L'épidémie avait finalement cessé avec un grand nombre de victimes. Malgré les avertissements de Sytry, j'avais trouvé le moyen d'être contaminée, et de risquer la mort moi aussi. Mais contre toute attente, et après des heures de calvaire sous les yeux de Methiziah, j'avais finalement survécu. Ma survie à ce fléau m'avait appris une chose importante : ma lignée était plus ancienne et plus puissante que je ne pouvais l'imaginer. Elle restait cependant toujours aussi mystérieuse, et ma seule certitude demeurait mes origines grecques. Le brouillard s'était plus épaissi qu'il ne s'était éclairci au final, et si l'information tournait dans mon esprit, elle ne trouvait rien lui permettant de trouver une quelconque réponse. Ce n'était cependant pas la réflexion qui m'amenait dans la forêt de Los Angeles, mais bel et bien l'épidémie... ou ce qui en avait résulté : des placards vides.

Methiziah avait suivi mes instructions, et préparé un certain nombre de concoctions me permettant de supporter plus facilement les différents symptômes de la maladie. Il me fallait donc refaire mon stock pour certaines plantes, et il n'était pas question de les payer à la boutique si je pouvais aller les récolter moi-même. J'avais donc quitté mon appartement de très bonne heure, profitant d'une journée où je ne travaillais que l'après-midi.

M'enfonçant lentement dans la forêt, je récupérais quelques plantes ci et là. J'étais finalement prise d'une impression étrange d'être observée, et même suivie. Je continuais ma cueillette, accroupie devant une plante en particulier tandis que mon regard scrutait l'horizon devant moi. J'étais persuadée qu'au moins une personne était là quelque part aux alentours, et si j'espérais ne pas avoir à me battre, je m'y préparais cependant.

Oh tristesse absolue. L'épidémie était terminée. La populasse frémissante et paniquée face à un virus imbattable n'était un doux souvenir. Même si je n'avais pas pu faire mes petites expéditions au sujet de mes activités illégales, je savourais quand même la qualité du chef d'œuvre de Caleb. Mais c'était une chose close. Close par la main des Anges à ce qu'il se disait. C'était la seule solution pour éradiquer ce mal et avait fragilisé la foi des humains envers ce Dieu si aimant. J'avais quand même scruté les avis de décès pour être sur que Alice n'y laisse pas les plumes. J'avais décidé de lui laisser du temps mais je devais m'occuper de son ex, ou plus précisément de l'amie de son ex-petit-ami. Cassandre, Cassandre, Cassandre... Je me souvenais de l'avoir croisé à la fête foraine avec ce plumé et elle n'avait pas pensé utile de me révéler que c'était un Ange déchu. Et j'étais particulièrement en rogne. Parce que tout aussi bien, elle lui avait révélé des choses à mon sujet. Elle se pensait peut-être intouchable parce qu'elle était sous la coupe de Sytry désormais mais j'allais lui montrer que ce n'était pas le cas. Aussi, j'avais décidé d'appliquer ma vengeance un jour ou elle ne travaillait pas. Dissimulant mon aura, je l'avais suivi dans la forêt alors qu'elle s'appliquer à prélever des herbes. Je restais hors de sa vue mais son regard aux alentours me disait qu'elle se doutait de la présence d'une tierce personne. Je souriais, parfaitement satisfait de ma prestation. Je voulais qu'elle angoisse et qu'elle se sente surveillée.

Je restais là, immobile pendant un moment, et puis finalement, je m'approchais derrière elle. Je faisais craquer intentionnellement une branche de bois. Ca pourrait être un scénario de film d'horreur mais ça ne me dérangeait pas. Je m'arrêtais, mimant une expression de surprise.

-Oups, je suis démasqué, plaisantais-je en m'approchant encore un peu plus de la sorcière.

Cassandre m'inspirait toujours de l'attraction. C'était une belle femme, forte qui ne se laissait pas faire. Elle faisait partie des femmes que je rêvais de posséder, juste pour le plaisir de me dire que j'avais réussi à l'avoir. Pourtant, aujourd'hui, j'éprouvais une vague de colère. Elle m'avait trahi, elle nous avait trahis en accordant sa confiance à un gars qui était un ennemi. Rare étaient les déchus qui rejoignaient nos rangs et il n'en faisait pas parti. Clairement pas.

