menaces vides, chéri. J’aurais pu le croire il y a cinq minutes, et encore, ajoutais-je d’un ton sarcastique.

J’attrapais ses mains et je les enlevais sans ménagement en les tordant au passage. Sa proximité me donnait peut-être des idées de luxure, je n’allais quand même pas le laisser jouer avec moi. Il était temps qu’il comprenne que la balle était uniquement dans mon camp.

-Tu n’as pas bien compris la situation. Je t’offre une trêve, en échange de quelque chose qui pourrait m’intéresser. Je trouve ça juste de ma part.

Si seulement il savait que j’avais une carte dont il était ignorant. Pour qu’il puisse me tuer, il faudrait déjà qu’il m’attrape. Bien entendu par la force, il en était tout à fait capable. En revanche, il n’était pas du tout au courant que j’avais hérité d’un pouvoir de la part de Sytry. S’il savait, il ne voudrait plus poser ses mains sur moi. Je me levais du bureau en commençant à m’éloigner pour rejoindre la sortie.

-C’est pas grave. Après tout, je suis sure que Sytry sera heureux de te voir, fis-je.

Je lui jetais un regard lourd de sous-entendus alors que ma main glissait sur son torse alors que je passais devant lui. C’était le moment crucial.


   

Qu'est-ce qui cloche chez moi ? Pourquoi suis-je attirée par une démone de la pire espèce ? Je suis sans doute en manque de sexe, voilà l'explication. Cela fait des siècles que je passe d'une femme à une autre. Or, depuis mon aventure avec Elena, il n'y a eu personne d'autre. A croire que je me suis racheté une conduite, sauf qu'un manque se fait ressentir. Voilà l'explication, voilà pourquoi cette vipère s'était retrouvée les fesses sur mon bureau. Bien qu'elle semblait s'abandonner le temps d'un instant, elle revint immédiatement à la réalité à cause de mes paroles tranchantes. Elle prit mes mains, s'amusa à les tordre... la garce. Je ne réagissais pas, ce genre de douleur était banale quand on a connu les tourments de l'enfer. Je sais, parfois, je peux vraiment être dramatique. Je fronçais légèrement les sourcils, intrigué. Lexa semblait sûre d'elle alors que j'étais son aîné. Il y avait anguille sous roche, il me restait à la dénicher. Elle savait pertinemment qu'elle ne faisait pas le poids mais elle continuait de me proposer un marché. C'était vraiment étrange. Je me souvenais qu'elle avait de l'assurance, de la répartie... sauf que Lexa n'était pas du genre suicidaire... enfin sauf peut-être pour les beaux yeux de son Kobal adoré.

- Tu te fous de moi ? répondis-je d'une voix acérée. Je n'aimais pas du tout que quelqu'un se prenne ma tête, qu'il soit démon, humain ou troll. Je la maudissais intérieurement, en m'écartant légèrement d'elle. Je n'avais pas envie de faire un marché avec cette petite sotte. Je savais très bien que cela sentait le piège à plein nez. Quelle aille se faire foutre la diablesse !

Quand le nom de Sytry s'échappa des lèvres de la jolie brune, je ne pu m'empêcher de mal réagir. Par télékinésie, je forçais la démone à être plaquée, allongée sur le bureau sans qu'elle puisse bouger.

- Tu me fatigues ! M'énerve pas ! Je n'ai pas envie de tacher la moquette ! glissais-je le regard froid. Je ne supportais pas qu'elle me menace et surtout qu'elle prenne cet air satisfait.

- Quel est ce marché ? demandais-je néanmoins curieux de l'entendre vendre son arnaque. Je continuais de la maintenir par télékinésie mais en gardant cette fois-ci mes distances.

   

Je me doutais que le nom de Sytry le ferait réagir, mais j’étais loin d’imaginer qu’il réagirait de la sorte. Il utilisa son pouvoir pour me plaquer sur le bureau. C’était fâcheux, parce que de cette manière, j’étais totalement incapable d’utiliser mon don fraichement acquis. Il était trop puissant pour ça. J’esquissais un sourire pervers pour dissimuler une légère crainte. Maintenant que j’étais à sa merci, il pourrait très bien me tuer.

