J’écoutai sa réponse et lui rendis son sourire gentiment. Elle était tellement ouverte, compréhensive et coopérative avec moi. Je n’aurais pas pu mieux tomber. Je la considérais vraiment comme une personne de confiance sur laquelle je pouvais compter. Une amie ? Peut-être pas encore. Mais qui sait. Si notre relation continuait sur cette lancée, cette hypothèse restait bien envisageable. Des amis, d’ailleurs, je n’en avais jamais vraiment eu beaucoup... La plupart étaient sortis de ma vie sans un mot, je ne les avais jamais revus, je n’en avais plus jamais entendu parler. Et la solitude me réconfortant dans un certain sens, je n’avais pas spécialement cherché à renouer les liens. Mais maintenant que j’étais là, « seule » dans cette nouvelle ville, j’avais besoin de m’entourer. Et de bien m’entourer.
Vint ensuite sa question sur ce dont je parlais exactement, puis sur ce que je savais. Je la laissai « terminer » sa dernière réplique et je laissai ensuite un léger silence s’installer avant de répondre doucement.

- Pour ce qui est des tensions que j’ai évoquées, je veux parler effectivement du déchu qui a essayé de m’attaquer l’autre jour. Et sinon...

Je me tus un instant, cherchant mes mots, tentant de jeter mon dévolu sur ceux qui me semblaient les plus simples et les plus clairs pour expliciter mes pensées, mes ressentis par rapport à la situation, tentant aussi d’instaurer un fil rouge afin qu’elle me comprenne de manière optimale :

- Pour tout te dire, j’ai l’impression que je sens que quelque chose se prépare. En fait, j’ai jamais ressenti quoique ce soit de menaçant dans ma « vie d’avant », celle que j’ai vécue avant d’arriver ici, dans cette ville. D’ailleurs, je suis venue ici parce que j’ai senti que ma place se trouvait là et nulle part ailleurs. Bien entendu, j’ai choisi cette ville pour le travail, parce que je savais qu’ici, mes affaires ne pouvaient que prospérer. Mais il y a quelque chose de plus qui m’a poussée jusqu’ici que je n’arrivais et n’arrive toujours pas à expliquer. Et maintenant que je suis ici, j’ai vraiment un présentiment étrange.

Je marquai une nouvelle pause avant de reprendre :

- Bref, je sais pas encore tout ce qu’il se passe, j’ai pas encore connaissance de tous les éléments surnaturels existant, mais j’ai l’impression qu’il faut se préparer à quelque chose. Et c’est aussi pour cette raison que je veux être prête à y faire face, même si ma contribution restera minime.

Je laissai un léger soupir s’échapper d’entre mes lèvres et je glissai mon regard sur la fenêtre qui laissait passer les rayons orangés et rosés du soleil couchant. Des anges, des déchus, très certainement des démons. Des nephelims qu’Ezechiel avait ajoutés à la liste des créatures surnaturelles dont j’avais désormais connaissance. Réfléchissant un instant, je me demandai si une guerre entre les forces du Bien et du Mal était en train de se préparer, si les civils y seraient liés, indirectement ou directement ? Ou était-ce quelque chose de plus complexe que ce à quoi je venais de penser ? Il était vrai que je n’avais pas questionné davantage Ezechiel à ce sujet. J’avais été certainement trop sonnée par toutes ces informations que ces « détails » avaient dû me sortir de la tête.
Il me fallut quelques secondes pour reporter mon attention sur Clarke et reprendre la parole.

- Après… Tu m’as bien mise en garde en m’intimant d’éviter le combat. Mais... Je refuse de rester ignorante quant à ce qui se trame. Tu avais l’air de vouloir évoquer quelque chose l’instant, alors je t’en prie. Si tu sais quoi que ce soit sur cette situation, fais-le moi savoir. J’ai besoin d’être mise au courant.

Bien entendu, si elle ne voulait pas m’en dire plus, je ne lui en voudrais pas et je respecterais son choix. Mais j’estimais que plus j’en saurais, plus je saurais me protéger aussi, au lieu de rester complètement ignorante et de ne pas être en mesure d’anticiper quoi que ce soit.
Dans tous les cas, j’attendais une réponse de sa part, mon regard toujours doucement posé sur elle.