- Il parait que tu as été souffrante ces derniers temps ? C'est pour ça que tu fais le pleins d'herbes ? Demandais-je sur un ton de conversation.

J'attendais un peu. Je préférais jouer avec elle avant de lui révéler ma véritable présence ici. Jouer avec moi, c'était dangereux et elle allait le découvrir. Depuis le temps, je pensais qu'elle avait compris. C'était presque décevant de sa part.

L'impression d'être suivie et observée ne me quittait plus, mais l'horizon devant mois restait vide de tout être humain. Je me redressais après avoir ramassé quelques plantes, je faisais plusieurs pas, et m'arrêtais de nouveau. S'il n'était pas devant, c'est qu'il était derrière. Je reprenais une inspiration forcée, scrutant toujours les alentours. Une branche craquée finalement derrière moi et je me retournais aussitôt pour découvrir Adonis, dont le ton amusé me laissait entendre que la mise en scène était tout ce qu'il y a de plus volontaire. Malgré la plaisanterie du démon, et le fait que je n'avais plus à me préparer à un quelconque combat, mon visage restait de marbre, figé sans sourire, tandis qu'il s'approchait de moi.

Il lançait innocemment la conversation sur ma récente maladie, mais il ne me trompait pas. Bien que notre relation demeurait somme toute très limitée, je le connaissais assez pour savoir que mon état de santé était loin d'être une préoccupation. Et si elle l'avait réellement été, il ne m'aurait certainement pas suivi dans un lieu si isolé pour m'en parler. Si j'étais là, seule avec lui, précisément maintenant, c'est qu'il avait voulu que je sois là, seule avec lui, précisément maintenant.

« Je n'ai pas le souvenir que ma souffrance ou mon état de santé t'aient un jour intéressé. » Lui répondis-je, sur un ton plutôt froid, qui laissait aussi entendre que je savais parfaitement qu'il n'était pas là pour s'enquérir de mon bien être. « Qu'est-ce que tu as à me dire qui nécessite que tu joues au chasseur qui veut piéger sa proie ? » Demandais-je sans détour.

Je faisais abstraction du fait que malgré tout ce qu'il s'était passé entre nous - son inaction lorsque Mordred me torturait, le fait qu'il m'ait vendue à Sytry après la mort de mon démon pactiseur - il restait quelque chose d’inexplicablement attirant chez lui... pourquoi donc ? Intérieurement je soupirais, parce que l'ambivalence de mes ressentis à son égard me rappelait une autre ambivalence dont je ne me débarrassais pas malgré mes envies.

La sorcière affichait un regard froid sans expression mais je doutais qu'elle soit aussi sereine qu'elle ne le laissait paraitre. Je m'avançais un peu, un air faussement jovial en lui demandant si elle avait été malade. Pourtant elle ne laissait pas berner par mon intérêt pour sa personne. Je riais doucement, me délectant de la situation.

-Oh, tu me blesses, Cassandre. Tant de froideur... Tu me brises le cœur, répliquais-je en portant la main sur ma poitrine en mimant une expression attristée. Tu sais, les gens changent, il faut bien un début à tout non ? Ajoutais-je en souriant.

Je jouais et mon sourire était trompeur. Même si la sorcière était toujours aussi séduisante avec son air frigide, actuellement, je pensais surtout à la faire souffrir. Si elle pensait pouvoir jouer sur tous les tableau sans en assumer les conséquences, elle pouvait se fourrer un doigt dans l'oeil. Mon sourire s'élargit encore un peu.

-Toujours aussi directe. Ca m'avait manqué nos petits échanges verbaux.

Elle me gâchait un peu mon plaisir à demander aussi vite pourquoi je l'avais suivi jusqu'ici. Je faisais le tour de sa personne, tel un prédateur qui tournait autour de sa proie. J'aimais bien sa métaphore, j'étais bel et bien un chasseur en train de chasser.

-Enfin directe, ça dépend sur quel sujet, n'est-ce-pas Cassandre ?