-Quoi, Saul ? Mes mains te font trop d’effet ? Tu as vraiment besoin de m’immobiliser pour satisfaire tes désirs pervers ? Le provoquais-je d’une voix suave.

C’était tout à fait moi ça, provoquer un démon alors que j’étais complètement sous son emprise. Toutefois, j’avais vu le désir dans ses yeux quelques instants auparavant. Ca devait faire longtemps qu’il n’avait pas honoré une femme. Mes caresses avaient dus le titiller. Malheureusement, je n’étais pas sure de vouloir aller le tenter à ce point là. Si quelqu’un nous surprenait ensemble, j’allais être accusée de trahison et ma tête rejoindrait celle de Saul et je n’en avais pas très envie.

Une grande satisfaction naquit en moi quand il me relança pour le marché. Il était donc intéressé quand même. C’était une bonne chose mais je devais me la jouer fine. Cependant pour l’heure, je ne comptais pas révéler les termes de mon marché bloquée sur un bureau. Autant la position pouvait franchement être intéressante pour une partie de plaisir, autant pour marchander quelque chose, ce n’était vraiment pas le mieux.

-Tu crois vraiment que je vais te proposer mon marché alors que je suis en position de faiblesse ? Je ne suis pas stupide.

Franchement, croyait-il qu’il y avait marqué ‘débile’ sur mon front ?

-Libère moi, Saul, et après nous pourrons discuter. A moins que tu préfères jouer, le titillais-je.

Il était hors de question que je mentionne Riley alors qu’il pouvait très bien m’achever et aller répéter à cette petite idiote que les démons en avaient après elle. Fallait pas la plaindre, c’était elle qui avait cherché les ennuis en premier !


   

Pourquoi faut-il qu'elle soit toujours aussi provocante. J'avais envie de lui faire ravaler sa langue de vipère. Au lieu de cela, j'esquissais un sourire innocent. Certes, il faudrait être de glace pour qu'elle me soit indifférent, mais ce n'est pas pour autant que j'avais envie de la faire mienne. Elle serait bien capable de me poignarder dans le dos avant que j'atteigne l'orgasme. Cela serait le comble, mourir avant de jouir ! La pire mort au monde si vous voulez mon avis. Je la détaillais du regard, me demandant si elle était vraiment aussi sûre d'elle. Si je le souhaitais, je pouvais la tuer sur le champ, me débarrassant ainsi de sa présence néfaste. J'avais vraiment mieux à faire que d'avoir ce genre de discussion.

- Ne fais pas la sainte, je sais que ça t'excite ! répondis-je amusée par la situation. Au moins, cela avait le mérite de lui fermer son clapet pendant quelques minutes. Qu'allais-je pouvoir faire ? La laisser partir et courir le risque d'avoir Sytry au cul ? Écouter son marché en sachant très bien qu'il s'agissait d'un piège ? J'étais coincé, à moins de lui tordre son joli petit cou.

- Tu n'es vraiment pas marrante ! soupirais-je en la libérant de mauvaises grâces. Je la laissais se relever, prêt à lui sauter dessus si elle esquissait un geste qui ne me plaisait pas.

- Tu as intérêt à ne pas me prendre pour un con babe ! Je déteste cela et tu le sais ! dis-je en le menaçant sans le quitter du regard. Il fallait bien avouer que j'étais également curieux. Que pouvait-elle me proposer comme marché ? Pourquoi faisait-elle cela au lieu de me livrer à son chef ?

- Non je n'ai pas envie de jouer ! J'ai envie que tu disparaisses du paysage ! Ta présence me donne des ulcères ! glissais-je d'une voix sensuelle alors que mes paroles devraient être plutôt tranchantes.

- Mais bon, si tu insistes, je veux bien faire un effort ! je me retenais de rire, bien qu'en vérité il ne me serait pas vraiment difficile d'être excité par la démone. Il y avait toujours eu une attirance entre nous, et celle-ci était encore présente.

   

Je me relevais avec satisfaction, heureuse de me sentir maître de mon corps. Je me postais face à lui, un sourire mystérieux aux lèvres. Je savais pertinemment qu’il n’aimait pas qu’on le prenne pour un con. Personne n’appréciait ça. Moi la première. En revanche, j’avais bien envie de jouer un peu. Je pris un air faussement peiné.

-Moi, je te donne des ulcères ? Tu me blesses-là, surtout que ce n’est pas l’impression que j’ai eu tout à l’heure quand tu m’as plaqué contre le mur.

Ses paroles tranchantes sous une voix sensuelle m’amusaient au plus haut point et je prenais un malin plaisir à le titiller un peu. Je ricanais légèrement.

-Bien sur, quel sens du sacrifice tu as, mon ami, renchérissais-je avant de glisser ma main sur son torse en passant à côté de lui.

J’allais m’asseoir sur sa chaise de bureau, retardant un maximum le moment ou j’allais lui annoncer les termes de mon marché. Je devais attendre le meilleur moment, pour être sure qu’il fera exactement ce que je lui dis. Je faisais tourner la chaise sur elle-même avant de faire face à nouveau à mon ancien ami.

-Tu es magnifiquement bien installé dans ta petite vie humain, plaisantais-je encore une fois pour remuer le couteau dans la plaie.

Et dire qu’il avait tout abandonné pour une humaine. C’était vraiment du gâchis.

-Pour ce qui est de mon marché, voila ce que je te propose : tu me donnes tous les renseignements que tu aurais sur une personne et en échange, cette conversation n’aura jamais eu lieux. Je ne dirais pas à Sytry où tu te caches comme un lâche.

Je trouvais ça assez juste. J’espérais juste que Sytry me pardonnerai cette petite omission. Vu que c’était dans le cadre de la mission ‘Eviter que Riley remonte à Kobal’, j’étais quasiment sure qu’il comprendrait. Après tout, c’était son frère et lui et moi avions au moins un point en commun : Kobal comptait plus que notre vie pour nous deux. A la différence près que Kobal le rendait bien à Sytry, alors que moi, je n’étais pas sure d’être autant dans ses grâces depuis mon échec.

-Qu’en penses-tu ? N’est-ce-pas juste ? Demandais-je l’œil légèrement aguicheur. A moins que tu ais aussi des conditions ?

   

Lexa et sa manie de toujours tourner autour du pot. Elle aimait faire durer les événements mais cela n'était pas mon cas. Je n'avais qu'une envie, la voir disparaître de mon bureau, avec ou sans sa tête. Je levais les yeux au ciel, en me demandant ce que j'avais mérité pour subir tout cela... ah oui, c'est vrai, je suis un enfoiré démoniaque de base. Je soupire, de plus en plus agacé, en me contrôlant pour ne pas la maintenir de nouveau en respect. Elle se permettait même de s'asseoir sur mon siège ! Là où mes fesses étaient installées avant sa désagréable visite.

– Accouche Lexa ! Tu sais bien que la patience n'est pas l'une de mes meilleures vertus ! Je ne suis pas patient, je n'aime pas attendre, surtout dans ce genre de circonstances. J'avais la désagréable impression qu'elle ferait tout pour me piéger donc autant en venir au fait, non ?

Je tiquais lorsqu'elle m'expliqua qu'elle souhaitait avoir des informations sur une personne. De qui parlait-elle, Elena ? Même si ma vie en coûtait, je n'étais pas disposé à lui raconter des choses sur la jolie blonde... blonde qui allait se marier avec un autre soi dit en passant.

– Sérieusement ? Tu crois vraiment que je vais accepter ce marché sans savoir de qui il s'agit ? Tu me connais pas Lexa ! Bon avec un peu de chance, il s'agissait d'une personne que je connaissais à peine, et là peut-être que je serai disposé à répondre à deux ou trois questions.

– Tu souhaites avoir des informations sur qui ? demandais-je en plongeant mon regard dans le sien. Par contre, si je n'acceptais pas le marché, serait-elle capable de me vendre à ses chefs ? Certainement... en résumé, en fonction de la personne, je serai totalement coincé.

   

Je savais très bien que mon petit marché l’intéresserait. Après tout, je lui offrais une chance inouïe d’échapper à la colère de Sytry pour les heures à venir. Je roulais des yeux, désespérée qu’il puisse penser une telle chose de moi.