Je me rappelais parfaitement avoir croisé son regard à la fête foraine. Et cette garce n'avait pas jugé bon de nous prévenir que la nephelim que nous essayons de rameuter vers nous avait pour ex-petit ami un déchu. A cause d'elle, je n'avais pas été méfiant dans la rue. J'étais injuste parce que je ne pouvais que m'en vouloir à moi-même d'avoir été si peu méfiant mais si seulement j'avais connu toutes les pièces du puzzle, j'aurais pu gérer la situation différemment.

-Humm, je pensais faire durer le plaisir mais tu rentres directement dans le vif du sujet. Je presque déçu, je pensais qu'on pourrait s'amuser un peu plus, apprécier ensemble la nature, le silence autour de nous et plus important encore : personne pour venir nous déranger.

Je lui faisais un clin d'œil comme si mon commentaire pouvait avoir un sens graveleux et qu'on pourrait s'amuser dans un corps à corps sans que personne débarque. Sauf que ce n'était pas le cas. Pas encore du moins. La roue pouvait tourner en fonction des réponses qu'elle me donnait.

Son petit jeu d'acteur volontairement surjoué ne faisait que me conforter dans l'idée qu'il avait préparé cette rencontre, dans un but des plus précis. Je l'avais déjà compris : si j'étais là, seule avec lui, précisément maintenant, c'est qu'il avait voulu que je sois là, seule avec lui, précisément maintenant. Mais j'ignorais pourquoi, et j'activais mes méninges pour répondre à cette ignorance. Qu'avait-il à me reprocher exactement ? Parce que j'étais certaine que la mise en scène n'avait pas un but plaisant pour moi... un pressentiment que je vérifierai très rapidement, j'en étais certaine.

Le temps de la réflexion, j'acceptais finalement de répondre un peu à son petit jeu. Non pas que l'envie était prépondérante, mais cela avait le mérite de me laisser un peu plus de temps pour réfléchir à ce que j'avais pu faire... ou ne pas faire justement.

« Je ne te savais pas nostalgique. Si ça te manque tant que ça, on peut toujours s'envoyer de charmants mots d'amour, je dois en avoir quelques uns en stock. »

Je rentrais dans ce jeu, mais je le regrettais déjà. Chercher à gagner du temps était une piètre excuse pour accepter de jouer aussi dangereusement. Pourquoi ne pouvais-je pas simplement rester froide et stoïque ? Il suffisait pourtant qu'il reprenne la parole pour que je me ferme totalement, et refuse catégoriquement de jouer à nouveau. Le ton et la question qui y était associée avait tout pour m'inquiéter.

Je prenais une inspiration plus forcée, désormais certaine qu'il avait bien un reproche à me faire, et que je n'allais pas vraiment passer un bon moment. C'est alors que ma conversation - ou plutôt mon engueulade - avec Castiel me revenait. Castiel avait appris la véritable nature d'Adonis, nous n'en avions pas parlé plus longuement car nous avions dévié rapidement sur un sujet qui nous avait déchiré. Aussi Castiel ne m'avait pas clairement dit qu'Adonis était aussi au courant de sa nature, c'était cependant une possibilité, qu'ils aient l'un et l'autre appris qui ils étaient réellement.

Alors que cette idée me percutait de plein fouet, Adonis reprenait sur un ton plus léger. Mais si j'avais pu jouer un peu le jeu précédemment, ce ne serait plus le cas jusqu'à la fin de cette conversation.

« Je suis convalescente. » Dis-je de nouveau froide et stoïque, pour clore définitivement le sujet.

J'inspirais profondément et je reprenais sur un ton le plus neutre possible, alors que mon regard le suivait attentivement tandis qu'il tournait autour de moi.

« Et si tu arrêtais de jouer pour enfin me dire ce que tu as à me reprocher ? » Demandais-je, bien consciente qu'il allait me parler de Castiel. Mais autant ne pas se vendre moi-même, s'il existait une petite chance que ça ne soit pas ça, autant continuer à cacher la vérité.

Le bonhomme souriant et aimable que je laissais apparaitre en public, notamment à la boutique avait disparu. A la place, il y avait le vrai moi : le général des Enfers de Lucifer qui cherchait à se venger de la sorcière qui lui avait menti par omission. Sorcière dont l'âme appartenait aux Enfers. Elle aimait jouer avec le feu et c'était précisément ma spécialité. Sauf qu'à force de jouer, elle allait se cramer et aujourd'hui, elle va apprendre la leçon.