-Bien sur que non que je me doute que tu n’accepteras pas si tu ne connais pas le nom de la personne. Ca serait stupide de ta part comme il serait stupide de la mienne de tout te dire en une seule fois.

J’avais titillé son attention. Je croisais les jambes alors qu’il semblait s’impatienter. Je soutenais son regard, sure de moi. Il avait de magnifiques yeux bruns, qui rappelaient la couleur du chocolat.

-Je vois que tu as changé d’avis. Tout à l’heure, c’était non et maintenant ça t’intéresse. Très bien je vais te le dire.

Je me taisais quelques secondes, faisant encore plus durer le suspens. C’était tellement marrant de le faire poireauter de la sorte. Je sentais la tension qui s’accumulait et dans ses yeux, se reflétait le conflit qu’il menait intérieurement. Parce que dans tous les cas il était coincé, sauf s’il me tuait. Mais il ne pourra pas le faire, pas avec ma petite carte spéciale qu’il ne connaissait pas.

-Riley Jensen.

Le nom était tombé. Nous aurions été dans une série télévisée, il y avait eu un gros bruit de suspense, ou le silence, comme c’était le cas à présent. J’aurais presque pu entendre une mouche voler. Je pourrais presque trouver cette scène hilarante.

-Qu’est ce que tu sais au sujet de Riley Jensen ? Et ne me mens pas. Ou notre marché est caduc.

Je ne le quittais pas du regard, attendant sa réponse. J’allais enfin savoir si ce traitre pourrait être un danger ou non pour ma couverture. Intérieurement j’espérais vraiment qu’il me dise qu’il n’en connaissait pas. Cela aurait été beaucoup plus simple.

-La patience n’est pas la meilleure de mes vertues. En supposant que j’en ai. Mon offre expire dans trente secondes. Tic Tac Tic Tac….

Je m’amusais à jouer avec ses nerfs, tellement une gamine capricieuse un peu folle. Je souriais, heureuse de voir Saul se triturer les méninges. Il était tellement plus attirant tout à l’heure quand il me dominait de sa force alors que maintenant il était à ma merci. Mais s’il me donnait ce que je voulais, je pourrais bien me montrer clémente avec lui.


   

La belle Lexa prenait un malin plaisir à faire son éternel roulement de tambour. Je contractais la mâchoire, en attendant patiemment qu'elle daigne bien me répondre. Tout était calculé de sa part. Elle ne me quittait pas du regard, comme pour mieux examiner ma réaction une fois la bombe envoyée. Je ne pu m'empêcher de tiquer quand elle m'annonça qu'il s'agissait de Riley. Que savait-elle sur elle ? Et surtout, qu'est ce qui lui laissait penser que j'étais en relation avec cette jeune personne. Je pensais avoir été assez prudent la concernant. Je ne savais pas quoi lui répondre, ni ce qu'elle savait déjà. Je pouvais évidemment nier de la connaître, mais si elle m'avait déjà aperçu avec je serai dans un sacré pétrin. Ou bien, je pouvais simplement tuer Lexa et retourner à mes petites affaires, ce qui serait en soi la meilleure des solutions.

– Riley ? Oui je la connais en effet ! répondis-je d'une voix froide en ne quittant pas mon interlocutrice du regard. Par cette simple question, Lexa venait d'éveiller ma curiosité. Ce n'était pas une question innocente, elle devait sans doute être en mission pour le compte de Kali ou de Kobal.

– Tu sais, je ne sais rien de très intéressant sur cette fille. Mis à part qu'elle est plutôt sexy ! ajoutais-je en prenant mon temps pour lui donner des informations.

– Je l'ai vu qu'une fois dans ma vie. C'est une nephelim... elle était sur le point de mourir dans une ruelle... Je lui suis venu en aide ! Ce qui signifiait que j'avais dû lui donner de mon sang pour l'empêcher de mourir de manière fort douloureuse. Or, notre relation ne s'était pas arrêtée là... mais ça, Lexa n'était pas obligée de l'apprendre.

– Elle voulait me remercier... mais j'ai refusé. Je n'ai pas de temps à perdre, ni l'envie d'embarquer plus de personne dans mes galères ! dis-je en essayant d'être le plus honnête possible. Mes paroles sonnaient sincères, mais cela n'avait pas été suffisant pour m'empêcher de m'entretenir avec la nephelim. Je lui avais sauvé la vie, et elle me l'avait rendu en venant à mon secours à son tour.

– Pourquoi est-ce que tu t’intéresses à une nephelim ? Il y en a des pelles dans les rues ! demandais-je innocemment. Cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas repris contact avec Riley. Même si notre dernière conversation m'avait déplu, il fallait que je m'assure que Lexa ne présente pas un danger pour elle.

– Franchement, je m'attendais à une question plus gênante ! Parler d'Elena par exemple !

   

Je ne le quittais pas du regard, prêt à détecter le moindre signe de mensonge de la part de mon ancien allié. Je gardais une apparence froide et stoïque, pourtant je notais qu’il avait légèrement tiqué à l’annonce du nom, même si ses paroles désinvoltes contrastaient énormément. Il me confirmait qu’il ne la connaissait pas des masses, qu’il savait juste qu’elle était sexy. Mon œil oui, je flairais l’arnaque à plein nez. Un léger sourire énigmatique aux lèvres, je l’écoutais continuer à me donner les informations au compte goutte. Il disait ne pas la connaitre mais il l’avait déjà rencontré et sauver la vie. Cela incluait qu’il lui avait donné de son sang. Ca me dérangeait un peu, pressentant qu’il y avait autre chose la-dessous même s’il affirmait qu’il ne voulait pas l’embarquer dans ses galères. Je n’y croyais pas une seule seconde, mais je ne tenais pas à ce qu’il sache que je m’intéressais plus particulièrement à elle. J’avais déjà l’essentiel. Je ferais en sorte de découvrir le reste à ma manière.

-Oh, quelle bonté d’âme. Tu aurais du être un Ange dans une autre vie, raillais-je.

Je sentais qu’il me mentait. Sinon il n’aurait pas tiqué quand le nom de la jeune femme été sorti de ma bouche. Mais pour le moment, je devais la jouer fine et ne pas attirer l’attention. Savoir que Saul avait potentiellement un lien avec Riley me suffisait déjà, pour le moment.

-Tu sais comme moi que Lucifer souhaite tous les néphélims dans son camp. Je me renseigne, comme tout bon soldat, minaudais-je en me relevant de son bureau. Je t’en remercie. Comme promis, personne ne sera au courant de cette conversation. Il va s’en dire qu’il en est de même de ton côté.

Je me rapprochais de lui en souriant à sa question. Je pouffais, amusée. J’étais à présent à sa porté. S’il le voulait, il pourrait essayer de me tuer. Je disais bien essayer.

-Pourquoi parlerais-je d’Elena ? Je glissais ma main sur son torse et la laissais remonter le long de son cou, sachant très bien que mes caresses devaient le déranger. L’amour te rend faible. Je sais très bien que tu préfèrerais mourir plutôt que de me donner des informations sur celle qui t’a quitté pour un autre.

Il me tendait lui-même la perche pour que je le blesse là ou ça faisait mal. C’était trop beau pour être vrai. J’approchais mes lèvres de son oreille, appréciant d’autant plus le moment.

-D’ailleurs, ça te fait quoi de savoir qu’elle va se marier avec un autre ? De savoir que tu t’es mis les Enfers à dos pour le cul d’une blondasse qui se tape un autre mec, au final ? Murmurais-je d’une voix enjôleuse, me délectant de tenir un des démons les plus puissants des Enfers entre mes mains.

Blondasse que je prendrais un plaisir de tuer après avoir tué tous ceux qu’elle aime, à commencer par son futur mari. J’avais une dette à leur faire payer et j’étais particulièrement rancunière.