Malgré tout, elle arrivait à me tirer un petit rire quand elle me disait qu'elle avait quelques mots doux en stock. Je me doutais qu'elle devait en avoir pour son plumé cramé d'ami.

-Quand tu veux, ma petite sorcière. Quand tu veux, répliquais-je en tournant autour d'elle, une expression taquine qui cachait la colère sous la surface.

J'étais déçu qu'elle veuille en venir de suite au fait mais ça ne m'étonnait pas trop. Elle n'était pas totalement stupide non plus, sinon elle n'aurait pas survécu aussi longtemps parmi nous. Un sourire s'étira sur mes lèvres quand elle me demanda de lui dire ce que je lui reprochais. C'était pour ça que je l'appréciais malgré tout.

-Pourquoi aurais-je quelque chose à te reprocher, Cassandre ? As-tu quelque chose à me raconter peut-être ? Demandais-je d'un ton doucereux dangereux.

Je continuais à jouer la comédie quelques instants. C'était savoureux de la voir ainsi à ma merci, sans personne pour la défendre et surtout pas Sytry. Sytry n'allait pas la défendre contre moi alors qu'elle nous avait caché être en contact régulier avec un ange déchu qui n'était pas allié avec les Enfers.

-Tu n'es pas stupide, tu dois bien te douter ce que je te reproches, non ?

J'étais joueur et pervers mais je ne m'amuserais pas à jouer ainsi avec Cassandre si je n'avais pas de véritable raison. Elle était puissante et utile, mon intérêt était de la garder entière. Idée qui n'avait pas vraiment traversé Mordred. Est-ce que je valide son comportement envers elle ? Non mais concrètement j'en avais rien à faire et ce n'était pas mes oignons. Ce n'est pas ma sorcière et je n'avais aucun intérêt à me mettre Mordred à dos pour une humaine, sorcière ou non.

-Et si tu me disais comment vas ton ami ? Tu sais, le gars avec qui tu étais quand on s'était croisé à la fête forraine... L'ex d'Alice ? Connor, c'est ça ?

Un sourire carnassier se dessina sur mes lèvres alors que le piège se refermait sur ma proie. Je sentais le plaisir monter alors que Cassandre n'allait pas pouvoir tenir bien longtemps son apparence stoïque et froide. Je la fixais du regard sans ciller.

-C'est fou comme le monde est petit, n'est-pas ?

Je détaillais son visage du regard pour étudier le moindre changement chez la sorcière. J'étais d'un calme olympien, sans aucune émotion, impitoyable. Elle avait joué avec le feu, elle allait savoir ce que ça faisait de me prendre pour un con.

Je laissais notre dangereux jeu de séduction au placard pour recentrer uniquement notre attention à la raison première de cette conversation. Peut-être que si mon entrevue avec Castiel n'avait pas tourné à la catastrophe, j'aurai eu plus d'informations pour me préparer à cette rencontre avec Adonis. Mais Castiel et moi avions été loin dans notre engueulade, et au final je n'en avais retenu qu'une seule chose, probablement biaisée par la colère que je ressentais encore : Castiel s'était montré indigne de notre amitié. Et je n'avais pas su si Adonis savait également qui était Castiel, j'avais seulement su que la réciproque était vraie.

Mais même si je n'avais plus le moindre doute concernant la raison de sa présence ici, je ne donnais aucune arme à Adonis. Qu'il me dise franchement ce qu'il me reprochait, et j'aviserai. Très certainement parce que la situation l'amusait - m'avoir mise en défaut devait tellement lui plaire et le faire jubiler - il continuait à faire des phrases énigmatiques que je comprenais pourtant très bien. Je me pinçais les lèvres tandis qu'il abordait réellement le sujet, terminant par une question rhétorique sur la petitesse de ce monde.

« Beaucoup trop petit, malheureusement. » Avouais-je, sans cacher mon embarras de la situation.