   

Je contractais la mâchoire pour me contrôler. Je détestais être victime de moqueries et encore moins quand cela venait de Lexa. Je n'avais qu'une envie, lui foutre mon poing dans la figure pour effacer ce sourire de son visage. Je me faisais violence, ce n'était pas le moment d'alerter mes collègues. Lexa n'hésiterait pas longtemps à transformer mon lieu de travail en un véritable bain de sang. Étant le seul démon de ce lieu, je ne pourrai pas protéger tous les humains qui s'y trouvent. Et franchement, le cabinet n'avait pas besoin de ce genre de publicité. Je haussais ensuite un sourcil moqueur face aux réponses suivantes de la belle brune. Je savais très bien que son questionnement n'était pas totalement innocent. Je savais que Lucifer souhaitait avoir les nephelims à sa bonne mais pourquoi celle-ci en particulier... et surtout pourquoi me demander des renseignements sur elle. Comment savait-elle que j'avais un lien avec Riley ? Il fallait que j'en sache plus, même si pour cela j'allais devoir téléphoner à la jeune femme. Nous nous étions pas revus depuis notre conversation gênante et l'assassinat de mes agresseurs. Était-elle au courant de cela ?

Hum... pouvais-je vraiment lui faire confiance ? La réponse était non. Pourquoi ne dirait-elle pas à ses supérieurs que je bosse ici, histoire de faire la belle face à son kobal chéri. Rien que cette idée me faisait gerber. Pour ma part, je m'imaginais pas en parler à Riley... sauf que si je le faisais, je risquais tout simplement ma peau. Je ne savais pas que faire, elle m'avait piégé comme à son habitude.

Je la repoussais lorsque la coquine glissa une main sur mon torse en osant évoquer Elena. C'était de ma faute, je venais de lui tendre une perche elle faisait que de s'en saisir. Elle savait pertinemment que Elena figurait dans les sujets tabous, que je n'avais pas envie d'en parler et encore moins avec elle. Je serrais les poings quand elle osa me rappeler que Elena était avec un autre. Je savais que c'était la meilleure chose pour elle... mais entre le savoir et l'accepter il y a une grande différence. La vérité, c'est que j'avais encore des sentiments pour elle et que de la savoir avec un autre me faisait un mal de chien.

Ses dernières paroles furent de trop. Cette fois-ci je perdis mon sang froid et l'attrapa à la gorge. Je serrai mon emprise en y m'étant toute ma haine et toute ma frustration. Comme osait-elle m'envoyer cela à la figure ?

– Dis celle qui fait les yeux doux à son lieutenant... tu sais qu'il en a rien à foutre de toi, seul ton cul compte babe ! répondis-je en resserrant encore plus mon emprise autour de sa gorge.

   

Je me doutais que mes paroles auraient un effet certain sur lui. Mais à ce point là, je ne pensais pas. Malheureusement, à présent, je me retrouvais dans une fâcheuse posture. Il serrait ses grands mains autour de mon petit cou. J’essayais d’inspirer de l’air mais ce n’était pas facile. J’accrochais mes mains aux siennes pour le faire lâcher, sans succès. Pourtant au lieu de céder à la panique ou même de m’excuser pour qu’il déserre son emprise sur moi, un sourire pervers était sur mes lèvres.

-Tu crois vraiment me blesser en disant cela ? Ricanais-je autant que je le pouvais, la respiration haletante à cause du manque d’air.

J’étais quand même folle. Même dans une situation ou je pouvais très bien y passer, je trouvais le moyen de le provoquer.

-Tu es encore plus idiot que je le pensais.

Je savais très bien que Kobal n’en avait rien à faire de moi. Il me considérait comme son soldat et j’étais même sure que mon cul, il n’y tenait pas tant que ça non plus. Pas si ça incluait les plans de l’Enfers. Saul se trompait vraiment en me balançant ce genre de chose. J’en étais parfaitement consciente, mais il ne pouvait pas comprendre ce que je ressentais pour Kobal. C’était au-delà de l’amour purement humain, c’était plus fort, plus intense. Ma vie se résumait à lui. Et uniquement lui.

Puisqu’il ne se décidait pas à me lâcher, je me concentrais et l’instant d’après, je me retrouvais assise sur le bureau, un sourire satisfait aux lèvres. Je ne voulais pas qu’il découvre que j’avais un nouveau pouvoir, mais il était plus fort que moi et je ne tenais pas à claquer entre ses mains, pas de cette manière du moins.

-C’est fou ça. Même après tout ce temps, tu es encore fou amoureux d’elle. Tu me fais pitié Saul. L’amour et la souffrance que tu ressens se lisent sur ton visage.