J'avais des explications à lui fournir, et j'allais devoir non seulement être prudente quant au choix de mes mots, mais aussi très convaincante. S'il doutait un seul instant que ce je puisse l'endormir avec des mensonge,s j'étais très mal.

« Je ne t'ai jamais trahi. » Dis-je, dans un premier temps sur un ton suffisamment sûr pour qu'il n'en doute pas. « Je n'ai jamais donné ton nom, ni fait la moindre allusion à ta nature. Il n'a jamais rien su de toi par mon intermédiaire. Vous étiez à armes égales. » Avançais-je, sachant pertinemment que cette seule explication ne lui suffirait pas. Mais autant ne pas trop en dire dans l'immédiat, et attendre sa réaction face à ça.

J’étais partagé entre la colère et le plaisir. La colère parce qu’elle m’avait laissé dans l’ignorance. Le plaisir parce que je me délectais de cette situation. S’il y avait une chose que j’appréciais, c’était de jouer avec la sorcière. Même si je préférais jouer avec elle dans d’autres circonstances, je n’allais pas me laisser abattre sans profiter du moment quand il venait. D’autant plus qu’en l’état actuel des choses, c’était plus comme une chasse et l’adrénaline de la chasse était enivrante à souhait.

Mes yeux ne quittaient pas son visage alors qu’elle acquiesçait sur ma remarque, la gêne se lisant sur son visage. Elle n’était pas totalement stupide, elle avait eu le temps d’apprendre quand Mordred lui en faisait baver. Je laissais échapper un petit ricanement.

-Et doooonnnc ? Le sourire sadique n’avait pas quitté mes lèvres. Elle était ma proie et j’allais continuer à jouer avec elle. Je voulais que ça soit elle qui me dise ce qu’elle m’avait tue. Je voulais voir si la peur des représailles allait lui faire perdre ses moyens. Après tout, elle n’était pas stupide, elle savait qu’elle était dans de beaux draps.

-Ah. D’accord. Mais encore ?

Sa première déclaration m’avait fait monter la température. Cette seule déclaration était un mensonge. Ne rien me dire avait été une trahison à elle seule. Encore quelqu’un qui jouait avec le mensonge par omission. Sauf qu’on ne joue pas tout court au mensonge avec un démon, surtout quand celui-ci est un Général des Enfers. Elle continuait son explication, tout aussi inutilisable. Pitoyable comme explication. Je ne pouvais pas m’empêcher de pouffer de rire.

-A armes égales… Je ricanais encore un peu. Oh ma chère Cassandre…. Je m’approchais un peu plus d’elle et effleurais du bout du doigt sa joue avant d’agripper son visage pour la garder à mon hauteur.

-A armes égales, hein ? Vraiment ? C’est ça ton explication ? crachais-je laissant de côté le sourire sadique.

Je serrais un peu plus son visage si fragile dans ma main. Juste assez pour qu’elle ait un peu mal mais sans la briser. Je ne voulais pas abimer son jolie visage et puis les punitions physiques elle y était habituée, ça n’allait pas lui faire peur.

-Ton âme appartient aux Enfers. Ton allégeance va aux Enfers. En omettant la présence d’un putain de Déchu dans mon entourage est une trahison à elle seule.

Je rapprochais mon visage du sien. Nous étions presque front contre front. Je bouillais de rage et je faisais un gros effort sur moi-même pour ne pas la frapper jusqu’à ce que son visage soit méconnaissable. Le problème était que je risquais de trop l’abimer et une sorcière en forme était bien plus utile, malgré tout. Je me penchais sur le côté, mon souffle sur son oreille.

-Ecoute-moi attentivement. Il va falloir que tu me donnes plus d’explication. Et n’essaie pas de m’endormir. Je suis peut-être plus sensible à tes charmes que Mordred mais si à un seul moment, je sens que tu me mens, que tu omets des informations … Alors je peux t’assurer que tu regretteras l’époque où il te filait des roustes, lui susurrais-je au creux de l’oreille. J’effleurais des lèvres sa joue avant de me redresser. Je lâchais enfin son visage et reculais vers un rocher pour m’assoir.

-Je t’écoute, je suis toute ouïe pour toi, sorcière, mon sourire sadique revenu au coin de mes lèvres.