Il avait beau nous comparer, moi je ne souffrais pas d’un amour à sens unique. Parce que j’étais fière de le servir, de servir ses intérêts et ceux de l’Enfers. Kobal me considérait comme un bon soldat, c’était plus que suffisant pour moi.

-Tu compares peut-être nos situations, mais tu ne sais rien. Kobal est mon maître.

C’était mon créateur, il m’avait façonné à son image. Mais ça il ne pouvait pas le comprendre.

-Et surtout, je ne respire pas la frustration sexuelle à dix milles kilomètres à la ronde !

Franchement, je l’avais très bien compris quand il avait essayé de me sauter dessus alors que l’instant d’avant il voulait me tuer. Et j’adorais tellement exploiter ses faiblesses pour le faire craquer. C’était tellement agréable.

   

Moi ? Idiot ? Quelle petite sotte ! J'avais la folle envie de lui arracher sa charmante petite tête de ses épaules. La belle n'en perdait pas sa langue de vipère malgré mes mains autour de son cou. Si je la tuais, je n'aurais pas à craindre son manque de parole. Si je la tuais, je risquais également de rendre un sacré service à Riley. Sa question à son sujet n'était pas innocente, j'en étais quasi certain. Maintenant, il fallait simplement que je la joue fine pour ne pas éveiller les soupçons et me faire pincer. Je jurais en constatant que Lexa s'était téléportée sur le bureau. Je me retenais pour ne pas lui bondir dessus, ou même pour ne pas utiliser mes pouvoirs. Il y avait des humains dans ce cabinet, je n'avais pas besoin d'une mauvaise publicité.

– Blablabla, c'est bon tu as finis ? demandais-je agacé. Je ne pouvais plus comprendre son point de vu. Même lorsque j'étais dans son camp, je n'aurais pas échangé ma vie contre celle d'un lieutenant. J'obéissais, j'étais un bon soldat et l'un des plus ingénieux, mais cela s'arrêtait là. Vous me voyez vraiment en train de me sacrifier pour Sytry ? En tout cas, moi, pas vraiment.

– Oh toi c'est certain, tu ne respiras pas la frustration sexuelle ! répondis-je en ne pouvant pas m'empêcher de lui rire au nez. Je souhaitais simplement la rabaisser et lui montrer que je n'étais pas prêt à baisser les armes.

– Ne t'inquiète pas ma belle. Je sais me tenir, du moins assez pour ne pas passer après Kobal, ou même Sytry. Il me reste encore un peu de dignité ! crachais-je en sachant très bien que j'étais et ne serais jamais insensible à Lexa. Il y avait toujours eu une certaine attraction entre nous.

– Revenons à nos moutons... qui me dit que tu ne vas pas aller prévenir tes patrons la bouche en cœur ? Comment puis-je te faire confiance Lexa ? Toi qui souhaites voir ma tête au bout d'une pique ! demandais-je en croisant les bras. Je n'étais vraiment pas rassuré. Ce n'était pas autant pour moi, mais surtout pour ceux qui bossaient ici. Je pourrais sans doute sauver ma peau, mais beaucoup seraient tués ou capturés pour être interrogés.


   

Je riais à son insulte à peine dissimulée. Ah oui, ça c’était l’air, je ne respirais pas la frustration sexuelle et ça ne me dérangeait pas. J’aimais ça, je n’allais pas en avoir honte. S’il pensait vraiment réussir à me rabaisser en me sortant ce genre de sottises, il était mal barré. Je n’en avais rien à faire de ce qu’il pensait à mon sujet. Il pouvait bien penser que j’étais une trainée, j’en avais strictement rien à faire. Moi au moins, je me sentais bien dans ma peau, je ne crevais pas de jalousie parce qu’une femme était dans le lit d’un ex-amant.

-Ahah, après tout ce temps, tu devrais savoir que ce ne sont pas ce genre de paroles qui me blessent.

Rare étaient ceux qui pouvaient me blesser. Je pouvais compter leur nombre sur les deux doigts de la main et ce n’était pas en insinuant que j’étais facile. C’était plus en remettant en cause mes capacités à remplir les missions que Kobal m’assignait, en gros mes compétences en tant que soldat de Lucifer. Et il y avait que deux seuls êtres capables de ça. Et Saul n’en faisait définitivement pas partie.

-Oui, je n’en doute pas. C’est pour ça que si je ne t’avais pas retenu tout à l’heure, nous serions surement en train de s’envoyer en l’air à l’heure actuelle, plutôt que de s’envoyer des piques en se menaçant mutuellement de tuer l’autre.

Ca me faisait rire, ce retournement de situation. Il y a quelques minutes, si je n’avais pas repoussé, il m’aurait sauté dessus comme n’importe quel mâle en manque de sexe. Parce que c’était un homme après tout. Et c’était de notoriété publique que les femmes pouvaient plus facilement contrôler leurs instincts que les hommes. Passé un certain stade, ils ne réfléchissent qu’avec ce qu’il y a en dessous de la ceinture.

-C’est là que tu te trompes Saul. Je ne suis pas Sytry. Je ne veux pas te voir au bout d’une pique.

Encore une fois, il se trompait. Tout ce que je voulais, c’était qu’il abandonne ses idées stupides et qu’il demande pardon à Sytry pour qu’il puisse revenir auprès de nous. Qu’on reforme l’équipe infernale que nous formions. Mais ça, je ne peux pas lui dire. Il pourrait penser que je tenais à lui. Ce qui n’était pas faux en quelque sorte mais je ne tenais pas à ce qu’il le sache. Il avait beau dire ce qu’il voulait, j’étais loyale envers ceux qui avaient la chance d’être considérés comme mes amis. Il était peut-être un traitre, pour moi il restait mon compagnon d’arme en quelque sorte.

-Il n’y a pas d’entourloupes. Tu sais que je respecte toujours mes engagements. Personne ne saura que je t’ai rencontré ici.


   

Je décidais de ne pas répondre à ses paroles concernant mon égarement de tout à l'heure. Cela ne servait à rien de démentir ou de remuer le couteau dans la plaie. Je préférai plutôt découvrir ses motivations, mais Lexa ne fut pas très explicite à ce sujet. Pourquoi ne souhaitait-elle pas provoquer ma mort ? Après tout, étant un soldat extrêmement fidèle, sa réaction serait tout à fait normal. Or, elle précisait qu'elle n'était pas comme Sytry et qu'elle voulait pas voir ma tête au bout d'une pique. Pendant quelques instants, j'eus la désagréable vision de ma tête sur cette fameuse pique. Je n'aimais pas forcement cette idée en fait. Elle était bien là où elle était, c'est à dire, au dessus de mes épaules. Je ne pu m'empêcher de me rapprocher d'elle, mais pas pour l'attaquer cette fois. Je ne comprenais tout simplement pas pourquoi elle souhaitait me protéger. Était-ce en souvenir du bon vieux temps ? Ou bien parce qu'elle me réservait une désagréable surprise ?

– Pourquoi ? demandais-je d'une voix calme en plongeant mon regard dans le sien. Elle savait aussi bien que moi que j'étais perdu, que je finirai par être retrouvé... alors pourquoi ne pas s'en tenir le mérite ? Après tout, Lexa n'était pas une femme stupide. Elle savait toujours saisir les meilleures opportunités, alors pourquoi pas celle-ci ?

– Oui je le sais... mais je ne peux pas m'empêcher de me poser des questions ! Quelle est la raison de cette clémence ? Ou bien est-ce que tu me réserves quelque chose de spécial ? demandais-je en esquissant un sourire fade. Je n'avais pas envie de me retrouver face à Sytry... or je souhaitais comprendre car sa réaction me dépassait littéralement.

– Serais-tu pas aussi diabolique que tu le prétends ? dis-je plus pour la taquiner et non pour l'insulter. Malgré tout, je ne pouvais pas m'empêcher de penser aux moments passés ensemble. Sauf que, Riley était peut-être en danger... et de ça, j'allais devoir me méfier, enquêter, quitte à tomber de nouveau sur la belle brune.

– Que savent-ils de moi ? Suis-je toujours recherché ? Ou est-ce que je ne fais plus parti des priorités ? Question stupide, Sytry continuerait à me chercher même s'il était sans doute fort occupé en ce moment.